« En avril, ne te découvre pas d’un fil ». Plus jeune, je n’aimais pas cette phrase. Même que j’en avais quasi peur aux douces journées d’avril quand le soleil fond la neige et fait naître des mini ruisseaux temporaires un peu partout sur les terrains et dans les rues.
Les intrépides se promenaient en T-Shirt et les peureux, comme moi, suaient sous leur manteau d’hiver et foulard. Je risquais un rhume d’avril si je me découvrais. Que de phrases de notre enfance nous marquent tout au long de notre vie. Des phrases de doute et de peur.
Cette année, me semble que j’aurais envie de remplacer la phrase par : « En avril, découvre-toi du masque ». C’est bête mais l’effet est quasi le même. Un mélange de peur et d’espoir simultanément. La peur de s’exposer à un virus et l’espoir d’une certaine liberté. Surtout, l’espoir, l’envie d’un sourire à pleines dents. C’est fou ce qu’on a envie de voir des sourires après deux ans de masque et de longues périodes de confinement.
Enlever le masque amène une promesse de liberté, quasi de bonne humeur, alors qu’il n’y a absolument aucun lien.
Quel que soit l’objet qu’on porte, un masque, une arme, un uniforme, un casque de sécurité, un équipement de protection, on a toujours un sentiment de lourdeur et de protection à la fois. Enlever l’objet procure donc liberté et vulnérabilité.
Avec la venue du printemps, serons-nous vulnérables aux sourires ? Hmmm, je crois bien que oui. Le sourire a un pouvoir certain sur l’humain. Un pouvoir sur la personne qui sourit et sur la personne qui accueille le sourire. Ma réflexion me fait penser à ce beau livre d’Éric-Emmanuel Schmitt, « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran », où le jeune homme découvre l’effet et le pouvoir incroyable du sourire.
Le sourire est aussi un bel acte d’accueil et de générosité à la fois. Générosité tellement bienvenue après deux années d’isolement et de peur. Les gestes généreux me permettent de garder espoir en l’humanité. À l’inverse, le manque de générosité me laisse toujours dubitative.
Au moment où j’écrivais les dernières lignes de cette chronique, j’avais déjà l’esprit occupé à l’organisation de la chasse aux cocos pour les enfants devenus grands. La totale cette année! On a fait deux équipes, les « jeunes » et les « vieux », ça allait de 21 à 85 ans, et j’avais caché les œufs partout sur le terrain. Il est grand le terrain 😊. Sourires et rires étaient au rendez-vous, peu importe la température.
En cette période de montagnes russes, d’incertitude dans plusieurs sphères de vie, je vous partage une chanson qui me met toujours de bonne humeur et me fait danser : Alors on danse de Stromae.
Bon mois d’avril, découvrez-vous de fils, de masque peut-être, tout en restant prudent pour profiter pleinement de ces nouvelles libertés.
Lire la chronique précédente : Au gré du vent – Raison contre Raison
Josée Fontaine xxx