Le Val-Ouest

Des élus et citoyens se rencontrent pour discuter d’environnement

Parler de protection de l’environnement dans un contexte convivial. Voilà la proposition à laquelle le comité citoyen Vers un Val Vert conviait la population et des élus du Val-Saint-François le 25 avril dernier à Valcourt.

Adam Rousseau et Jean-Luc Beauchemin, respectivement maires de Saint-François-Xavier-de-Brompton et de Maricourt, participaient à cette rencontre. La mairesse de Kingsbury, Martha Hervieux, qui devait être aussi présente, a dû annuler à la dernière minute. De même, le panel comptait Laurier Busque, un citoyen du Canton de Melbourne engagé depuis longtemps dans la cause environnementale.

Pendant un peu plus d’une heure, ce panel élus-citoyen a discuté avec une vingtaine de participantes et de participants, majoritairement en provenance de municipalités environnantes.

Laurier Busque (citoyen du Canton de Melbourne engagé dans la cause environnementale), Adam Rousseau (maire de Saint-François-Xavier-de-Brompton) et Jean-Luc Beauchemin (maire de Maricourt) étaient panélistes d’une rencontre citoyens-élus animée par Élyse Audet du comité Vers un Val Vert.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Inspiré par les chaises des générations

« Lors de la remise des chaises des générations, un peu partout dans le Val, nous avons constaté l’engouement des citoyens et des élus pour l’environnement. C’est ce qui nous a convaincu d’organiser cette activité, pour aller plus loin », explique Élyse Audet, animatrice de la rencontre et membre de Vers un Val Vert.

« Travailler ensemble pour l’environnement »

« J’ai été conseillère municipale dans le passé. Souvent, lorsque les citoyens se présentaient au conseil, c’était pour « chialer ». Nous souhaitons plutôt voir comment les élus et les citoyens de notre région peuvent travailler ensemble pour l’environnement », ajoute-t-elle.

Participer avec les réseaux sociaux, les comités et les séances du conseil

Comment ce travail collaboratif entre élus et citoyens peut-il se faire? Le maire Adam Rousseau cible deux mécanismes de participation au sein de sa municipalité. Le premier : les réseaux sociaux. « Bien que l’ambiance sur ces réseaux ne soient pas toujours constructive, ça reste le premier mode pour contacter la municipalité, le maire ou les conseillers. Pour le meilleur et pour le pire. »

Les comités consultatifs sont aussi, selon lui, des espaces pour que les citoyens puissent avoir leur voix dans la vie municipale. « Bien que ça puisse paraître technocrate ou fonctionnaire, c’est un moyen de participation vraiment efficace. Un comité, ça permet à un citoyen préoccupé par une question de donner son opinion. »

Adam Rousseau invite les citoyens à participer aux séances du conseil de leur municipalité. Mais il est conscient qu’il s’agit d’une minorité. « Il arrive qu’une seule personne ou parfois aucune ne soit présente à la séance. C’est triste, parce que c’est la voie officielle pour communiquer avec le conseil municipal.»

Pour le maire de Saint-François-Xavier-de-Brompton, Adam Rousseau, les comités consultatifs sont des espaces pour que les citoyens puissent avoir leur voix dans la vie municipale. « Un comité, ça permet à un citoyen préoccupé par une question de donner son opinion »  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

« Faire corps ensemble et collaborer »

Une citoyenne, présente dans la salle, soulignait elle aussi que les séances du conseil ne sont pas le seul endroit pour faire entendre son point de vue. «Certains élus peuvent avoir l’impression qu’en donnant la parole aux citoyens lors d’une séance du conseil, ils ont fait leur travail. Mais ce n’est pas le cas. Lorsqu’on donne notre opinion, c’est bien souvent sur un sujet qui est à l’ordre du jour. Sans empiéter, car on sait que le temps est compté. »

Celle-ci participe au comité favorisant le compostage domestique à Maricourt. Elle témoigne de son expérience positive. « La municipalité et les citoyens peuvent faire corps ensemble et collaborer sur un sujet donné. Surtout concernant l’environnement. »

« Chercher ce qu’on n’entend pas des citoyens »

Le maire de Maricourt appuie ce constat. « Il faut aller chercher, hors des séances du conseil, ce qu’on n’entend pas de la part des citoyens. Par exemple avec des sondages ou avec des comités. Parce que la plupart du temps, on ne sait pas ce que les gens pensent. Sauf si on augmente les taxes. Là, on le sait! », dit-il en riant.

