Le Val-Ouest

Les friches gagnent du terrain dans le Val

« Plus de 50 % des terres sont achetées par des gens qui ne vivent pas de l’agriculture », mentionnait Michel Brien à l’occasion de la 90e assemblée générale annuelle de l’UPA-Estrie, le mois dernier.  Or, ce chiffre ne s’élevait qu’à 9 % en 2010. L’exode urbain, exacerbé par la pandémie, touche directement le Val-Saint-François.

« Il y a beaucoup de monde qui vient s’installer en campagne et qui n’a pas l’intention de cultiver. C’est toutes des terres qui ont été défrichées par le passé, avec les moyens qu’il y avait, pour subvenir à nos besoins », s’inquiète Arianne Séguin Verner.

La jeune femme, copropriétaire de la ferme maraichère Le domaine Les Cèdres à Racine, parle en connaissance de cause. « Moi, où j’habite, c’était à l’abandon quand on a acheté. […] Il a fallu qu’on ouvre les parcelles. C’était vraiment pas évident. »

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Paradoxalement, « si on a été capable d’acheter ici, c’est probablement parce que c’était abandonné, puis que la valeur était vraiment faible », admet celle qui siège sur le Comité agricole de la municipalité de Racine.

Une terre, c’est cher

« Le prix des terres exacerbe les problèmes d’accès à la terre pour la relève », reconnait Michel Brien qui, outre son rôle de président de l’UPA-Estrie, est aussi copropriétaire de la ferme Mylixy, à Racine.

C’est là l’un des gros dilemmes que vivent actuellement les jeunes qui voudraient se lancer en agriculture. D’un côté, les terres agricoles sont hors de prix, alors que de l’autre, certaines sont laissées à l’abandon.

« La remise en culture de ces terres-là, ça demande vraiment beaucoup de travail, puis il y a des jeunes qui veulent cultiver. Il y a un non-sens en quelque part », poursuit Arianne Séguin Verner.

Un tableau de données indique la répartition des friches dans la MRC.
Dans ce tableau, on observe que la municipalité de Bonsecours comporte 122 friches totalisant 187 hectares. Cette superficie représente 8 % des 1149 friches de la MRC. Source : PDZA 2016-2021 de la MRC du Val-Saint-François

En friche pour une bonne raison

Ce non-sens soulevé par Mme Séguin Verner est partagé par d’autres producteurs agricoles. C’est ce qu’a pu constater l’agente de maillage Arterre à la MRC, Marypascal Beauregard, lors des rencontres en vue de la révision du PDZA.

Celle-ci note toutefois que la qualité des terres en friche laisse parfois à désirer. « Dans mes dossiers d’Arterre, quand quelqu’un me dit : ‘Hey, j’ai de l’espace pour un petit projet d’agriculture intensive!’, c’est pas tout le temps cute. […] Il y a pas de route, c’est pas drainé, il y a pas d’électricité et il y a pas moyen d’en avoir. Qui veut faire de quoi là-dessus? »

Selon elle, il y a une certaine idéalisation du phénomène Jean-Martin Fortier, auteur du livre Le jardinier-maraicher. Ce dernier a cultivé, avec succès, un grand volume de légumes sur une petite surface agricole.

« J’aimerais bien que toutes ces friches-là servent à produire des légumes. Mais ensuite de ça, on les vend où, à qui, comment? C’est là où, des fois, on n’arrive pas à tout arrimer. Les projets agricoles de petite superficie, le taux d’échec est extrêmement élevé », indique Mme Beauregard.

« Les paniers de légumes, le marché est probablement pas loin d’être saturé. »
– Marypascal Beauregard, agente de maillage Arterre

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