Le Val-Ouest

La plus grande galerie d’art au Québec ouvrira ses portes à Melbourne

L’ancienne église historique St-Andrew’s de Melbourne, datant de 1841, trouve une nouvelle vocation. Elle accueille la galerie d’art Perkins qui ouvrira au public à partir du 18 mai prochain lors de la tenue du Salon Empreinte d’art. Selon les instigateurs, ce projet, déployé en plusieurs phases, devrait positionner cette galerie comme la plus grande en superficie au Québec.

Cette initiative voit le jour grâce au soutien financier de Serge Lyonnais et Lynda Bergeron, qui ont un pied à terre à Melbourne depuis une vingtaine d’années. Ceux-ci ont décidé de racheter l’ancienne église presbytérienne, située dans le cœur du noyau villageois du Canton de Melbourne, pour lui donner une deuxième vie.

Lynda Bergeron et Serge Lyonnais, acquéreurs de l’ancienne église. En compagnie du locataire des lieux : Danny Perkins de la Galerie Perkins.  (photo : gracieuseté)

Un des plus anciens lieux de culte de la région

L’église est le second plus ancien lieu de culte de la MRC du Val-Saint-François. Elle a été construite à partir de 1841 par des immigrants d’origine écossaise de foi presbytérienne.

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L’église Saint-Andrew’s n’est pas classée en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, mais elle est toutefois listée dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Le lieu est jugé d’importance pour le Canton de Melbourne qui a adopté, le 4 mars dernier, un avis de motion de citation. La municipalité a ainsi entamé des procédures afin de protéger l’immeuble en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel. « Le Ministère salue les démarches entreprises par la municipalité pour citer ce bien », signale Yanick Blouin, relationniste de presse du ministère de la Culture et des Communications.

Des investissement pour préserver le lieu

Le bâtiment a été en partie rénové ces dernières années. En 2014, le Conseil du patrimoine religieux du Québec a soutenu financièrement les Trustees St-Andrew’s Presbyterian Church pour la restauration de la toiture, du clocher et de la maçonnerie. Ainsi que pour l’installation d’un système-incendie. Pour un montant total de 358 687 $. Des travaux terminés en 2017.

Au cours des derniers mois, les nouveaux acquéreurs ont eux aussi investi d’importantes sommes pour continuer à rénover le bâtiment.

Le galeriste et artiste Danny Perkins a saisi l’opportunité de louer les lieux et de participer à leur réutilisation. Il y a transféré sa galerie, qui était auparavant située au Carré à Danville depuis 2020. « Nous étions limités à cet endroit. Ici, c’est beaucoup plus impressionnant », résume-t-il.

L’artiste et galeriste Danny Perkins, propriétaire de la Galerie Perkins, souhaite que le lieu soit ouvert à la communauté et devienne une destination touristique.  (photo : Facebook)

Église représentée sur les billets de 2 $

L’église a connu son « heure de gloire » entre 1954 et 1975 alors qu’elle figurait sur un paysage à l’endos des billets canadiens de 2 $. Le photographe du gouvernement canadien aurait été inspiré par Frederick Simpson Coburn (1871-1950). Un artiste et illustrateur de renom né à Melbourne et dont la famille a fréquenté l’église.

L’ancienne église presbytérienne de Melbourne a été rendue célèbre par une représentation d’un paysage de la région sur l’endos du billet de 2 $ canadien en circulation de 1954 à 1975. (crédits photos : Numismatic Photographs)

« Un projet respectueux »

Le propriétaire et le locataire ont donc pris bien soin de rénover l’église en respectant son caractère historique et patrimonial. « L’espace est incroyable. Nous avons conservé l’architecture originale pour la mettre en valeur autant que possible. Tout en la modernisant un peu », expose Danny Perkins.

Bien que le bâtiment ait été préservé grâce à des investissements du ministère du Patrimoine, l’intérieur avait tout de même besoin d’un peu d’amour. « La dernière fois qu’on a peinturé, ici, c’était dans les années 1960. Le plafond était noir », relate le galeriste.

