Au début février, le Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE) organisait à Richmond, en collaboration avec la Direction de la santé publique de l’Estrie, le « Rendez-vous Climat ». Un colloque qui a réuni dans un même lieu 85 représentants de santé publique, d’organismes, de groupes de citoyens, de municipalités et de MRC. Cet événement illustre le partenariat, de plus en plus présent, entre les acteurs sociaux, environnementaux et sanitaires de la région.
Une région où le partenariat est à l’honneur
« Le territoire estrien regorge d’initiatives environnementales où le partenariat est à l’honneur. Sur des sujets tels que les espèces exotiques envahissantes, la gestion des matières résiduelles, le tourisme durable, l’agroenvironnement et la mobilité durable », explique Gloria Grenier-Mailhot, chargée de projet au CREE.
Un exemple récent est celui de la ville de Richmond. Qui a présenté la semaine dernière un plan particulier d’urbanisme (PPU) pour son centre-ville. Un document qui tient compte des impacts des changements climatiques sur les aménagements municipaux. Pour y arriver, la ville a collaboré étroitement avec la Santé publique.
« En travaillant avec eux, nous avons davantage été sensibilisés aux effets qu’a l’environnement sur la santé », de dire Rémi-Mario Mayette, directeur général de la ville de Richmond. Ce dernier a d’ailleurs présenté le PPU accompagné d’une experte de la Santé publique.
« Se mettre ensemble pour faire des pas plus importants »
La Dre Isabelle Samson, directrice de la Direction de santé de l’Estrie, appuie ces espaces de partenariat et de collaboration. « Pour réussir cette lutte intégrée aux changements climatiques, il faut vraiment y aller sur plusieurs fronts à la fois. Lorsque la santé, le social et l’environnement se mettent ensemble, nous faisons des pas plus importants », souligne-t-elle.
Même son de cloche du côté du CREE. « Les défis reliés aux impacts des changements climatiques touchent tout le monde, dans tous les secteurs d’activités. Il est incontournable que les communautés locales et régionales ouvrent une réflexion et des dialogues pour décloisonner les silos, s’entraider et viser les meilleures pratiques. Et ce, au bénéfice de tous », soutient Gloria Grenier-Mailhot.
Agir pour des communautés en santé
La Direction de santé publique de l’Estrie prend très au sérieux les impacts des changements climatiques sur la santé. Elle a publié, en 2023, un rapport intitulé « Changements climatiques : agissons pour des communautés en santé ». Un rapport qui a été présenté lors du « Rendez-vous climat ».
Quels sont ces impacts pour l’Estrie? On parle d’épisodes de chaleur extrême, d’inondations, de maladies transmises par les tiques, d’allergies causées par les pollens, de tempêtes et précipitations, de sécheresse et de contamination de l’eau.
« Tout le monde n’est pas égal face à un aléa climatique »
« Tout le monde n’est pas égal face à un aléa. Parmi les personnes exposées, certaines peuvent avoir des vulnérabilités. Par exemple, la chaleur affectera davantage une personne âgée ou encore une personne qui prend certaines médications », explique la Dre Samson.
C’est pourquoi la Santé publique met en œuvre des actions, avec ses partenaires, pour réduire ces vulnérabilités. Tant au niveau individuel que communautaire. C’est là qu’entrent en jeu les conseillers en prévention de la santé et les organisateurs communautaires. Ceux-ci travaillent avec les différents acteurs locaux : organismes, municipalités, écoles, etc.
C’est le cas de Michel Benoit, un organisateur communautaire qui relève de la Santé publique. « Notre rôle, comme organisateurs communautaires, c’est d’être sur le terrain pour faire des actions concrètes. Un rôle complémentaire à l’expertise de la Direction de la santé publique. Je contribue ainsi non seulement à des actions d’adaptation aux changements climatiques, mais aussi à des actions d’atténuation », mentionne-t-il.
Mobilisation dans la région de Valcourt
Michel Benoit en donne pour exemple son implication dans le Comité biodiversité au sein de l’organisme Valcourt 2030. « Je joue un rôle d’accompagnement et de liaison. Si le comité a besoin d’une expertise ou de connaissances plus pointues, je peux faire le lien avec la Santé publique ou d’autres directions du CIUSSS. »
Michel Benoit participe aussi à des actions de mobilisation communautaire. Comme celle qui cible un projet de verdissement à l’entrée de Valcourt et du Canton de Valcourt. Ou encore une autre qui vise l’aménagement d’un corridor écologique près du chemin de l’Aéroport et de la route 243.
Des actions au bénéfice de la population
« La région compte beaucoup de milieux humides, notamment avec la rivière Noire et le ruisseau Brandy qui traversent le territoire. On souhaite les mettre en valeur et les conserver dans une perspective de développement durable. Pas les mettre dans une « bulle de verre », mais faire en sorte que la population puisse en bénéficier et que ça ait des impacts bénéfiques sur la santé », explique-t-il.
L’accès à la nature, un enjeu local
Michel Benoit voit d’ailleurs l’accès à la nature comme un enjeu local de santé publique. « Dans la région, nous sommes baignés de nature autour de nous. Mais ce sont tous des terrains privés. Pendant un épisode de chaleur intense, c’est important pour une personne qui habite un appartement ou une maison d’avoir accès à la nature. Des lieux où on peut se rafraichir. »
Un fait corroboré par le CREE. « On note une multiplication, dans la région, d’actions terrains bien concrètes sur différents thèmes, dont les îlots de chaleur et la préservation des milieux naturels », indique Gloria Grenier-Mailhot.
Le rôle important de la connexion avec la nature
Michel Benoit ajoute que la connexion à la nature joue aussi un rôle important pour la santé. « On peut connecter à la nature en regardant par une fenêtre ou en allant dans un parc. Mais ce n’est pas la même chose que de marcher dans une forêt. » Par son implication au sein des Amis du mont Valcourt, l’organisateur communautaire crée ainsi des liens avec des propriétaires privés pour donner accès, quelques fois par année, à ce milieu naturel situé à deux pas de la municipalité.
« Chacun peut poser des actions localement »
La Dre Isabelle Samson souhaite miser sur toutes ces actions partenariales dans la région.
« Nous avons besoin que tout le monde s’engage dans cette lutte aux changements climatiques. Chacun et chacune d’entre nous peut poser des actions localement. C’est bon pour notre santé et pour notre environnement. »
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