Le Val-Ouest

Au service du même employeur depuis… 50 ans!

Alors qu’une grande proportion d’employeurs fait face à d’importants défis d’attraction et de rétention de main-d’œuvre, le cas de Gaétan Deschamps fait figure d’exception. Cet homme est au service du même employeur depuis… 50 ans! Au fil des décennies, il a conservé une fidélité inébranlable pour Millette et Fils. Une entreprise familiale implantée à Lawrenceville depuis 130 ans et spécialisée dans la fabrication de caissons d’emballage et de tournage de bois

Commencer à travailler à trois ans

« J’ai commencé à travailler à l’âge de trois ans. J’avais la responsabilité de nourrir les chats dans l’étable », raconte avec un brin d’humour l’homme de 68 ans. Gaétan Deschamps a appris très tôt le sens des responsabilités en donnant un coup de main à ses parents sur la ferme familiale, située à L’Avenir.

Débuts chez Millette à 17 ans

Son père ayant été embauché pour la « voirie » (ministère des Transports), Gaétan Deschamps déménage avec sa famille à Lawrenceville. À 17 ans, il quitte les bancs d’école pour se chercher du travail. Son frère lui demande de l’aide pour transporter un chargement vers les États-Unis. Au retour, un emploi l’attend chez Millette et Fils. « C’était deux semaines avant mes 18 ans », tient-il à préciser.

L'Info-Val

Une fois par semaine on vous offre le lien vers nos articles les plus populaires

Contremaître et chef de groupe

Pendant 25 ans, il travaille au tournage de bois puis à la peinture de finition. On le nomme ensuite contremaître d’une équipe d’une douzaine de personnes. Un poste qu’il occupera pendant 15 ans.

L’arrivée de l’informatique change la donne. Inconfortable avec les ordinateurs, Gaétan Deschamps quitte son poste pour devenir chef de groupe. Il devient alors responsable d’une des lignes de montage de l’usine.

Bien des changements en 50 ans

À son arrivée en 1973, l’entreprise ne compte que 15 employés en été et 8 en hiver. Aujourd’hui, environ 90 personnes travaillent aux usines de Lawrenceville et de Valcourt, en plus des 150 employés des usines de Juarez et de Queretaro, au Mexique.

De même, les lieux de travail se sont agrandis et les machines ont évolué. Gaétan Deschamps donne l’exemple du sciage. « Avant, on devait couper les planches de bois une à une. Aujourd’hui, on possède une scie qui coupe le paquet de bois au complet. »

Gaétan Deschamps (en 2002, à l’époque où il était contremaître), Pierre Tessier (copropriétaire, 4e génération), Richard Millette (propriétaire, 3e génération) et Stéphane Millette (copropriétaire, 4e génération). (photo : gracieuseté Millette et Fils ©)

Ne pas avoir vu le temps passer

Gaétan Deschamps affirme ne pas avoir vu le temps passer. « Cinquante ans, ça s’est vite passé. Je suis toujours en mouvement. Je rentre le matin et la journée parait durer cinq minutes. »

Toujours en amour avec son travail

C’est avec des yeux pétillants que Gaétan Deschamps parle de son emploi et de ses collègues. « Ma femme m’a déjà dit : tu n’aimerais pas mieux emmener ton pyjama au travail? », confie-t-il en riant.

Voisin de l’usine

Gaétan Deschamps habite à quelques pas de l’usine. Il confie que cette proximité lui apporte une qualité de vie. Un avantage qui a pesé dans la balance pour rester fidèle si longtemps au même employeur. « Je n’ai pas à voyager une heure par jour. Tous les midis, je vais manger à la maison avec mon épouse », signale-t-il.

Il n’est nullement dérangé par la proximité de son lieu de travail. Au contraire. « Assis sur le perron de ma maison, je vois les gars travailler. Alors je me dis : faudrait que j’y aille, moi aussi. »

Une journée de travail de… 23 heures!

