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Apprendre à fabriquer des objets en laine avec le Grenier de Sophie

Transmettre le savoir-faire artisanal d’antan pour permettre aux gens de créer eux-mêmes des œuvres en laine bien actuelles. Voilà l’un des objectifs de Sophie Martin, résidente du Canton de Melbourne. Avec son entreprise, « Le Grenier de Sophie », elle garde le patrimoine bien vivant auprès des jeunes et des adultes.

Visiter le Grenier, situé sur un paisible chemin de campagne dans le Canton de Melbourne, c’est se retrouver dans un lieu presque fixé dans un autre temps. En ouvrant la vieille porte de bois du bâtiment, on est d’abord entouré par les 1001 objets antiques de la brocante, située au rez-de-chaussée. Tout autant d’objets qui rappellent la vie d’autrefois. Un escalier mène ensuite au chaleureux espace créé de toutes pièces par Sophie Martin. On y trouve de quoi titiller les esprits créatifs : balles de laines, tissus colorés, machine à coudre, métier à tisser, outils pour carder la laine, etc.

Visiter le Grenier de Sophie, situé sur un tranquille chemin de campagne, c’est se retrouver dans un lieu presque fixé dans un autre temps. On y trouve de quoi titiller les esprits créatifs : balles de laines, tissus colorés, machine à coudre, métier à tisser, outils pour carder la laine, etc. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

De la matière troquée, récupérée et réutilisée

« Tout qui se trouve ici provient principalement de troc ou de récupération. La laine a été achetée localement chez des artisans ou obtenue seconde main auprès de personnes qui ne l’ont pas utilisée. C’est très important pour moi de ne pas favoriser les grandes bannières commerciales », annonce d’emblée Sophie Martin.

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Des ateliers à Melbourne et ailleurs

Cette artisane passionnée anime des ateliers de fabrication d’objets en laine ou des cours de rouet dans son grenier. Mais le plus souvent, c’est elle qui se déplace dans les lieux les plus divers. En avril prochain, elle animera un atelier dans une bibliothèque du quartier Rosemont-Petite-Patrie à Montréal. On l’invite aussi à domicile. « Des femmes, et des fois aussi des hommes, veulent recevoir leurs amies pour un après-midi créatif. J’arrive chez eux avec tout mon matériel.» Elle se retrouve dans certaines fêtes d’enfants. « Les parents sont parfois à court d’idées sur la thématique d’un anniversaire. Surtout pour de jeunes adolescents », remarque-t-elle. D’autres fois, ce sont des grands-parents qui souhaitent vivre une activité intime avec leurs petits-enfants.

Fabriquer soi-même des objets en laine

Les résultats sont étonnants : foulards recyclés avec un ajout de laine d’alpaga, carte de vœux en feutrine, savon à main recouvert de feutre, édredons, sacs à main, chapeaux, bonnets, écharpes, tableaux décoratifs, etc. Tout ça avec de la laine. « On peut aller vraiment loin avec cette matière. Il y a d’ailleurs toutes sortes de lainage disponible : mouton, alpaga, chèvre, lapin, etc. J’offre même parfois des ateliers à des personnes qui souhaitent faire une création à partir du sous-poil de leur chien. Une fois lavé, ça ne sent rien », explique-t-elle.

Savons artisanaux recouverts de feutrine. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Fabriquer soi-même un cadeau pour sa maman

Au-delà de l’objet réalisé, Sophie Martin souhaite d’abord et avant tout que les gens puissent tisser des liens avec leur propre créativité. « Ma philosophie, c’est de rendre des humains plus autonomes. Qu’ils soient capables de fabriquer eux-mêmes des objets utilitaires et des cadeaux », indique-t-elle.

Elle en donne pour exemple un atelier qu’elle a offert l’an dernier à des enfants qui voulaient concevoir leur cadeau de Fête des mères. «Ils sont venus ici à trois reprises. C’était vraiment très beau d’être témoin de leur cheminement. S’interroger sur les goûts et préférences de leur maman. Pour ensuite créer, en coopération, des cartes en feutrine et des foulards. Les enfants ont aimé leur expérience et les mamans ont été pas mal contentes. Ç’a été un cadeau pour moi aussi», confie-t-elle avec des étincelles de bonheur dans les yeux.

