Le Val-Ouest

Les lacs du Val pas en si bonne santé

La MRC du Val-Saint-François adoptait récemment son premier Plan régional des milieux hydriques et humides. « Si on regarde les résultats qu’ils nous donnent dans le rapport, on voit que ça va pas si bien que ça », prévient Yannick Huot.

Huot est géomaticien spécialisé en limnologie, soit la science des eaux continentales, par opposition à l’océanographie. Son intérêt porte sur les lacs, qu’il a passé les dernières années à sonder.

En tout, ce sont 680 lacs canadiens que M. Huot et son équipe du projet LakePulse ont évalués entre 2017 et 2019. Seuls trois lacs à travers le pays étaient exempts de contaminants. « Dans la majorité des lacs, c’était pas des concentrations qui étaient dangereuses pour l’humain. Elles étaient relativement faibles », précise celui qui est professeur à l’Université de Sherbrooke.

Le spécialiste était donc l’invité tout désigné pour cette première conférence organisée conjointement par Les Ami.e.s de la Terre du Val-Saint-François et Vers un Val vert. La MRC révisera son schéma d’aménagement et sa Politique de développement de la zone agricole (PDZA) en 2023. Ainsi, la soirée qui s’est tenue à Richmond avait pour but de « s’outiller en vue des consultations de la MRC », explique Pierre Avignon de Vers un Val vert.

Une vingtaine de personnes ont assisté à la conférence qui se tenait au Couvent Mont-Saint-Patrice de Richmond.
Une vingtaine de personnes ont assisté à la conférence qui se tenait au Couvent Mont-Saint-Patrice de Richmond. Crédit photo : Vers en Val vert

À grand pouvoir, grandes responsabilités

Ce dernier cite en exemple la récente sage des vaches en cavale en Mauricie. Avant que les autorités ne daignent s’occuper du dossier, la directrice générale de la municipalité de Saint-Sévère devait s’arranger par ses propres moyens.

« Je trouve que c’est la même chose pour l’eau. C’est la même chose pour plein de sujets. Depuis des années, on dit aux municipalités : ‘Vous avez la responsabilité de surveiller les bandes riveraines, de protéger les ressources…’ Mais il manque de ressources pour faire ça », avance Pierre Avignon.

Les responsabilités sont grandes et les menaces, nombreuses. Les lacs de la région subissent un vieillissement prématuré, qu’on appelle l’eutrophisation. « Au lieu que ça lui prenne 100 000 ans, ça va peut-être lui prendre 500 ans à devenir un lac âgé », explique Yannick Huot. À ce moment, le lac ne contient plus de dioxygène nécessaire à la vie de son écosystème et s’asphyxie.

Plusieurs menaces, mais manque de données

Cette eutrophisation est causée par plusieurs éléments. Des contaminants tels que l’azote et le phosphore sont apportés par les engrais et les déchets humains. Les sels de route déséquilibrent également l’équilibre des lacs, sans parler des espèces envahissantes et des changements climatiques.

Sur ce dernier point, Yannick Huot se montre plus résigné. « Il n’y a pas de solution aux changements climatiques. Ce qu’il faut faire, c’est de garder le plus de milieux naturels. Plus les milieux sont naturels, plus ils vont être capables de répondre aux changements climatiques. »

Malgré les pressions que subissent les plans d’eau locaux, relativement peu de données nous en donnent l’état de santé. Même la MRC le reconnait dans son Plan régional des milieux humides et hydriques. « De façon générale, […] nous avons peu de connaissances de la qualité des eaux de surface puisqu’on y retrouve somme toute peu de stations d’échantillonnage. »

N’empêche que des données existent et, dans le Val-Saint-François, deux instances effectuent cette évaluation : le Conseil de gouvernance de l’eau des bassins versants de la rivière Saint-François (COGESAF) et le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques (MELCC). Les stations du COGESAF sont toutes autour du lac Brompton, tandis que celles du MELCC couvrent le reste du territoire.

Une carte tirée du Plan régional des milieux humides et hydriques de la MRC
Les 12 stations du COGESAF sont représentées par des cercles rouges, alors que celles du MELCC, par des carrés orangés. Source : PRMHH de la MRC du Val-Saint-François

Quelques données locales

La station du ministère située sur le chemin Skiberine dans le Canton de Valcourt indique un IQBP de cote B, soit satisfaisante, pour la rivière Noire. Cette cote descend à C, soit douteuse, à la station du Pont Mackenzie à Richmond, qui puise dans la rivière Saint-François.

La situation est « préoccupante ou à surveiller » au Lac Brompton, alors que les stations du COGESAF attribuent des cotes allant de A à D pour la matière en suspension, les coliformes fécaux et le phosphore.

Mention spéciale toutefois au lac Montjoie, à Saint-Denis-de-Brompton, qui jouit d’un état exceptionnel, grâce entre autres à son association de protection.

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