« On ne vivrait pas ça dans un voyage organisé! » Ça, c’est une des phrases que j’ai répétées encore et encore à mon chum, dans notre périple en Irlande. Ne vous méprenez pas; je n’ai rien contre les voyages organisés. J’en vois la valeur pour plusieurs types de voyageurs. Toutefois, il est de ces rencontres ou événements fortuits qui ne peuvent survenir que lorsque le chemin est improvisé au fil du détour. Je vous invite donc à vous asseoir confortablement et à plonger avec moi dans ces quelques anecdotes… que nous n’aurions sans doute pas vécu au milieu d’un voyage organisé.
Quand les cordes sonnent juste
Nous sortons de l’aéroport, récupérons notre voiture de location, puis après avoir regardé rapidement les suggestions sur Google Maps, nous filons vers le Fish Bar de Bray. Il fait déjà noir, et le GPS nous mène à une rue fermée. Tout semble en rénovation autour de nous, et il n’y a pas grand lumière. Pourtant, sur mon écran de cellulaire, le restaurant semble tout près… Nous roulons encore un peu, puis trouvons une autre entrée. Nous finissons par trouver le restaurant, qui est en fait annexé à un pub – le Harbour Bar. Dès que nous poussons la porte, nous expérimentons notre premier contact avec la culture des pubs irlandais: les murs sombres et lourdement décorés, les vieilles bâtisses aux recoins uniques, les multiples distributeurs de bière en fût… Le pub comprend de nombreuses salles toutes plus douillettes les unes que les autres, mais c’est au bar que nous choisissons de nous asseoir; c’est notre meilleure chance d’être en contact avec les gens. Nous échangeons quelques bonnes paroles avec le serveur, qui nous confie qu’il prévoit venir étudier à Montréal dans un futur proche, puis dévorons avec appétit un repas de fish’n chips et une première Guinness (bon, j’avoue que ne buvant pas de bière, je n’y trempe pour ma part que le bout des lèvres). Juste avant de décoller, nous décidons de parcourir les multiples pièces une dernière fois, pour le plaisir des yeux. Puis en montant à l’étage, coup de théâtre: nous nous retrouvons au beau milieu de quelques dizaines de musiciens en pleine pratique… de ukulele! Étant les deux seuls étrangers sur place, ils nous souhaitent la bienvenue avec enthousiasme puis se remettent à jouer, nous permettant de les filmer.
Où sont les gens?
Comme la majorité des pays d’Europe, l’Irlande voit ses terres envahies de touristes durant la saison haute. Bien que nous y allions en plein hiver – début février – et donc en basse saison, nous avions décidé de réserver tous nos hébergements à l’avance, nous assurant ainsi de beaux endroits à prix raisonnables. J’étais loin de me douter que…
Nous arrivons au château de Cahir, un des plus gros et des mieux conservés d’Irlande. Fascinés, nous entrons dans la cour intérieure et je commence à prendre des photos. Puis, c’est là que Scott me fait remarquer quelque chose d’extraordinaire: nous sommes seuls sur le site! Après avoir exploré en détails tous les recoins du château, nous nous dirigeons vers Rock of Cashel. Cette fois, il y a bien quelques touristes ici et là (moins de 10!) mais c’est à un tour guidé privé que nous avons droit. Même chose aux deux “famine ship” que nous visiterons – le Dunbrody et le Jeanie Johnston -, où chaque fois nous aurons le navire à nous seuls, puis une visite guidée privée. Seuls au Wicklow National Park, seuls sur la route du Ring of Kerry; presque seuls à Slieve League, seuls dans la tour de Kilkenny, et la liste continue. En planifiant un voyage en février, j’étais loin de me douter à quel point nous serions seuls dans la majorité des grands lieux d’Irlande. Un privilège que je n’aurais bien sûr pas pu vivre en voyage organisé.
Connecter avec l’habitant
Nous roulons dans ce qui semble être le beau milieu de nulle part, quand tout à coup nous croisons une boutique de laine. “On arrête quelques minutes?”, que je demande. Nous entrons, puis nous nous retrouvons au milieu des pulls, des châles, des manteaux et des pantoufles en laine. Comme dans la majorité des boutiques et restaurants que nous avons visités jusqu’à maintenant, il fait froid, plus froid à l’intérieur que dehors. Nous sommes seuls (mis à part le vendeur), et le petit café où cet été ils serviront boissons chaudes et pâtisseries est fermé. Grâce à cette absence de masse de touristes, le vendeur est bien tranquille et s’informe des raisons de notre voyage. Nous nous engageons avec joie dans la discussion et c’est alors que Scott saute sur l’occasion pour créer un moment qu’il attendait avec impatience: depuis des jours qu’il rêve de poser ses mille-et-une questions sur les moutons, la laine des moutons, le mode de vie des moutons et la construction des murs de pierre (séparant les moutons) à quelqu’un du coin. Bien heureux de notre curiosité, l’homme nous répond avec enthousiasme et nous passons avec lui un bon trente minutes à en apprendre plus sur la réalité… des moutons!
Quelques jours plus tard, nous traversons la frontière qui mène en Irlande du Nord puis nous nous arrêtons à Coleraine, morts de faim. Google me suggère le café, et je décide de lui faire confiance après avoir lu plusieurs commentaires très positifs. En entrant, je tombe en amour avec l’endroit: les murs sont chaleureusement décorés, ça sent bon le café et le comptoir regorge de desserts tous plus appétissants les uns que les autres (je repars d’ailleurs avec deux desserts, que je partagerai gentiment avec Scott). Les serveurs voient tout de suite, à mon air ébahi, que nous ne venons pas du coin. Ils nous conseillent avec joie pour la nourriture, et apportent à Scott deux cafés différents pour qu’il puisse essayer leurs spécialités, et ce, par pure générosité. Nous prenons le temps de jaser un peu plus avec le serveur, qui nous confie qu’il est Écossais. Il adore l’Irlande et nous demande si nous aimerions quelques suggestions pour l’Irlande du Nord, ce que nous acceptons avec reconnaissance. Il sort un papier de caisse, puis nous fait une petite liste, que je conserverai précieusement dans mon journal intime. Du voyage sac à dos, j’adore ce rythme naturel qui guide mes rencontres et mes pas, suivant l’inspiration qui m’est soufflée dans le vif du moment.
Parfois il faut oser demander


Un avis au sujet de « On ne vivrait pas ça dans un voyage organisé! »
Merci Mélanie pour ces détails très explicatifs et très pertinents à visiter l’Irlande en découvrant le temps idéal tout en splendeur.
Les commentaires sont fermés.