Un bon jardin est bien plus que les plantes qu’on y trouve. Un bon jardin est un endroit qui favorise la vie et favorise les interactions entre ces choses vivantes. On met souvent l’accent de nos efforts et de nos recherches sur les plantes, mais bien s’occuper du sol est aussi important. En oubliant le sol, on se force dans une bataille difficile. On doit compenser avec des apports externes comme les engrais de synthèse, les pesticides, les pièges à insectes, etc. Pourtant, toutes ces options sont souvent comme une bataille contre l’Hydre de Lerne, le monstre mythique à plusieurs têtes. Pour chaque tête que l’on coupe, 2 prennent sa place.
N’est-il pas étrange que l’on doive en faire autant pour une plante pour assurer sa survie? La réalité est que nos plantes sont souvent placées dans un milieu qui leur est hostile et mésadapté. Les plantes ont une relation intime avec le sol et ses habitants, telle que la vie microbienne et les champignons. De façon générale, les plantes n’ont pas directement accès à tous les minéraux et nutriments dont ils ont besoin dans le sol. Certains de ces minéraux sont sous une forme non assimilable pour les plantes, et doivent d’abord être transformés par les microorganismes. Même si elles le voulaient bien, les plantes ne peuvent pas prendre une bouchée de banane si on la dépose près d’elles. Les nutriments de cette banane doivent d’abord être transformés sous forme minérale par les microorganismes du sol. Éventuellement, ces organismes transforment la matière organique en humus. Pas le genre d’hummus dans lequel on trempe nos carottes, mais le genre dans lequel nos carottes trempent.
Cet humus est fertile, retient bien l’eau et est plein de nutriments pour la plante. Elle pourra les assimiler par l’eau de ses racines et parfois même avec l’aide de champignons transporteurs. Certains insectes aussi font partie de l’équation. Ils participent non seulement à la décomposition de la matière organique pour en libérer les nutriments, mais leurs tunnels permettent aussi aux microorganismes et aux racines d’avoir accès à l’oxygène et à l’eau dont ils dépendent. Les plantes sécrètent aussi leurs propres substances pour encourager la vie près de leurs racines et favoriser ces échanges. Un sol en bonne santé permettra aux plantes de l’être aussi, et une plante en santé est beaucoup plus résistante aux maladies, champignons nocifs, insectes ravageurs et aux sécheresses.
Aussi merveilleux que ce petit écosystème puisse être, il en reste tout de même fragile. Une utilisation non raisonnée de pesticides, par exemple, peut facilement engendrer un effet domino. Le pesticide affectera les microorganismes et les insectes du sol, limitant leur capacité à transformer les éléments nutritifs pour la plante. Sans les tunnels des insectes, la plante et le restant de la microflore fonctionneront au ralenti dû au manque d’oxygène. L’eau qui s’absorbait auparavant tranquillement dans l’humus avant de se drainer tranquillement, s’accumulera à certains endroits, causant de la pourriture des racines et s’écoulera à d’autres, apportant les nutriments du sol plus creux. Le sol deviendra éventuellement pauvre. Sans les sécrétions des insectes et des microorganismes pour tenir les particules du sol ensemble, il s’érodera au vent et se lessivera aux pluies. La plante, maintenant fragilisée par ses carences, est plus sensible aux maladies. De plus, on doit constamment l’arroser, car le sol n’emmagasine plus l’eau et ses racines atrophiées n’ont plus accès à l’eau plus creuse dans le sol. En manque de nutriments, on doit la fertiliser constamment, pour qu’une partie infime de ces nutriments soit réellement assimilée par la plante alors que le reste se perd dans le sol en affaiblissant encore plus la vie microbienne. En voulant gérer un petit problème d’insectes facilement, nous en avons créé une panoplie de beaucoup plus sérieux. La plante est maintenant complètement dépendante de nous et plusieurs des soins qu’on lui donnera ne feront qu’empirer la situation.
En résumé, pour devoir en faire moins pour les plantes et avoir de meilleures récoltes, on doit penser plus grand, que juste la plante et voir notre jardin comme un écosystème complexe et fragile. On veut s’assurer que la plante ait accès à tout ce dont elle a besoin sans avoir besoin de lui donner nous-mêmes. Soyez conscient de vos décisions au jardin. Pensez toujours à comment vos actions affecteront la santé de ce petit écosystème en son ensemble et pas seulement la partie qui sort du sol.
Dans notre prochaine chronique, nous allons vous fournir quelques trucs concrets et pratiques pour encourager la bonne santé de votre sol et de vos plantes. Ne manquez pas ça!
Amélie Bernier-Girard et Olivier Lessard
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