« Il faut aller chercher, hors des séances du conseil, ce qu’on n’entend pas de la part des citoyens. Par exemple avec des sondages ou avec des comités. Parce que la plupart du temps, on ne sait pas ce que les gens pensent. Sauf si on augmente les taxes! », lance Jean-Luc Beauchemin, maire de Maricourt.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Créer davantage de comités citoyens-élus

Laurier Busque est d’accord. « Les gens vont réagir si une question les touche directement. Il serait préférable de développer des espaces pour être proactifs plutôt que réactifs. C’est-à-dire de proposer aux citoyens des chantiers où ils peuvent apporter leur point de vue et leur expertise. Qu’ils puissent aider à construire quelque chose. »

Il en donne pour exemple le projet d’agrandissement du site d’enfouissement du Canton de Melbourne, vers 2010. « La MRC et les maires ont créé un comité, composé de cinq élus et de cinq citoyens. Pour étudier le projet et accompagner les maires dans leur réflexion, avant la prise de décision. La même formule pourrait être utilisée pour d’autres projets majeurs. Comme par exemple celui de l’installation d’éoliennes dans la MRC du Val-Saint-François

La qualité de l’eau, un enjeu

Quels sont les principaux enjeux environnementaux? Pour Adam Rousseau, c’est la qualité de l’eau. « À Saint-François-Xavier-de-Brompton, il n’y a pas d’aqueduc. Tous les citoyens ont des puits artésiens. C’est extrêmement important que les eaux souterraines restent de qualité. Et qu’elles soient en quantité suffisante pour les projets actuels et futurs. »

Les défis du Petit lac Saint-François

Au cœur de ce défi environnemental : le Petit lac Saint-François, situé en plein centre de la municipalité. Adam Rousseau explique que ce lac était, jusqu’en 2019, l’un des pires du Québec pour la qualité de l’eau. On l’avait classé «hypereutrophe», c’est-à-dire que l’eau contient de grandes concentrations de phosphore et d’azote qui causent la présence excessive d’algues et de bactéries.

En 2010, l’Association du lac Tomcod (ancien nom du Petit lac Saint-François) est venue cogner à la porte de la ville pour trouver des solutions. « Ces personnes sont arrivées avec un désir d’implication. Plutôt que de dire à la municipalité : il y a un problème, arrangez-vous avec ça. Ils ont voulu se mettre ensemble pour un projet constructif. En offrant du temps de bénévolat et en allant chercher du financement », explique le maire Rousseau.

Résultat : après plus de 10 ans d’efforts, le lac est passé d’hypereutrophe à eutrophe. « On ne va pas ouvrir de plage, mais il y a quand même une amélioration de la qualité de l’eau. Et ça s’est fait grâce à l’engagement des citoyens. »

Depuis 2010, des citoyens et élus de Saint-François-Xavier-de-Brompton collaborent ensemble à la réhabilitation du Petit lac Saint-François, au coeur de la municipalité.  (photo : Association du lac Tomcod)

« Quand on réussit, c’est plus facile de faire adhérer »

Adam Rousseau pointe l’importance de faire cheminer des projets par étapes. « J’ai beaucoup de facilité à défendre un investissement municipal où on arrive à des résultats qu’on peut présenter. Par exemple que le projet de réhabilitation du lac a atteint tel jalon. On peut ensuite aller plus loin et augmenter le financement. C’est une condition de succès et d’adhésion. Quand on réussit quelque chose, c’est plus facile de faire adhérer les gens »

« Lorsque la séance est remplie, il faut que tu portes l’oreille »

Jean-Luc Beauchemin donne de son côté l’exemple du comité de citoyennes impliquées pour le compostage domestique. « Ces personnes se sont présentées au conseil en novembre dernier. Lorsque la séance est davantage remplie que la normale, il faut que tu portes l’oreille. Il se passait quelque chose ce soir-là. Les citoyens ont proposé de former un comité, ce qui a repoussé d’un an la décision finale d’implanter des bacs bruns. »