Bien que l’aménagement n’ait pas encore été terminé lors de la visite du Val-Ouest, au début mai, on remarque la mise en valeur de l’architecture originale. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Un projet qui plait à Héritage du Val-Saint-François voué à la préservation du patrimoine bâti de la région. « C’est un projet respectueux du caractère et de l’authenticité du bâtiment, qui sont remarquables », fait savoir Laurent Frey, président de l’organisme.

Selon lui, ces rénovations « donnent maintenant un accès visuel total de la nef et en révèlent les agréables proportions. » Laurent Frey croit qu’il s’agit d’un sort qui serait souhaitable pour d’autres anciens lieux de culte pour lesquels on souhaite éviter la démolition. « Le bâtiment va rester un lieu ouvert au public qui pourra en admirer l’élégante modestie presbytérienne », ajoute-t-il.

Les travaux de restauration de l’ancienne église sont respectueux du patrimoine. Un sort «souhaitable pour d’autres anciens lieux de culte pour lesquels on souhaite éviter la démolition », selon le président d’Héritage Val-Saint-François, Laurent Frey.  (photo : Héritage du Val-Saint-François)

Mise en valeur des objets anciens

Les bancs d’église, en noyer cendré, ont été récupérés pour créer des moulures et de la finition. Une partie du bois a aussi été remis à certains artistes qui créeront des oeuvres. Comme une artiste de Victoriaville, qui a fabriqué des stylos.

Certains objets anciens seront éventuellement exposés dans un « mini-musée » au sein de la future institution. Par exemple : le banc d’église de la famille Coburn, un livre de dîmes des années 1800 ou de vieilles pièces de monnaie retrouvées sous le plancher.

L’artiste et illustrateur Frederick Simpson Coburn (1871-1950), originaire du Canton de Melbourne, est entre autre connu pour sa série de peintures représentants des chevaux qui tirent des billes de bois (image du haut). Une oeuvre rend hommage à son travail au parc Coburn de la municipalité. La Galerie Perkins souhaite mettre en valeur certains objets retrouvés lors de la restauration, dont le banc d’église réservé à la famille Coburn.  (photo : Municipalité du Canton de Melbourne)

Création d’un jardin d’art

Le terrain de cinq acres, qui jouxte l’église, a lui aussi été acheté par Serge Lyonnais et Lynda Bergeron. Ils souhaitent le transformer en jardin d’art. Une approche qu’on voit ailleurs au Canada et aux États-Unis. Par exemple, le jardin de la galerie d’art Oeno, situé en Ontario. « On ne voit pas ça encore au Québec. Nous souhaitons que ça devienne un attrait touristique pour la région. Que les gens de la communauté et les touristes puissent s’y promener gratuitement, avoir du plaisir et participer à des activités », espère Danny Perkins.

Une initiative accueillie avec enthousiasme par Tourisme Val-Saint-François qui relève de la MRC du Val-Saint-François. « Cette galerie vient agrémenter l’offre touristique du territoire déjà axée sur la culture, le patrimoine, le plein air et l’agrotourisme. C’est donc un bel ajout pour les visiteurs qui feront une randonnée dans le secteur du Canton de Melbourne », affirme Ana Rosa Mariscal, agente aux communications et aux relations publiques à la MRC.

La première phase de l’aménagement du jardin d’art débutera au cours de l’été 2024. Une seconde phase devrait suivre l’année prochaine. On y installera ensuite des œuvres d’art. « Il y en aura de toutes sortes à vendre. Les gens pourront obtenir des informations en scannant un code QR. Certaines de ces oeuvres seront monumentales, comme un cheval de 14 pieds en acier inoxydable », prévoit Danny Perkins.

