Le Val-Ouest

«J’ai la plus belle des fins de vie»

« J’ai la plus belle des fins de vie ». C’est ainsi que Maureen Vachon résume son périple. Cette Montréalaise, atteinte du cancer, a traversé récemment le Val-Saint-François. Elle se rend jusqu’à Cap Gaspé, surnommé le « bout du monde », pour ensuite en revenir. Une odyssée de 2500 kilomètres en cinq mois sur le Chemin du Québec.

Conditions météos extrêmes

Froid de canard, grands vents et pluies diluviennes. C’est sous ces conditions extrêmes que Maureen Vachon fait son passage dans la région en ce début mai. Malgré la météo défavorable, elle choisit de rester positive. « Quand je marche, j’ai le cœur léger. Je me libère de tout », résume-t-elle.

« J’ai décidé de tout arrêter »

Celle qui travaillait comme lieutenante en sécurité à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont s’est retrouvée du jour au lendemain comme patiente du même hôpital. « Au début, c’était bizarre. J’entendais les codes [dans l’intercom de l’hôpital] et je me levais pour intervenir, par habitude. »

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Après quatre ans de soins invasifs contre le cancer, Maureen Vachon choisit de faire un grand saut. « Je me sentais un numéro de dossier. Je n’avais plus l’impression d’être Maureen. Après mon 52e traitement, j’ai décidé de tout arrêter. » Elle s’est remise en forme tranquillement, avec un soutien en physiothérapie. Au début, elle n’était capable de marcher que deux ou trois kilomètres par jour. « Quand mon médecin m’a confirmé : « Tu peux y aller », tous les tracas sont tombés d’un coup », rapporte-t-elle.

Maureen Vachon alors qu’elle subissait son 52e traitement de chimiothérapie. (photo tirée de la page Facebook de Maureen Vachon)

Libre comme l’air

Pour vivre son rêve, Maureen Vachon a dû tout quitter. Elle ne pouvait se permettre de payer à la fois son loyer et toutes les dépenses d’une marche de plusieurs mois. « J’ai décidé de céder mon bail et de vendre tous mes meubles. Je n’ai plus rien. Même plus un couteau ou une fourchette. Je suis libre comme l’air. » Elle raconte une anecdote à ce propos. En début de parcours, alors qu’elle faisait ses bagages, elle cherchait ses clés. Pour rapidement se rappeler… qu’elle n’en avait plus!

Elle se demande d’ailleurs si elle aura assez de sous pour payer tous ses gîtes et repas. Dans un même élan, elle affirme avoir confiance : « Je suis sûre qu’en chemin, il va m’arriver quelque chose. Ça ne m’inquiète pas. » Pour elle, le bonheur n’est plus rattaché aux biens matériels. « Le bonheur, c’est d’apprécier ce que je découvre chaque jour et la générosité des gens que je rencontre. »

Une première marche mal préparée

En novembre 2022, Maureen Vachon avait décidé de marcher entre Disraëli, sa ville natale, jusqu’à Montréal pour amasser des fonds pour l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Une marche, organisée entre deux traitements de chimiothérapie, qui a mal viré. « J’étais mal préparé, mal équipé. Une de mes chevilles s’est déchirée. Il faisait froid. Mon sac à dos était lourd. C’était infernal. Je n’en ai même pas profité. Ce n’était pas la meilleure idée du siècle », observe-t-elle avec du recul.

Profiter de la vie

La marcheuse affirme que le fait de marcher la reconnecte à l’essentiel. « Je ne dirais peut-être pas merci pour ma maladie. Mais je dirais merci à la vie de m’avoir donné une claque. Ça m’a permis d’arriver où je suis en ce moment. Je n’en reviens pas à quel point je peux être bien. »

Elle réalise qu’elle a vécu sa vie à toute vitesse. Sans prendre le temps d’en jouir. « Je travaillais 60 à 70 heures par semaine. Même en vacances, je n’en profitais pas. Je me projetais toujours au lendemain. Où je devrais me rendre, ce que je devrais visiter. Se projeter tout le temps comme ça, ce n’est pas des vacances. »

Une marche au rythme de la vie

Elle découvre que la marche lui fait prendre un autre rythme. « Je prends le temps de goûter aux petits bonheur de la vie. Les bourgeons commencent à éclore. Je remarque les tons de vert des feuilles d’arbres. En voiture, je n’aurais rien vu de tout ça. » Elle réalise le contraste : « Avant, je croyais que j’étais bien, mais ce n’était pas vrai. Aujourd’hui, j’aime ce que je vois, ressens et vis. »

