J’ai dit “Oui”
Oui à un remplacement de 8 semaines dans le bureau d’un village qui se nourrit d’espoir.
Celui qui se dévitalise en apparence mais se reconstruit de l’intérieur. Bientôt comme les “bientôt” aiment tant apporter l’espoir, je le vois grandir de toute sa splendeur inclusive.
Est-ce par espoir? De réveiller la pertinence de notre unité entre villages. Est-ce par besoin? D’une solidarité généreuse qui saura traduire d’actions concrètes, les rêves des impulsifs visionnaires qu’au fil du temps nous sommes devenus? Ou est-ce par urgence? De ce temps qui nous tarde à venir. De semer la paix aux abords des frontières de ces vieilles chicanes de voisins et autres guerres d’orgueil d’avant. D’où l’importance que ces mémoires reposent enfin en paix et maintenant.
J’ai dit oui à ce bureau de poste. Et pose mon regard nouveau non pas sur ce qui est à craindre mais sur ce qui est à construire
Alors de mon humble point de vue, je viens ensemencer l’espoir de rebâtir dans les jardins fabuleux des faiseurs. Ces invisibles discrets qui agissent naturellement sans rien demander en retour. Parce qu’ils savent que cette crise n’est que passagère. Et que dans tous nos chemins de vie, l’espoir est fait d’humbles offrandes aux richesses potentielles du présent.
Je rends hommage à cette race de bâtisseurs qui au gré des époques ont su réinventer la vie quotidienne de nos villages. Nous sommes nés de la bonne graine et solides nous sommes. Chacun sait faire ce qu’il peut avec ce qu’il a pour prospérer de la nouvelle ère. C’est clair pour moi que nous saurons passer au travers.
Alors qu’est-ce que j’ai à offrir à mon tour de ces dons qui définissent secrètement mes contours? Et comment agir malgré les limitantes incertitudes contre lesquelles continuellement je me butte.
Attirer ma vie durant par les sons organisés dans l’espace, j’adhère facilement à la discipline autodidacte de la musique. Si ma mémoire est bonne, il me semble que tout a commencé durant les insomniaques minutes précédant les siestes quotidiennes de mon enfance. L’histoire d’amour de cette passion incontournable pour ces vibrations propagées le long des murs de ma chambre se frayant un chemin des oreilles à mon coeur. Apprenant les lignes de basse des chansons populaires qu’écoutait ma mère à la radio du salon. Bercée par la profondeur chaude des voix de Renée Claude, Pauline Julien, Nana Mouskouri, Dalida et autres muses.
Aujourd’hui je mesure l’équilibre nécessaire entre la créativité instinctive et le processus répétitif de l’apprentissage. Depuis, une lutte rebelle se déroule encore et toujours entre mon esprit libre et la rigueur d’une routine. Où plus souvent qu’autrement j’y côtoie ma bonne vieille ennemie, la procrastination.
Mais celle qui gagne à tout point reste toujours aussi pertinente. C’est la puissance que la culture apporte à sa communauté. Cette force qui nous vient telle le Phoenix qui enserre ses griffes dans les terres du désert pour permettre aux racines de courir les rivières. La culture est salvatrice pour revitaliser les berges de l’esprit. Revitaliser les berges de nos communautés amaigries par le capitalisme sauvage. C’est de la culture que s’inspire à son tour nos compétences diverses pour mettre en place les nouveaux piliers. On mesure la force d’une économie à la richesse de sa culture et de la place qu’elle occupe au sein de sa communauté.
C’est cette compréhension de l’utilité de la musique dans ma vie qui est à l’origine de la motivation qui me pousse à sortir de mes états léthargiques et de mes trop nombreuses peurs d’apparaître. Agissant comme catalyseur, propulsant l’effort nécessaire pour rebondir.
Sauvée de justesse par cette sonnerie d’alarme qui se déclenche en moi à chaque date buttoir d’un quelconque concert à venir. Accouplée par cette indéniable hypersensibilité aux sons qui m’habitent. J’ai vu des chansons ressusciter des zones mortes pour devenir de touchantes éphémères aux oreilles des quelques âmes généreusement présentes à l’instant.
Et je consens par besoin d’équilibre à cet emploi alimentaire de postière occasionnelle pour retrouver mes amis du village dans notre citoyenneté journalière. Séparés que nous sommes par ce comptoir de service et cette feuille de plexiglass envenimée de nos peurs, nous protégeant de nos chimères contagions.
Et dans les minutes creuses d’attentes entre nos rencontres je ne perds pas mon temps immobile. Je filtre au peigne fin mes idées futuristes et j’en trace de mots les paroles à venir de futures chansons.
Qu’ils me tardent à venir ces moments où d’austères routines nous briserons ensemble dans un concert improviste. Que nos villages sont beaux à voir grandir autour du cœur de nos chansons. Et de voir briller d’or les cordes de nos guitares. Et que ces voix magnifiques qui enfants sous tuniques ont fait vibrer l’amour de leur sagesses assumées. Et de nos attendrissantes folies passagères.
Je dépose sous vos yeux cette nelliganesque plume. Propulsée par de lumineuses espérances. Et me poste sentinelle à l’affut de nos sensibleries. Pour répondre à ces prières que tant de nous formulent. J’ose faire appel à votre intelligence du cœur. Par cet humble courrier de mes élans naturels de femme.
Qu’aujourd’hui se délient les frontières. Car jamais auparavant nous n’avons été invités de façon aussi claire. À devenir si présents dans cette époque austère. À notre conscience aidant tant nos rôles sont clairs. Que s’ouvrent nos cœurs et que s’ouvrent nos esprits car maintenant est venue l’ère et nous avons grandi.
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Danielle Richard
2 avis au sujet de « J’ai dit “Oui” – Chroniques de la postière »
Wow! Que de beaux mots en ces temps d’illusoires maux. C’est avec la vision du “début d’un temps nouveau” comme disait Renée Claude, qu’on saura rassurer et inspirer ceux qui sont tombés dans le piège du mirage matriciel! Tu me donne le goût de reprende le chemin de la plume du coeur afin de mettre la lumière sur le loquet de la cage qui a toujours été ouvert!…
Merci!
Xx
WoW Jocelyne, ton élan créatif dans le commentaire laisse présager une belle avalanche de chansons.
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