Depuis cinq ans, Richmond, Canton de Melbourne, Kingsbury, Cleveland et Ulverton font désormais partie de ce qu’on appelle le « Pays de l’ardoise ». Une destination qui trouve de plus en plus sa niche au sein de la région touristique du Val-Saint-François ainsi que de celle des Cantons-de-l’Est.
« Un ensemble historique, paysager et patrimonial cohérent »
L’appellation « Pays de l’ardoise » a d’abord été créée en collaboration avec le Musée de l’ardoise. « Nous avons essayé de « brander » la région quand le musée a voulu accueillir des visiteurs en autobus. Le travail fait par le musée au cours des 40 dernières années montrait que les cinq municipalités de la région ont tous un lien avec l’ardoise. Et surtout une connexion physique avec la rivière Saint-François. Il y a ici un ensemble historique, paysager et patrimonial qui est cohérent. Nous sommes autre chose qu’un point sur une carte touristique», marque d’emblée Laurent Frey, directeur général de la Corporation du Pays de l’ardoise.
Son propre bureau d’accueil touristique…
Non seulement cette région du Val s’est-elle définie sa propre image de marque, mais elle possède, depuis trois ans, son propre bureau d’accueil touristique au centre-ville de Richmond. Un projet issu des efforts d’un groupe de citoyens qui avait à cœur la valorisation de la région et la revitalisation du centre-ville.
… puis devenir une région touristique
Il y a quatre ans, le bureau a d’abord été logé au Musée de l’ardoise puis dans un premier local du centre-ville. Question de tester la formule. Qui a tellement bien fonctionnée que le groupe a décidé d’aller un peu plus loin. « Nous avons convoqué l’ensemble des acteurs touristiques de la MRC à une soirée. En leur disant : nous pensons que notre région peut devenir une région touristique. C’était quand même assez audacieux », reconnaît Laurent Frey.
Reconnu par Tourisme Cantons de l’Est
Le groupe devient alors la Corporation du pays de l’ardoise. Avec l’appui des municipalités et de plusieurs acteurs touristiques, l’équipe décide alors d’un deuxième grand coup. Cogner à la porte de Tourisme Canton de l’Est pour devenir bureau touristique agréé. « C’était en pleine Covid. On nous avait convoqués à une rencontre sur Zoom avec toute l’équipe de Tourisme Cantons-de-l’Est. Nous étions prêts car nous avons toujours cru qu’il y a quelque chose d’unique et de spécial, ici. Qui est déjà là, sans être obligé de l’inventer. » Résultat : leur demande a été acceptée.
Seul bureau touristique du Val-Saint-François
La ville de Richmond appuie financièrement le projet par une contribution financière annuelle ainsi qu’en fournissant gracieusement un local au centre-ville. Qu’elle a entièrement rénové à ses frais. La ville compte ainsi le seul bureau d’accueil touristique qui a pignon sur rue dans le Val-Saint-François.
Un projet citoyen
« Nous avons confié trois mandats à la Corporation du pays de l’ardoise : la redynamisation du centre-ville, l’attractivité et le développement économique. La Ville reçoit ainsi en continu des recommandations. Qui viennent non seulement alimenter sa réflexion, mais aussi son plan d’action dans la mise en œuvre du plan particulier d’urbanisme (PPU) du centre-ville. Nous nous assurons aussi que la population est partie prenante des recommandations. Puisque la Corporation maintient continuellement des forums de consultation et d’échange avec cette dernière », indique Rémi-Mario Mayette, directeur général de la ville de Richmond.
La proximité avec les citoyens est justement une caractéristique propre à ce bureau touristique. « Tourisme Cantons-de-l’Est nous a dit que nous sommes le seul bureau géré par des citoyens en Estrie. C’est aussi le seul bureau touristique qui est un tiers lieu. C’est-à-dire que nous abritons aussi une galerie d’art et un lieu de réunion. Il y a ici une effervescence et du mouvement», soutient Laurent Frey.
Le site devient aussi, tous les vendredis de l’été, un lieu prisé pour la tenue des «Vendredis en folie», des spectacles extérieurs à la Place René-Thibault, juste à côté.
