Le Val-Ouest

Le variant XBB.1.5 et moi

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Me voilà membre de la confrérie des contaminés de la COVID 19. L’envahisseur est vraisemblablement le variant XBB.1.5 de la famille Omicron. Mis à part son nom et le fait qu’il se propage rapidement, j’en sais très peu sur cet envahisseur éventuellement mortel. Si je suis là pour en parler c’est que je m’en serai tiré indemne, jusqu’à preuve du contraire. Pour le moment, ça va, mais on ne sait jamais avec ce type d’agression. C’est un peu comme pour le « viRusse ». On me pardonnera ce jeu de mots trop facile !

Cette infection aura été l’occasion d’un bizarre voyage intérieur. Si l’arrivée du printemps m’avait sorti de ma torpeur hivernale, XBB.1.5 m’y a replongé de curieuse façon. Je réalisais soudainement qu’on n’échappe pas plus au cycle des saisons qu’à la finitude de sa vie. Je n’avais aucune raison d’anticiper une mort prochaine. Quoique ! Le pénible souvenir des hôpitaux débordés, des innombrables malades suspendus entre la vie et la mort aux soins intensifs ou celui de l’hécatombe survenue dans de nombreux CHSLD en début de pandémie a refait surface. Malgré mes cinq vaccins, j’étais frappé. Je me parlais intérieurement pour me rassurer. Vacciné, au pire j’aurais droit à la poussée de fièvre, aux courbatures et aux frissons qui l’accompagnent, au mal de bloc, au nez qui coule, à la gorge irritée, et fort probablement à la perte d’odorat doublée de sa pénible conséquence, la perte du goût. Ça n’a pas manqué, j’ai eu droit au service complet. Et parlant de service, j’ai perdu celui de ma douce, conséquence de ma mise en isolement. Qu’à cela ne tienne, je suis un homme, j’ai traversé d’autres « grippes d’homme », je passerai au travers, me disais-je.

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Et pourtant ! Je n’ai pu m’empêcher de penser à la mort. Avec le temps qui passe et les années qui s’empilent sur mes épaules, difficile d’en ignorer le rappel que ne manquent pas de nous servir plus ou moins subtilement les aléas de la vie. Ce n’était pourtant pas une pensée envahissante. Pour tout dire, je ne réalisais pas vraiment qu’une telle pensée m’habitait. Un freudien dirait qu’elle était dans le préconscient, à mi-chemin entre l’inconscient et la conscience. C’est bien la première fois que j’avais le sentiment de surprendre mon préconscient en action. J’ai d’ailleurs toujours douté de son existence, le tenant pour une vue de l’esprit. Une vue de l’esprit permettant de combler un vide dans la compréhension du jaillissement de la pensée. Il s’est passé ce drôle de phénomène où soudainement a surgi en moi une forme d’espoir. C’est comme si tout à coup, sans avoir rien demandé, j’avais été aspiré par la vie. Mais pour reprendre espoir, il fallait bien que je l’aie perdu un peu, consciemment ou pas.

Le plus intéressant dans cette histoire, c’est cette expérience du retour à la vie comme à une sorte de renaissance. J’étais soudainement heureux, un peu euphorique même, comme saoulé par la vision d’un horizon porteur de bonheur. Avec le recul, je me dis que je devais être encore un peu fiévreux. Mais fiévreux ou pas, cette éphémère vision m’a fait du bien dans la traversée de ma covidienne virée.

Comme tous mes semblables, je n’aurai pas échappé à l’usure du temps, cette sournoise transformation que l’on subit sans trop s’en rendre compte. Au fil des jours, je me suis adapté à la lente transformation de mon corps, ce véhicule spatial d’une admirable complexité et aux innombrables ressources, mais qui a ses limites dont celle non négligeable de n’être pas éternel. Il se sera renouvelé aux 15 ans, en moyenne, si bien que j’en serais à mon cinquième, voire mon sixième modèle ! Pour ces raisons, je suis en quelque sorte étranger à moi-même. Curieusement, par ailleurs, deux appendices continueraient de grandir tout au long de la vie, le nez et les oreilles. Malheureusement cette croissance n’améliore en rien mes sensibilités olfactive et auditive. Enfin, la loi des moyennes voudrait que l’on passe trois balises marquantes sur le parcours du vieillissement, soit à 34, 60 et 78 ans. J’aurais donc passé le dernier cap, mais n’ai hélas aucune raison valable de croire que j’aurais pour autant cessé de vieillir. Mon inconscient, bien au fait de cette inéluctable transformation, se chargerait-il d’en surprendre ma conscience chaque fois que l’occasion s’en présente ?

Je ne sais pas encore très bien comment expliquer ce vagabondage de ma pensée. Aussi, je m’étonne d’avoir éprouvé le besoin d’expliquer, si ce n’est de justifier, cette soudaine euphorie ressentie lorsque je me suis surpris à goûter jusque dans ma chair le plaisir d’être vivant, d’encore exister. Un peu curieux, non ?

La vie ne tient peut-être qu’à un fil, mais je sens bien que je vais continuer encore pour un temps de m’y accrocher.

Lire la chronique précédente : Le grand cycle de mes saisons

 

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