Même s’ils travaillent à temps plein, de plus en plus de Québécois sollicitent de l’aide de la part des banques alimentaires. Cette augmentation est observée depuis les derniers mois au Centre d’action bénévole (CAB) Valcourt et région ainsi qu’à la maison de la famille Les Arbrisseaux, à Windsor.
« Dans la dernière année, on a eu plus de 45 % d’augmentation des bénéficiaires » du dépannage alimentaire, confie Claudia Belzile, directrice du CAB Valcourt et région. Cette hausse est apparue soudainement en mai dernier, alors que le Québec se déconfinait et que le prix de plusieurs biens de consommation – dont l’essence – subissait une flambée.
À Windsor, la maison de la famille Les Arbrisseaux a connu une même recrudescence de bénéficiaires au même moment. « Quand on a commencé, on faisait environ une aide ou deux par semaine. Depuis cet été, ça a commencé à augmenter. On parle de 10 à 12 aides alimentaires d’urgence par semaine », relate Marie-Claude Tardif, directrice générale.
Aide de Québec
C’est pour répondre à ces besoins croissants des banques alimentaires que le gouvernement du Québec a annoncé une aide d’urgence de 6 M $ la semaine dernière. Moisson Granby a reçu 250 000 $ pour agrandir ses infrastructures, tandis que Moisson Estrie, à Sherbrooke, 65 000 $ pour un espace d’entreposage.
Étant des membres affiliés du réseau des Banques alimentaires du Québec, le CAB Valcourt et région et la maison de la famille Les Arbrisseaux espèrent pouvoir bénéficier des retombées de cette annonce éventuellement.
« Il y a une augmentation du besoin, mais on n’a pas toujours nécessairement les ressources pour y répondre », se désole Claudia Belzile du CAB Valcourt et région. La coordonnatrice des services alimentaires du centre, Louise Girard, doit réduire les dépenses du mieux qu’elle le peut. « Vu l’augmentation de la demande, Louise surveille les circulaires. Ça nous coute plus cher à nous aussi », poursuit Mme Belzile.
Dons des entreprises
Heureusement, le CAB peut compter sur les dons de denrées du IGA Ouimette Fille et Fils. Le supermarché lui cède ses surplus de viandes, de boulangerie et de fruits et légumes. Ce sont plutôt les grosses entreprises alimentaires qui ont moins de stock invendu à distribuer aux organismes.
« Elles n’ont plus de surplus. Elles réussissent à tout vendre ce qu’ils produisent, donc elles ne peuvent plus donner leurs surplus aux grandes banques alimentaires [telles que Moisson Estrie], qui, elles, fournissaient les petites banques alimentaires comme nous. Tout ce qu’on recevait de denrées sèches avant, on n’en reçoit plus », s’étonne Claudia Belzile.
Travailleurs sans le sou
L’autre nouveauté qu’a pu remarquer la directrice du CAB est que parmi les 96 bénéficiaires du dépannage alimentaire en 2021-2022, plusieurs étaient des travailleurs à temps plein. C’est cette clientèle qui aboutit souvent à la maison de la famille Les Arbrisseaux pour obtenir une aide d’urgence.
« Elles travaillent à temps plein et ne peuvent pas se rendre au rendez-vous pour recevoir l’aide alimentaire parce que c’est le jour. Étant donné qu’elles sont en difficulté financière, elles peuvent pas se permettre de manquer une journée de travail pour aller demander de l’aide alimentaire. C’est comme une roue insidieuse qui font qu’elles ont moins d’aide », a pu observer Marie-Claude Tardif auprès de mères monoparentales.