On aperçoit, à gauche de la galerie, le Musée de la Société d’histoire de Richmond. Le futur jardin d’art sera situé à droite, de l’autre côté de la clôture, qui sera enlevée.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Collaborations avec des partenaires locaux

La Galerie Perkins vise développer d’étroites collaborations avec des partenaires locaux, tel que le Marché champêtre de Melbourne, situé à quelques enjambées. Ainsi qu’avec son voisin immédiat, le Musée de la Société d’histoire du comté de Richmond. « Le Marché va nous amener du monde et nous amèneront du monde au Marché. Même principe pour le Musée. Nous allons vraiment travailler ensemble pour attirer des gens ici. »

Un fait confirmé par Alexandra Pinsard, chargée de marketing et coordonnatrice du Marché champêtre de Melbourne. « Nous sommes ravis d’avoir de nouveaux voisins et sommes déjà en contact avec eux. L’agriculture et l’art reflètent bien la richesse de notre territoire. Nous souhaitons mettre en commun nos atouts afin d’offrir aux visiteurs une belle expérience dans ce secteur de Melbourne. »

Par certaines fenêtres de la galerie d’art, on aperçoit le Marché champêtre de Melbourne, situé tout près.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Cours d’arts, ateliers libres et location de salle

Le nouveau locataire aménage aussi une salle pour offrir des cours d’arts à la communauté : céramique, verre fusion, peinture à l’huile, acrylique, etc. «Nous aurons aussi des ateliers libres. Par exemple, une personne qui voudrait venir peindre et socialiser avec le public aura la possibilité de venir ici. Nous essayons de rendre ça très communautaire », fait savoir Danny Perkins.

De même, si la communauté montre de l’intérêt, Danny Perkins se dit ouvert à la location de salles pendant la saison hivernale. Il mentionne que le propriétaire évalue d’ailleurs la possibilité de doter les lieux d’un système géothermique pour remplacer l’actuel système de chauffage au mazout.

Ouverture lors du Salon Empreinte d’Art

L’ouverture officielle des lieux se fera lors de la tenue de la deuxième édition du Salon Empreinte d’Art qui se déroulera du 17 au 20 mai. Bien que le programmation débute le 17 mai, le site ne sera accessible au public qu’à partir du 18 mai. La journée du 17 mai est sur invitation seulement.

Il s’agit d’une activité artistique multidisciplinaire qui réunira des artistes et galeries principalement du Québec et de l’Ontario, mais aussi d’ailleurs au Canada et des États-Unis.

Un salon d’art et un événement familial

« La vision de ce salon, c’est de créer un événement unificateur qui favorisera la découverte et l’art sous toutes ses formes : peinture, sculpture, photographie, mode, etc. », partage le porte-parole et créateur de mode Jean-Claude Poitras.

La femme d’affaires Pyer Lyne Deslauriers, propriétaire du Golf et Chalet Le Belle-View à Richmond, est quant à elle présidente d’honneur.

Jean-Claude Poitras (haut) et Pyer Lyne Deslauriers (bas) sont respectivement porte-parole et présidente d’honneur du Salon Empreinte d’Art.  (photos : Salon Empreinte d’Art)

« Ce sera un salon d’art, mais c’est important pour nous d’en faire aussi un événement familial. Il y aura des activités pour toute la famille. Par exemple, Jean-Claude Poitras participera à une activité de dessins avec les enfants », précise Danny Perkins.

Empreinte d’Art sera ponctuée par un méchoui caritatif, organisé le samedi en fin de journée par Serge Lyonnais et Lynda Bergeron. Les fonds recueillis iront à la Fondation Charles-Bruneau.

Une des plus imposantes galeries de la province

Lorsque ce projet sera terminé, le site devrait être parmi les plus imposants de la province. « On a 8000 pieds carrés dans l’église. Et le jardin artistique de cinq acres fera lui aussi partie de la galerie. Même le Musée des Beaux-arts de Montréal n’a pas autant de terrain. D’ici deux à trois ans, nous devrions être la plus grosse galerie d’art en superficie au Québec », s’enorgueillit Danny Perkins.

 

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