« Prendre conscience des impacts sociaux et environnementaux »

De son côté, Laurier Busque se souvient, au début des années 2000, de la lutte citoyenne contre le projet d’implantation, par Hydro-Québec, de la ligne Hertel-Des Cantons. « Tout le monde s’était réuni en coalition : anglophones et francophones, néo-ruraux et producteurs agricoles, etc. Il y avait une perspective sociale extrêmement intéressante. Ce n’était pas juste une lutte. Des citoyens ont voulu être respectés. Dans l’histoire, c’est peut-être ça qu’il faut retenir. Avant qu’un projet aille de l’avant, prendre conscience de ses impacts sociaux et environnementaux. »

Au début des années 2000, une grande mobilisation citoyenne s’est battue contre le projet d’implantation de la ligne Hertel-Des Cantons d’Hydro-Québec. « Tout le monde s’était réuni en coalition : anglophones et francophones, néo-ruraux et producteurs agricoles, etc. (…) Ce n’était pas juste une lutte. Des citoyens ont voulu être respectés, mentionne Laurier Busque du Canton de Melbourne »   (Roland Pierre © 1998 – Collection Musée McCord)

Les élus ont besoin de la collaboration citoyenne

Un citoyen du Canton de Melbourne a pointé le fait que les élus ont besoin de la collaboration des citoyens. « Ceux que nous avons élu sont loin de tout savoir. Avant d’être élus, c’était des citoyens. Il ne faut pas hésiter à prendre les choses en main. À bouger et à aider les élus plutôt qu’attendre. »

S’impliquer au niveau local ou régional?

Un autre citoyen, celui-là aussi du Canton de Melbourne, a demandé aux élus s’il valait mieux que les citoyens s’impliquent au niveau local, dans leur municipalité, ou au niveau régional, auprès de la MRC.

Pour Jean-Luc Beauchemin, la réponse est claire : il faut s’impliquer localement. « Avant de présenter un projet devant les 18 maires de la MRC, il faut convaincre son maire. Chaque municipalité contribue financièrement à la MRC. » Adam Rousseau ajoute : « Si tu n’as pas de maire porteur pour un dossier, tu as moins de chance qu’il avance. Jean-Luc et moi avons défendu à la MRC des projets de nos citoyens. »

Rôle des médias dans la circulation de l’information

Certains citoyens ont mentionné dans leurs interventions le rôle de quelques médias locaux qui permettent la circulation des informations locales et régionales : Le Saint-Denisien (journal communautaire de St-Denis-de-Brompton), TVME (télé communautaire de Cooptel) et Le Val-Ouest (média communautaire du Val-Saint-François). TVME était d’ailleurs présente pour filmer la rencontre.

« Les gens sont encore trop peu sensibilisés »

Y a-t-il encore du chemin à faire pour que les citoyens s’impliquent pour la cause environnementale? Et ce, même si la majorité des gens y sont favorables. Laurier Busque croit que oui. « Depuis 20 ans, les élèves et les profs de l’école secondaire de l’Oydssée, à Valcourt, font des efforts pour devenir carboneutre. Mais à l’extérieur de l’école, les gens sont encore trop peu sensibilisés. Je souhaite que cette préoccupation devienne davantage locale. »

« Les gestes que l’on pose ont des conséquences sur le futur »

Laurier Busque illustre son propos en utilisant l’image des bassins versants, c’est-à-dire la façon dont les eaux d’une région s’écoulent du point le plus haut au point le plus bas, pour converger vers un seul cours d’eau.

« Dans un bassin versant, l’eau vient de la montagne et descend vers la vallée. Il faut que les gens qui sont dans la montagne considèrent ceux qui habitent dans la vallée. Le même concept peut s’appliquer dans la dimension sociale des enjeux environnementaux. Lorsque nous posons un geste, nous sommes en amont. Ce que nous faisons aujourd’hui a des conséquences en aval, c’est-à-dire sur ce qui va arriver dans le futur. »

Laurier Busque, citoyen du Canton de Melbourne, impliqué dans la cause environnementale.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

 

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