Tel que nous avons démontré dans notre dernière chronique, d’encourager le développement d’un écosystème varié dans votre sol apportera beaucoup plus de positif à vos plantes que ce que l’on peut leur apporter nous-mêmes. Une plante se développant dans un sol en santé sera plus vigoureuse, plus résiliente et moins dépendante de nos apports au jardin.
C’est bien beau tout ça, mais concrètement, comment on encourage ça, un sol en santé? Avec de petits mots doux? Une tape sur le dos? Vous êtes libre de parler à votre jardin comme vous le voulez, mais voici 4 trucs plus directs pour y parvenir.
Espace réservé aux plantes, pas aux pieds
Un sol en santé est plein de crevasses d’air et d’eau. Il est malléable et permet au vers de terre et autres insectes d’y creuser. En piétinant le sol, on vient détruire ces petites chambres et crevasses en plus de compacter le sol, ce qui limite le mouvement des insectes, l’infiltration de l’eau et le développement des racines. Il est donc très important de marcher le moins possible sur le sol de votre terrain. Limitez vos déplacements à de petits chemins que vous empruntez toujours et adaptez la grosseur du jardin afin que vous ayez accès aux plantes sans devoir y marcher. Cette règle est doublement importante lorsque le sol est mouillé! Un sol mouillé est plus susceptible à la compaction.
Ne dérangez pas votre sol
Il est normal d’avoir à faire certains petits travaux de sol en début de saison. Que ce soit pour incorporer des résidus de cultures, égaliser le sol, etc. Par compte, on devrait laisser le travail au minimum. Un motoculteur est bien pratique pour établir un sol compacté en sol viable, mais il n’est vraiment pas nécessaire de le passer chaque année. Le motoculteur pulvérise le sol, alors qu’un sol en santé devrait former des agrégats. Limitez-vous aux outils qui ne travaillent que les quelques premiers centimètres du sol, comme la binette. Remuer légèrement la terre par temps sec avec une binette peut faire des miracles. Le mouvement du sol déracinera les mauvaises herbes visibles et le fera mourir au soleil, alors que ceux qui ne sont même pas encore visibles seront privés des ressources limitées qu’elles avaient pour germer. Ce n’est pas tout! En temps sec, d’ouvrir les pores du sol en cassant la couche de battance imperméable qui se forme au sol permet à l’eau profonde d’être remontée près de la surface par capillarité.
Nourrissez le sol
Cette flore microscopique dans le sol qui transforme la matière organique en minéraux utilisables pour la plante ne le fait pas gratuitement. Cette transformation lui coute de l’azote. Pour cette raison, il est important d’avoir des apports organiques aux jardins, avant même que vos plantes y soient. Ces apports peuvent être faits à l’automne précédent, sous forme de résidus de cultures de l’année précédente, feuilles d’arbre, compost, mûr, etc. Gardez juste en tête que plus la matière apportée est ligneuse et dure, plus les micro-organismes auront besoin d’azote et de temps pour la transformer. Pour cette raison, il est mieux d’éviter d’ajouter trop de bois ou de feuilles de chêne. Trop de bois peut créer une soif d’azote dans le sol, ralentissant la vie microbienne en plus de priver vos plantes. Le chêne a aussi l’effet négatif de relâcher des tanins dans le sol, une substance qui est nocive à la vie microbienne. Plus la matière est petite, plus elle aura de surface de contact et plus les organismes pourront la décomposer rapidement. Il est donc pertinent de déchiqueter les feuilles avec la tondeuse avant de les mettre au jardin.
Devenez ami avec des champignons
Il y a deux types majeurs de champignons directement bénéfiques à la santé de vos plantes : Les Mycorhizes et les Ectomycorhizes. Ces des gros mots, mais on n’a pas besoin de s’en rappeler, ils ne seront pas à l’examen. En gros, l’un d’eux colonise les racines de certaines plantes et l’autre de certains arbres. En règle générale, ces champignons sont presque toujours présents dans le sol près des plantes et vont effectuer leur travail sans nous le demander. Cependant, le sol en ville est parfois du sol qui a été déménagé d’ailleurs. Qui sait si ce sol avait de ses champignons. Même s’il en avait, sont-ils encore vivants? Ils peuvent vivre longtemps sous forme de spores dans le sol, mais auront éventuellement besoin d’une plante hôte pour survivre. Pour être sure, vous pouvez les inoculer directement au Jardin. La méthode la plus commune est d’utiliser un terreau “mycorhizé” pour vos semis. Les mycorhizes dans ces sacs de terreau résistent bien aux gels, mais pas à la chaleur trop élevée, donc assurez-vous que le sac était bien entreposé. Vous pouvez aussi vous procurer des mycorhizes en pot pour vos plantes maraichères ou vos arbustes dans certains centres de jardins. Pour ce qui est des arbres et arbustes, un petit truc facile et de se procurer du sol en forets et de l’incorporer au sol prêt de vos arbres. Le sol en forêt a très peu de chance de ne pas contenir de mycorhize, donc c’est une bonne façon d’en inoculer.
(Notez que pas toutes les plantes sont mycorhizable.)
Les Jardins Pollinies
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