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logo Moulin ExpressJe ne vais pas faire semblant que tout va bien ! Ce n’est pas parce que les perce-neiges, les jonquilles, les jacinthes, les tulipes et les iris se sont pointé le bout du nez, sans parler des pommiers, pruniers, cerisiers et lilas en fleurs que tout va pour le mieux. Je suis plutôt marabout. J’en ai contre ce temps pluvieux qui s’acharne à nous priver du soleil alors que nous en aurions tellement besoin pour oublier les misères de ce monde. Je sais, je sais, les provinces de l’ouest prendraient bien de nos pluies pour lutter contre leurs feux de forêt. Notre tour viendra bien d’ailleurs, ce n’est que partie remise. Et alors je me plaindrai de la trop grande chaleur et de l’arrogance du soleil. Je sais.

Je réalise bien que je suis difficile à satisfaire. À satisfaire ou à calmer. Parce que profondément j’en ai contre la vie ou contre le sort qui est jeté contre la mienne à un âge où je croyais mériter mieux. Je croyais avoir mené une bonne vie. Je le crois toujours d’ailleurs. Mais à y réfléchir, j’aurai vécu enveloppé dans la ouate lorsque je compare ce qu’auront été mes conditions de vie à celles d’une majorité des humains répartis sur notre boule bleue en train de passer au rouge.

Le hasard a voulu que je naisse au bon endroit, au bon moment. Je le réalise encore plus aujourd’hui. Ce qui, à l’occasion, ne m’a pas empêché de juger ma condition insatisfaisante au vu de ce que pouvait être celle des élites de tout acabit m’entourant. L’étalage indécent de leur richesse, les promesses de bonheur colportées par les médias et la publicité ont suscité l’envie. La quête d’un mieux-être, fût-il illusoire, devenait légitime et le souci d’autrui, secondaire. L’évolution récente du climat politique mondial me fait voir comment cette image d’une vie heureuse et sans histoire était en porte-à-faux. C’était faire abstraction de la misère, des envies et des besoins d’un trop grand nombre. C’était fermer les yeux sur l’arrivisme démesuré de petits et grands rois jaloux de leur royaume, de petits et grands dictateurs assoiffés de pouvoir, de richesses et de contrôle. Et faire la sourde oreille aux multiples guerres en cours.

Triste « état des lieux », j’en conviens. Devant ce sévère constat, les prouesses de tous ordres réalisées par l’espèce humaine ont de quoi surprendre. Je me demande comment les découvertes scientifiques ont pu être si importantes et souvent même déterminantes, malgré le climat politique qui les a vues naître. Et plus étonnant encore, comment en sciences sociales et politiques, le génie humain n’a toujours pas réussi à développer des modèles plus satisfaisants du vivre-ensemble ? Comment réduire, à défaut de pouvoir les éliminer, les injustices et les iniquités, l’exploitation à outrance des uns par les autres ?

Le modèle de la démocratie, croyait-on, allait y parvenir. Force est de constater que la formule n’est pas magique. Comment expliquer qu’elle soit en recul un peu partout dans le monde ? Travers immuables de l’espèce humaine ? Compétitivité devant l’éventail des richesses prétendument accessibles à tous ? Instinct de domination ? Enlisement dans la prolifération de lois et mesures pas toujours bien intentionnées ? Leur complexité ne les rend-elle pas intelligibles et gérables que par une élite d’experts ? Comment redonner à la démocratie son sens premier ? Je ne vivrai pas assez vieux pour répondre à la question. Mon tour est passé !

L’espèce humaine n’aime pas l’ennui. Et encore moins les mauvaises habitudes, dont celles des autorités trop longtemps en place. Trump réussit à faire oublier l’ampleur de sa richesse et son véritable dessein en faisant miroiter un changement radical de la répartition des pouvoirs tant politiques que juridiques. Il assure même qu’un remaniement de la gestion des affaires américaines garantira une richesse accrue pour tous. Il parle toutefois assez peu des impacts négatifs de sa formule magique. Il maitrise bien l’art de ne pas s’enfarger dans les détails et les nuances.

Et qu’en est-il de son acolyte Elon ? Comment réagir à la démesure de sa richesse ? Comment croire à son humanisme ? Il a à l’évidence un génie et une intelligence hors du commun. Dommage qu’il ne soit surdoué que pour la haute technologie et les affaires.

Si Musk nourrit des projets lunaire et martien, Trump se voit bien en dictateur ! À chacun ses ambitions.

L’emprise de leur discours s’explique en majeure partie par le mirage dont sont porteuses les promesses autant de l’un que de l’autre. On y fait miroiter aussi bien l’enrichissement des moins nantis que le renversement des élites dominantes. Ces mirages suscitent d’autant plus l’envie qu’ils sont magnifiés par un étalage narcissique de la richesse, du statut social et de la célébrité. Comment résister au rêve de faire partie de ce cercle d’initiés ?

À la réflexion, et tout bien considéré, je ne suis pas si malheureux. Misère !

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