Le Val-Ouest

Fumier humain : Cleveland, la première à réagir

En 2018, l’Estrie a étendu 26 714 tonnes de boues d’épuration sur ses terres agricoles, selon le ministère de l’Environnement (MELCCFP). Le mois dernier, des reportages des émissions La Semaine verte et Enquête révélaient non seulement que ces matières résiduelles fertilisantes (MRF) peuvent être dangereuses, mais que le Canada en importe de grandes quantités.

Lundi soir dernier, le Canton de Cleveland a été la première municipalité du Val-Saint-François à demander au gouvernement du Québec de se pencher sur le dossier. Il envisage aussi de modifier sa réglementation pour mieux encadrer le stockage et l’épandage de ces biosolides.

Rapidement après la diffusion des reportages de La Semaine verte et d’Enquête, le ministre Benoit Charette avait affirmé que des actions allaient être entreprises.

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Effet boule de neige

Le Canton de Cleveland n’est pas le seul préoccupé par le fumier humain utilisé comme engrais. Le Comité agricole de Racine a discuté de la situation ce mardi, tandis que la MRC abordait le point lors de sa séance de conseil du mois de décembre.

Le préfet de la MRC, Luc Cayer, avait alors invité les élus municipaux du Val-Saint-François à visionner les deux reportages et s’était engagé à « regarder ce qu’on peut faire au niveau réglementation. »

On aperçoit le maire et le directeur général du Canton de Cleveland.
À gauche, le maire Herman Herbers est accompagné du directeur général Martin Lessard lors de la séance du conseil du Canton de Cleveland du 16 janvier dernier.

Connu depuis longtemps

Si le Canton de Cleveland est l’un des premiers à réagir face aux matières résiduelles fertilisantes, c’est parce qu’un de ses citoyens, Pascal Goux, dit subir les contrecoups de l’entreposage de MRF par l’un de ses voisins. Ces boues auraient contaminé l’eau de son puits et rendu malades sa famille et ses animaux.

La dangerosité des biosolides est sous l’œil de l’UPA-Estrie depuis déjà longtemps. La fédération avait pris « une position de prudence depuis 2006 concernant l’épandage de matières résiduelles fertilisantes. En 2011, à la suite d’incidents douteux […], la position prise par le conseil d’administration a été renforcée au point de déconseiller aux producteurs et aux productrices l’épandage de MRF sur les sols agricoles », indique Julie Duquette, conseillère en environnement à l’UPA-Estrie.

Cette position a été confirmée par les deux récents reportages de décembre dernier. « Les faits rapportés démontrent que les MRF sont un danger pour la santé de nos sols, de nos animaux et de nous tous », poursuit Mme Duquette.

Dangerosité

Outre le cas allégué d’intoxication de M. Goux dans le Canton de Cleveland, « des cas semblables ont été répertoriés ailleurs dans le monde », indique le Canton dans sa résolution. En août dernier, le Maine est devenu le premier État américain à bannir l’épandage des boues d’épuration après avoir découvert qu’elles étaient contaminées par des produits chimiques éternels. Ces PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, ne se dégradent pas ou très peu.

« Des fois, c’est mêlé avec des cendres de papetières, de la chaux… Ça fait un beau compost, mais on se doutait qu’il fallait faire attention à certains contaminants. C’est pour cette raison-là qu’on déconseillait l’utilisation de ces boues », indiquait en entrevue Michel Brien, président de l’UPA-Estrie.

« Je déconseille à tous les producteurs de rentrer ces boues-là à la ferme parce que c’est vraiment dangereux. […] Si c’est pas bon pour les Américains, je pense pas que ce soit bon pour nous autres. »

Le président de l'UPA-Estrie, Michel Brien, pose devant son troupeau de vaches laitières.
Michel Brien est derrière la ferme Mylixy, à Racine. Archive photo décembre 2021

2 avis au sujet de « Fumier humain : Cleveland, la première à réagir »

  1. Cette question est importante et nos élus se doivent d’agir rapidement dans ce dossier pour protéger la santé des citoyennes et citoyens. Concrètement, j’ai été témoin d’au moins un épandage à l’été 2022 dans la municipalité de Maricourt. Il y avait une affiche sur le bord du champ indiquant la nature du “tas”. Le problème, ce n’est pas le “fumier humain”, qui pourrait être compostable avec les bonnes techniques, mais tous les produits chimiques et composés potentiellement dangereux qui sont présents dans les boues d’épuration.

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