Voilà maintenant 80 ans qu’un groupe de citoyens engagés ont décidé, en 1944, de créer le Syndicat coopératif de téléphone de Valcourt. Coopérative qu’on connait aujourd’hui sous le nom de Cooptel. L’anniversaire a été souligné de façon modeste par le biais d’une activité publique extérieure tenue le 13 juin dernier.
Quatre ans de forte croissance
« Ce quatre-vingtième anniversaire coïncide avec une période de forte croissance ces quatre dernières années. Dont nous sommes d’ailleurs très fiers. Nos employés se sont mobilisés de telle sorte que nous avons continué d’offrir un service performant et de qualité. Malgré l’augmentation de la demande. Tant et si bien que nous avons été reconnus « Meilleur choix 2023 » par Protégez-vous », exprime Marie-Ève Rocheleau, directrice générale de Cooptel.
Elle souligne que le nombre de résidences desservies a décuplé au cours des dernières années. «Nos employés ont donné tout ce qu’ils avaient, même s’ils ont vécu des moments qui n’étaient pas toujours évidents.»
« Nous avons pris la place qui nous revenait »
Très peu des coopératives ou petites entreprises de télécommunication ou de câblodistribution, qui sont apparues à la même époque, ont survécu jusqu’à aujourd’hui.
« Notre expansion des dernières années nous permet de demeurer dans l’échiquier qui est dominé par les plus gros. Maintenant, nous ne sommes plus petits. Nous avons pris la place qui nous revenait », déclare-t-elle.
Télécoms dans la région : une histoire qui date de loin
L’histoire des télécommunications dans la région date de loin. Bien avant la création de Cooptel. Une histoire dans laquelle les entreprises de télécommunication se sont succédées les unes après les autres.
Vers 1886, William John Farbar entreprend, avec l’aide d’une cinquantaine de citoyens, l’implantation d’un premier service téléphonique à Waterloo. Une aventure qui se termine l’année suivante.
À l’automne 1890, ce même entrepreneur établit, avec son associé Fred E. Harvey, la Citizen’s Telephone co. Qui dessert les municipalités de Sherbrooke, Waterloo, Magog, Eastman, Stukely-Sud, Sainte-Anne, Lawrenceville, Bonsecours et Valcourt. On ajoute, six mois plus tard, les municipalités de Boscobel et de Roxton Falls.
Un « moyen moderne de faire la cour »
Fait cocasse, un texte paru dans le Waterloo Advertiser le 3 avril 1891 décrit ainsi les avantages du téléphone :
« (…) un instrument qui sera hautement apprécié par nos jeunes gens qui mettront sans doute de côté le vieux style de fréquentation, en adoptant ce moyen moderne et plus scientifique de faire la cour. »
Création de la Valcourt Telephone en 1901
La Citizen’s Telephone co. sera acculée à la faillite en 1897. The Bell Telephone co. reprendra les actifs. Mais les services ne correspondent pas aux besoins des agriculteurs. C’est pourquoi des actionnaires mettent sur pied, en 1901, la Valcourt Telephone Co.
Un curé de Maricourt démarre une entreprise
Pour une raison inconnue, la Valcourt Telephone Co. cesse ses activités en 1919. En parallèle, une nouvelle entreprise voit le jour en 1916 : la St-Mary’s Telephone System Limited. Mise de l’avant par le curé Jules-Norbert Boucher de la paroisse Sainte-Marie d’Ély (aujourd’hui Maricourt). La centrale téléphonique est installée dans la maison de la sœur du curé, à Sainte-Marie d’Ély.
« Le curé est sur la clôture et Boucher dans le poteau »
Une anecdote concerne le curé Boucher. Celui-ci s’impliquait lui-même dans l’entretien du réseau. Un jour, un homme (Eugène Bigras) vient poser sa candidature pour travailler pour la compagnie. Il demande à la personne perchée sur le poteau de téléphone où il pourrait trouver le curé. Pour se faire répondre : « Le curé est sur la clôture et Boucher est dans le poteau ». Le curé, qui travaillait sur le poteau, avait laissé sa soutane accrochée sur la clôture.
