La MRC du Val-Saint-François tenait ce mardi une consultation publique qui présentait le projet de règlement visant une cohabitation harmonieuse avec les activités minières sur le territoire. Il en ressort que 40 % du Val-Saint-François seraient protégés de l’exploration et de l’exploitation minières.
Mise en contexte
« Plusieurs régions du Québec vivent un boom de claims miniers incontrôlé depuis quelques années », stipule la Coalition QLAIM. Une publication du Ministère des Ressources naturelles et des Forêts démontre qu’il y avait 219 906 titres miniers actifs (ou claims) en juin dernier dans la province. Ces claims permettent à une entreprise d’avoir le droit exclusif d’explorer le sol, « malgré l’occupation par des propriétaires privés. »
Plus près de chez nous, le Canton de Cleveland et Saint-Félix-de-Kingsey ont été la cible de 32 claims miniers de la part d’Énertourbe en octobre 2020. Les deux municipalités avaient alors voté une résolution se positionnant contre un projet d’exploration ou d’exploitation minière sur leur territoire.
Cette recrudescence de la prospection minière n’est pas étrangère au fait que Québec souhaite se positionner « en tant que fournisseur mondial de batteries, de l’extraction minière jusqu’à la fabrication des composants clés. » La Stratégie québécoise de développement de la filière batterie va en ce sens.
Protéger le Val-Saint-François
Le projet de règlement 2021-03 de la MRC du Val-Saint-François vise donc à protéger une partie du territoire de l’exploration et de l’exploitation minière. Ces aires sont alors identifiées comme étant des territoires incompatibles avec les activités minières (TIAM).
Parmi ces TIAM, on retrouve les 19 installations de prélèvement d’eau souterraine, dont la station de purification de la Ville de Valcourt au lac Bowker et le système d’approvisionnement de l’école Notre-Dame-des-Érables à Sainte-Anne-de-la-Rochelle.
Les zones urbaines des 18 municipalités du Val sont aussi considérées en tant que TIAM. On inclut également dans le lot des terrains sur lesquels se tiennent des activités récréotouristiques intensives. Le Camping Havana Resort, à Maricourt, le Camping Plage McKenzie, à Racine et les 57 kilomètres du réseau cyclable de la MRC seraient donc à l’abri des projets miniers.
« Je ne peux inclure l’agrandissement du parc du Mont-Orford en TIAM, étant donné qu’on est en processus de création du parc national », a expliqué Karine Bonneville, responsable de l’aménagement et de l’urbanisme à la MRC.
La Loi sur les mines
Il s’agit du troisième dépôt de règlement de la MRC auprès du gouvernement du Québec. « Depuis 2019, on a fait deux tentatives de déposer un projet de règlement pour identifier notre schéma et nos TIAM. […] Là, on est à notre troisième processus. On a eu deux autres processus avant qui se sont avérés conflictuels », admet Mme Bonneville.
N’empêche que cette fois-ci serait la bonne, selon la directrice générale de la MRC, Geneviève Chiasson (notre photo d’en-tête). « On pense que si on dépose ça, on est pas mal certain qu’on va être accepté auprès du gouvernement. »
Avant d’être présenté à Québec, ce règlement le sera à l’ensemble des maires de la MRC lors de la séance du conseil le 15 février prochain. « On est en démarche stratégique et en début de révision du Schéma d’aménagement. On est aussi en révision du PDZA. Donc il y a un momentum très intéressant actuellement dans la MRC », confie, confiante, Mme Chiasson.
La province de Québec compte 22 mines actives et 36 projets miniers, tous situés sur la rive-nord du Saint-Laurent. Dans le sud du Québec, un seul site minier est en exploitation, soit celui de la Mine Cristal, à Bonsecours. Il s’agit toutefois d’une extraction artisanale et loin des procédés industriels qui sont la norme.