Sa plus grosse journée de travail en 50 ans? Une journée de 23 heures. Gaétan Deschamps avait choisi, coûte que coûte, de respecter sa parole. Il avait promis de livrer à un client, pour le lendemain, un lot de palettes de bois. « Je suis rentré travailler à sept heures le matin et je suis reparti le lendemain à six heures du matin. » Mais le plus incroyable dans cette histoire, c’est qu’aussitôt arrivé à la maison, il a pris sa douche, déjeuné puis… est retourné à l’usine à sept heures, comme tous les matins! « Aujourd’hui, on ne pourrait plus faire ça, avec les normes de santé et sécurité au travail », signale-t-il.

Pierre Tessier, copropriétaire de Millette et Fils, Gaétan Deschamps, chef de groupe, et Alexis Tessier, directeur général. (photo : Sébastien Michon ©)

Éloges de la direction

Des membres de l’équipe de direction ne tarissent pas d’éloges envers leur employé avec la plus grande ancienneté. « Gaétan Deschamps, c’est un gars très responsable, endurant et vraiment travaillant. C’est une force de la nature», souligne avec respect Pierre Tessier, copropriétaire de Millette et Fils.

« On peut toujours s’appuyer sur lui »

Le directeur général, Alexis Tessier, raconte un événement qui s’est passé il y a quelques années. « Un weekend de janvier, toute l’équipe de direction se trouvait dans Charlevoix. Nous avons appris qu’une fausse alarme de feu s’était déclenchée à l’usine de Lawrenceville. Les gicleurs s’étaient remplis d’eau. Il fallait vider les tuyaux. Si ça gelait, tout aurait pété. » Ils ont appelé à la rescousse Gaétan Deschamps et un mécanicien. « Appeler Gaétan, un samedi de janvier, et se faire répondre « présent », c’est touchant. On peut toujours s’appuyer sur lui », témoigne chaleureusement Alexis Tessier.

Toujours de bonne humeur, sauf…

Pierre Tessier souligne le très bon caractère de Gaétan Deschamps. « Je travaille avec lui depuis 40 ans et je ne l’ai vu se fâcher qu’une seule fois.»

« J’ai aimé mon travail parce que j’’avais de bons gars pour travailler avec moi », affirme Gaétan Deschamps (photo : Sébastien Michon ©)

Quelques employés avec plus de 40 ans de service

Outre Gaétan Deschamps (50 ans de service) et Pierre Tessier (40 ans), l’entreprise compte quelques autres personnes avec plus de 40 ans de service : Clément St-Jean (48 ans), Michel Beauvais (48 ans), Mario Robidoux (44 ans) et Michel Favreau (42 ans).

Retraite en vue?

Compte-t-il travailler encore quelques années? « J’y vais une journée à la fois. Mais si ma santé me le permet, je continue ». Ce n’est d’ailleurs que du bout des lèvres qu’il mentionne un problème de hanches qui l’empêche d’effectuer certaines tâches.

« On est d’une race, d’une génération qui commençait à travailler à 13 ans. On a davantage appris à travailler qu’à prendre notre retraite », soutient Pierre Tessier. Gaétan Deschamps et lui conviennent que ces valeurs ne sont pas les mêmes pour les générations qui suivent.

Profiter du moment présent

Les deux hommes voient leurs compagnons prendre leur retraite. D’autres ont des ennuis de santé ou sont décédés. Les relations humaines sont très importantes pour eux. « On aime se réunir hors du travail. Prendre du bon temps ensemble. On sait qu’on vieillit tous et c’est important de profiter du moment présent », tient à souligner Pierre Tessier. Gaétan Deschamps est d’accord.

 

À LIRE AUSSI dans Le Val-Ouest :

L’école Saint-Laurent lance un cours d’écoplein air

Millette & Fils souligne ses 130 ans avec une croisière

Les Loisirs de Lawrenceville sur le respirateur artificiel

 

Une nouvelle, un événement à faire paraître?

Ayez le réflexe VAL-OUEST

Lire aussi...