Je lis beaucoup de récits d’aventures, mais je ne suis pas du genre à vouloir faire comme mes idoles. J’essaie de vivre mes propres aventures et faire mes propres choix, mais s’il y a bien une chose que j’ai retenue, c’est que l’aventure commence quand on sort de sa zone de confort.
Et pour moi, mon lit est pas mal une bonne zone de confort. J’y suis au chaud, au sec, à l’abri et c’est facile d’y rester. (Vous voyez où je veux en venir.)
Le projet
J’aimerais faire de belles photos de bernaches avec le soleil levant sur le lac. J’imagine les silhouettes qui se dessinent en ombres chinoises, avec le soleil perçant au travers des pins et se reflétant sur l’eau miroir.
Pour faire des photos au soleil levant, il faut souvent être debout avant le soleil, logique. Et c’est là que pour moi va commencer mon aventure. Devoir me lever tôt. Très tôt.
Une bonne préparation
La veille, je prépare mon kayak et toutes mes affaires. Appareil photo, jumelles, ma veste de flottaison, de la corde, ma pagaie (plus une petite de secours), des serviettes, ma bouteille d’eau, quelques barres tendres et mes habits pour être au chaud et si possible au sec.
Pour ce qui est du lieu, je retourne au marais que je connais bien. Je l’ai exploré un nombre incalculable de fois. Je sais quelles espèces s’y trouvent, je commence à connaître certaines de leurs habitudes, je sais comment m’y déplacer. Cet endroit est toujours dans mes pensées. J’y ai vécu des moments très forts.
Je me couche tôt, la tête pleine de rêve.
Le réveil
3h40, le réveil sonne.
Et que c’est dur. Le premier réflexe de mon cerveau est de vouloir me protéger et j’essaie de trouver toutes les excuses possibles pour rester au lit :
« Tu iras ce soir pour le coucher du soleil, c’est presque pareil. Reste encore un peu au lit, au pire ce n’est pas grave. Rendors-toi, juste 5 minutes de plus. Est-ce que tu as vraiment envie de te lever pour aller photographier des bernaches ? Des photos de bernaches, tout le monde en a déjà vu. »
Je commence à me connaître et je sais qu’il faut agir vite. Je me redresse, enfile mon chandail et me voilà dans la cuisine. Cette bataille interne aura quand même pris du temps. Mais j’ai réussi à m’extirper du lit. Je prépare mon petit déjeuner et j’en profite pour regarder une petite vidéo pendant que je mange. Et là s’en vient la deuxième bataille avec mon cerveau.
« Ne t’habille pas, remonte te coucher! Ton kayak est lourd, ça va être dur de le débarquer de la voiture, la couette est plus légère. De toute façon, tu ne verras rien sur le lac. D’autres photographes avant toi ont déjà fait bien mieux que toi. »
Je fais taire cette voix pour essayer d’écouter celle qui murmure dans le fond, celle qui me pousse à y aller et à continuer de faire ce que j’aime même si c’est difficile, parce que je sais qu’au final, c’est la bonne chose à faire pour moi.
Me voilà enfin dehors, à partir de ce moment, il n’y a plus de retour en arrière. Pour moi, j’ai déjà réussi mon aventure. J’ai quitté ma zone de confort, je me suis levé très tôt et c’est une belle victoire.
J’arrive enfin au lac. Je débarque mon kayak dans le noir complet et je prépare toutes mes affaires. J’ai répété ces gestes des dizaines de fois et c’est presque devenu un automatisme.
Me voilà sur la berge, il y a une brume épaisse et je sens un petit vent frais et l’humidité qui viennent me saisir et me rafraîchissent. Je sais que je ne verrais pas le lever de soleil, vu la météo, mais j’aime me retrouver dans ce genre d’ambiance. J’aime être dehors quand les éléments sont contre moi.
J’embarque sur le kayak et une fois au milieu du lac, je ne distingue plus rien de ce qu’il y a autour de moi. J’arrive à apercevoir la cime des arbres au-dessus de la brume. Heureusement que je connais l’endroit et je m’y repère facilement. Au loin, je distingue des formes. Je m’y dirige lentement mais sûrement. Je regarde au travers des jumelles et je distingue tout un groupe de bernaches.
Je les observe et j’essaie tant bien que mal de faire des images malgré le peu de lumière et l’embarcation qui bouge.
Le résultat
Finalement, je vais vivre un moment incroyable avec les bernaches. Je repars avec des images magnifiques. Je suis content de la série de photos que j’ai réalisée. Je suis fier de m’être levé si tôt et d’avoir saisi cette belle opportunité. Si j’avais écouté la petite voix qui me disait de rester au lit, j’aurais manqué ce moment. Mais aussi, j’ai eu la chance de vivre une aventure simple, proche de chez moi et dont je suis fier.
On se voit dehors!
Thibaud
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