Fondation du Système de Téléphone Lapré
Comme les entreprises précédentes, la St-Mary’s Telephone System Limited ne fera pas long feu. Elle offrira des services à ses abonnés jusqu’en 1921. Les actifs seront ensuite revendus à Joseph Lapré, un homme d’affaires de la région de Racine. Il fonde Le Système de Téléphone Lapré et déménage la centrale téléphonique sur le 2e rang Nord, à Racine. Pendant 17 ans, les abonnés du téléphone connaissent alors une certaine stabilité.
Création du Système de Téléphone Phaneuf
Puis, en 1939, Adrien Phaneuf et son épouse Liliane Dyon rachètent l’entreprise pour créer Le Système de Téléphone Phaneuf. Cette compagnie offre des services à Valcourt, Lawrenceville, Enfant-Jésus (aujourd’hui Béthanie), Racine, Bonsecours, Sainte-Marie et une partie de Sainte-Anne de Stukely (aujourd’hui Sainte-Anne-de-la-Rochelle). Le bureau central s’installe au 1014 de la rue Saint-Joseph à Valcourt.
Un syndicat coopératif voit le jour
À l’automne 1944, la Régie des services publics convoque Téléphone Phaneuf parce qu’elle a reçu de nombreuses plaintes. Réalisant qu’il y aurait trop d’améliorations à apporter au réseau, le couple Phaneuf accepte une offre d’achat d’un groupe de citoyens, appuyés par trois caisses populaires de la région. C’est ainsi que voit le jour le Syndicat coopératif de téléphone de Valcourt.
Depuis 1944, quatre noms : Syndicat, Association, Co-op et CoopTel
En 1968, le Syndicat change de nom pour l’Association coopérative de téléphone de Valcourt.
Six ans plus tard, en 1974, des membres veulent transformer la coopérative en entreprise privée. Idée qui est rejetée par l’assemblée.
En 1979, l’Association change de nom pour la Co-op de téléphone de Valcourt. Puis, en 1998, une autre demande de changement de nom pour CoopTel- Coop de télécommunication. Un nom qui n’a pas changé depuis. Bien qu’on utilise aujourd’hui le vocable « Cooptel ».
Évolution des 20 dernières années
La directrice générale Marie-Ève Rocheleau, qui cumule 21 années de service pour Cooptel, est aujourd’hui parmi les plus anciennes employées. Elle a vu la coopérative et le milieu des communications évoluer ces deux dernières décennies. « Quand je suis arrivée, Cooptel comptait 5000 portes. On appelait notre territoire « Valcourt et région ». Aujourd’hui, nous en desservons plus de 150 000, dans plusieurs régions du Québec. »
Les ressources humaines ont suivi la croissance de l’entreprise, surtout ces 10 dernières années. Passant passé de 39 à 87 employés. Le siège social de Valcourt, entièrement reconstruit à neuf il y a une quinzaine d’années, a dû être agrandi une seconde fois il y a quatre ans pour accueillir tout le personnel.
Pionniers dans la fibre optique en milieu rural
Selon Marie-Ève Rocheleau, Cooptel serait la première entreprise de télécommunication au Québec à installer de la fibre optique en milieu rural à Sainte-Christine, dans la première décennie des années 2000. « L’objectif d’une coopérative, c’est de réinvestir dans les produits et services que nous offrons à nos membres. On voyait, à cette époque, que la fibre optique serait le futur. Quand nous avons agrandi notre territoire du côté de Sainte-Christine, nous avons utilisé la fibre optique. »
80 ans de coopération
« Ce sont 80 ans de coopération. Je tiens à remercier les membres de la coopérative et les membres du conseil d’administration», indique Marie-Ève Rocheleau.
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