Avec de la laine qu’ils ont eux-mêmes cardée, des enfants fabriqueront ensuite un cadeau pour leur mère. (photo : Le Grenier de Sophie)

« Les gens se déposent tels qu’ils sont, avec ce qu’ils vivent »

Sophie Martin raconte aussi l’histoire de cette femme qui souhaitait créer un objet en lainage pour accompagner la dépouille de sa mère dans son cercueil. « Elle a commencé à créer sa pièce alors que sa mère était très malade. Le Grenier sert aussi à ça, parfois. Les gens se déposent dans ce lieu, tels qu’ils sont, avec ce qu’ils vivent. »

« Ce n’est pas très invasif pour la planète »

Une démarche qui est aussi en lien direct avec ses valeurs environnementales. « La laine de mouton est énormément jetée par les éleveurs parce que ça ne vaut presque rien de la tonne. Je la récupère. En fait, tout ce que j’utilise est recyclé et recyclable. Et une fois que l’objet est en fin de vie, on le met sur le tas de compost. Ce n’est pas très invasif pour la planète et c’est super écolo. »

Sophie Martin fabrique avec ses participantes et participants toutes sortes d’objets et de pièces de vêtements à partir de la laine récupérée. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Une passion qui vient de loin

D’où vient cet élan de fabriquer des objets de façon autonome? « Quand j’avais 7 ou 8 ans, mes parents ont eu un peu moins de moyens. Mon papa, qui était bricoleur, a conçu un berceau jouet en bois. Ma mère avait participé en cousant de petits draps. Tout avait été fabriqué par eux. C’est mon plus beau cadeau de Noël à vie. Depuis, c’est resté dans ma vie. »

Elle raconte que le nom de son entreprise provient de ses heureux souvenirs d’enfance, en France. « J’ai grandi à la campagne avec des greniers de toutes sortes. Ce sont des lieux auxquels je suis très attachée. »

Tant et si bien que cette ébéniste de formation et antiquaire à ses heures a tranquillement délaissé ses occupations, au cours des dernières années, pour développer Le Grenier de Sophie.

Résiliente, malgré les épreuves

Ce qui est remarquable, c’est la résilience dont fait preuve cette femme qui vient de vivre un drame. Pendant les Fêtes, la grange centenaire au cœur de la ferme a complètement brûlée. Une perte totale. À quelque chose malheur est bon, dit le proverbe. C’est le cas pour Sophie Martin. Celle-ci souhaite désormais consacrer encore davantage d’énergie au développement de son entreprise. D’autant plus que, grâce aux pompiers, le feu a complètement épargné sa maison ainsi que le bâtiment où se trouve le Grenier.

En décembre dernier, un feu a entièrement détruit la grange de Sophie Martin et de son conjoint. Une épreuve qui l’incite à consacrer davantage d’énergie au développement de son entreprise, Le Grenier de Sophie. (photo : gracieuseté)

Fabriquer son matelas en laine

Dans le futur, Sophie Martin aimerait offrir des ateliers de fabrication de matelas en laine pour adultes, enfants et bébés. « Enfant, je dormais sur un matelas de laine. À l’âge de 9 ans, j’ai aidé mon oncle à fabriquer un tel matelas. C’est une tradition que j’aimerais partager avec la communauté d’ici. La laine est une matière de base qui ne coûte pas cher. Le matelas est hypoallergique, antibactérien et antimoisissure. Ça a tellement de propriétés. C’est chaud et extrêmement durable. Au bout de 15 ans, on le remonte, on le relave et on change le tissu qui le recouvre. Ça peut durer un siècle », dit-elle en désignant un matelas de 80 ans qu’elle a importé de France. «Traditionnellement, ce genre de matelas faisait partie du trousseau des femmes pour leur mariage.»

Par son travail d’artisane, Sophie Martin participe activement à la transmission des savoirs et au développement de l’autonomie des gens. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

« Que les grains semés restent dans leur vie »

Par son travail d’artisane, Sophie Martin participe activement à la transmission des savoirs et au développement de l’autonomie des gens. « Je souhaite que tous ces petits grains que je sème auprès des enfants et des adultes restent dans leur vie par la suite. Ça me tient vraiment à coeur », confie-t-elle.

 

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