” Je n’en reviens pas à quel point je peux être bien. Je retrouve l’enfant en moi et m’émerveille de tout. J’ai l’impression d’être à la bonne place, au bon moment”, de confier Maureen Vachon. (photo : Sébastien Michon)

Accompagnée par d’autres marcheurs

Des citoyens de la région, qui ont entendu parler de la marche dans les médias nationaux, ont décidé de spontanément se joindre à elle. C’est ainsi que deux femmes ont marché avec elle de Granby à Waterloo. Elle a eu de la compagnie entre Lawrenceville et Valcourt. Deux autres personnes l’accompagnent aussi entre Richmond et Danville. « Ce sont de belles rencontres », signale-t-elle.

Elle communique toute son appréciation pour le soutien qu’elle reçoit d’inconnus sur les médias sociaux. « Ça me remplit le cœur de lire tous les beaux messages que les gens me laissent sur Facebook. Je ne marche pas pour recevoir de beaux compliments, mais ça me donne du courage. »

Maureen Vachon accompagnée d’une autre marcheuse de la région. (photo tirée de la page Facebook de Maureen Vachon)

Deux objets qui accompagnent le voyage

La marcheuse montre deux objets symboliques qui l’accompagnent dans son voyage. Sur son manteau, elle a accroché une grenouille en peluche offerte par sa sœur. Un objet qu’elle laissera à Cap-Gaspé pour que sa sœur vienne un jour le chercher.

Elle porte aussi sur elle une pierre, qu’elle a ramassée dans une platebande de la Maison St-Raphaël. Une maison de soins palliatifs et un centre de jour où elle souhaite terminer ses jours. Les formes et couleurs du caillou lui rappellent les étapes de sa vie.

« Une boule de chaleur dans mon cœur »

Ce qui frappe lorsqu’on rencontre Maureen Vachon, c’est sa résilience, sa bonne humeur et l’immense gratitude qu’elle exprime constamment pour tout ce qui lui arrive. En montrant son cœur, elle témoigne : « On dirait que j’ai toujours une boule de chaleur ici. Je déborde. Mon corps n’est pas assez grand pour tout prendre ça. »

« Je ne suis plus un cancer »

Avec beaucoup d’émotion, elle exprime : « Je ne suis plus un cancer. La vraie Maureen est revenue. Je retrouve l’enfant en moi. Je m’émerveille de tout. J’ai l’impression d’être à la bonne place, au bon moment. » Elle confie qu’elle aurait aimé vivre de cette façon avant. « Je souhaite dire aux gens : n’attendez pas qu’il soit trop tard. Faites-le maintenant. »

« J’ai la plus belle des fins de vie »

Du bout des lèvres, elle divulgue des détails sur sa condition physique. Elle a mal en permanence et ses os sont friables. Elle doit prendre de la médication quotidienne. Et s’il lui arrivait quelque chose en chemin? « Si je meurs, je vais mourir heureuse. Pas assise dans mon un et demi à regarder les autos passer. Penser enfin à moi, c’est le plus beau cadeau que je me suis fait. Apprécier ce qui m’arrive, c’est tout ce qu’il me reste à faire. J’ai la plus belle des fins de vie.»

 

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5 avis au sujet de « «J’ai la plus belle des fins de vie» »

  1. J’avais 10 ans et j’ai perdue ma mère beaucoup trop jeune (48 ans)… Grâce à Maureen, découverte grâce au groupe Québec Compostelle, je me sens privilégiée de la suivre sur FB. Grande dame au grand cœur résilient. Profites de chaque moments et, merci pour tes vidéos accompagnées de beaux messages. Reconnaissance et Gratitude… Buen Camino 😉

  2. Bonjour Maureen, Tu m’emmènes vers le plus beau des voyages. Ne jamais jamais jamais abandonner. Bonne route. Que du succès et du soleil plein le coeur.

  3. Merci pour votre partage si bienveillant .Je m’incline devant votre persévérance.Que cette marche vers vous ,soit de plus en plus remplie d’énergie gratifiante

  4. Je vous lève mon chapeau chère dame,vous êtes une exemple pour tous.La détermination et persévérance nous donne une leçon de vie.Bonne continuité.Bravo

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