Plusieurs portes d’entrée pour le Val
Bien que le Pays de l’ardoise se soit défini comme pôle d’attraction touristique, la MRC du Val-Saint-François ne souhaite pas reproduire une stratégie semblable pour l’ensemble de la région. « Nous ne visons pas à promouvoir le territoire par pôle. Notre territoire n’a pas de municipalité centre. Chaque secteur agit naturellement comme un point d’information touristique. Si on pense à des attraits comme le Musée de l’ingéniosité ou le Parc historique de la Poudrière de Windsor. Il y a plus qu’une porte d’entrée dans le Val. C’est la raison pour laquelle nous encourageons les attraits à être les ambassadeurs du territoire », expose Ana Rosa Mariscal, conseillère en communications à la MRC.
Pas de bureau touristique régional en vue
La MRC n’a pas non plus comme intention de rouvrir un bureau d’accueil touristique. Comme celui qui existait, il y a plus de 10 ans, à la Halte routière de Melbourne, à la sortie 85 de l’autoroute 55. « Le manque d’achalandage, les coûts élevés en ressources, tant financières qu’humaines, ont malheureusement eu raison de la fermeture du bureau. Nous avons revu notre stratégie d’accueil afin de s’aligner sur l’utilisation de plus en plus fréquente du web par les visiteurs. Ces derniers consultent et planifient leur séjour par l’entremise des sites internet et des plateformes de voyage. Les médias sociaux sont aussi un incontournable.»
Mémoire vivante
La Corporation du Pays de l’ardoise soutient actuellement un autre groupe de citoyens, Richmond histoire & coopération. Ce dernier souhaite entre autres mettre en valeur l’histoire ferroviaire de la région.
Elle collabore aussi à un projet de mémoire vivante. C’est-à-dire d’enregistrer les témoignages de gens qui racontent, à partir de leur point de vue, l’histoire de la région. « Souvent, on utilise les mêmes textes sur ce qui s’est passé dans l’histoire. Alors que c’est bien plus riche que ça », rappelle Laurent Frey.
Cœur villageois
Prochaine action? Soutenir les actions de la ville de Richmond pour être reconnue « Cœur villageois ». La ville a signé l’an dernier une entente à cet effet avec Tourisme Cantons-de-l’Est. « Ça s’obtient dans un délai de cinq ans. Un comité de citoyens se réunissent et essaient de réinventer la ville. Ce qui est une première dans l’histoire de la municipalité. » Actuellement, 10 municipalités de l’Estrie ont obtenu cette appellation.
Un travail complémentaire au PPU dont s’est récemment dotée la ville. «Quand nous aurons terminé ce travail, le centre-ville devrait être un actif touristique», croit Laurent Frey.
« La Ville est attirante »
Les impacts commencent d’ailleurs à se faire sentir, selon la municipalité. « On remarque que la Ville est attirante à plusieurs égards. Dont le parc Gouin, le Musée de l’ardoise, le kiosque nautique et le club de golf, notamment », remarque Rémi-Mario Mayette.
Embauche d’étudiants pendant l’été
Chaque été, la Corporation embauche trois étudiants pour accueillir les touristes. L’an dernier, l’organisme a d’ailleurs été reconnu comme «Employeur de l’année» pour l’accueil d’étudiants dans le cadre du Trio Desjardins pour l’emploi. « Nous prenons soin des jeunes et nous voulons qu’ils apprennent quelque chose », souligne Laurent Frey.
C’est le cas de Justin Hamel, un étudiant qui travaille tout l’été au bureau d’accueil touristique. « Il y a beaucoup d’activités à découvrir. Je vis ici et je connais relativement bien la ville et les choses à faire. Je trouve ça intéressant à expliquer », dit-il.
Même s’il est originaire de la région, Justin Hamel redécouvre son coin de pays grâce à son travail d’été. « Par exemple, le marais de Kingsbury. J’y étais déjà allé, mais j’avais oublié que ça existait. Ou encore le Gite de l’horloge cassée et Gite du Petit Canton, à Melbourne. Je passe souvent devant, mais je n’avais pas fait le lien que c’était des endroits où on pouvait dormir et s’héberger. »
« Ça va être une bonne année »
La saison touristique s’annonce d’ailleurs florissante. « Cette année, nous avons vu un afflux plus tôt. Étonnamment, dès le mois de mai, c’était déjà achalandé. Si la météo ne nous fait pas de surprise, ça va être une bonne année », croit Laurent Frey
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