Le Val-Ouest

Qu’est-ce qui pousse un propriétaire à protéger la nature?

Bien qu’ils soient encore une minorité, un nombre grandissant de propriétaires privés protègent leur terrain pour les générations futures. Ils sont désormais plus d’un millier à avoir protégé les milieux naturels de leurs propriété. Ou encore à avoir vendu ou donné leur terrain à des organismes de conservation. Quelles sont les motivations de ces personnes?

C’est la question de se pose Loïc Ales, étudiant à la maîtrise en sciences forestières à l’Université Laval. Son mémoire a pour objectif de documenter et de comprendre les points de vue des propriétaires forestiers à l’égard des mesures de conservation volontaire.

« Ce n’est pas suffisant de dire qu’une personne va décider de faire ça seulement parce qu’elle aime la nature. Je me questionne sur ce qui va faciliter cette conservation. Si elle est compatible avec la notion de propriété privée ou de patrimoine », explique le chercheur.

La conservation «va occuper de plus en plus de place»

Compte tenu qu’il s’agit d’un phénomène récent, il n’existe pour le moment que très peu de littérature scientifique sur la question. La plupart provient de l’Europe et des États-Unis, mais pas du Québec.

Même si sa recherche est en cours, Loïc Ales se permet tout de même un constat. « On voit que l’exploitation forestière en milieu privé diminue. Les préoccupations environnementales sont de plus en plus là. Il y a environ 1500 sites protégés par la conservation volontaire au Québec. Et ça grandit d’année en année. Quelque chose se passe. Je ne peux pas prédire l’avenir, mais je pense que ça va occuper de plus en plus de place. »

Loïc Ales, étudiant à la maîtrise en sciences forestières à l’Université Laval, croit que la conservation volontaire va occuper de plus en plus de place au Québec. (photo : gracieuseté)

« L’amour de sa propriété »

À cette même question, la directrice générale de Corridor Appalachien, Mélanie Lelièvre, répond sans hésiter. « Ce qui motive un propriétaire, c’est l’amour de sa propriété. À la base, 99 % des projets sont portés par des gens qui ont développé un fort attachement à leur forêt, à leur milieu naturel. Parfois, cet attachement est né depuis quelques années. Alors que pour d’autres, il s’agit d’un terrain dans la famille depuis deux ou trois générations. C’est un lieu de ressourcement, chargé de souvenirs. Et à un moment donné dans leur vie, ces personnes commencent à se poser des questions. Qu’est-ce qui va se passer lorsque je ne pourrai plus m’en occuper, que je ne serai plus propriétaire ou que je ne serai plus de ce monde? Est-ce que mes enfants vont la reprendre? Est-ce qu’ils vont tout morceler et vendre? »

« Ce qui motive un propriétaire à faire une démarche de conservation, c’est l’amour de sa propriété», croit Mélanie Lelièvre, directrice générale de Corridor Appalachien. (photo : Charles Dion©

Qui sont ces personnes?

Y a-t-il un profil-type des propriétaires qui entament de telles démarches? Mélanie Lelivère se permet une réponse. « Ceux qui décident de faire un don de leur propriété à un organisme de conservation font un geste d’une grande générosité. Ce ne sont pas toujours des personnes aisées. Il y a parfois des couples très âgés qui, sans être fortunés, possèdent de grands terrains. Ceux-ci choisissent quand même de faire ce don.»

Mélanie Lelièvre explique qu’à ses débuts, Corridor Appalachien transigeait davantage avec des anglophones, de toutes sortes d’origines, dont la moyenne d’âge était de 75 ans. « Depuis 10 ans, le portrait a beaucoup changé. On a une prédominance de francophones. Et l’âge s’est abaissé. Il s’agit maintenant de gens de 60 à 65 ans. »

Des citoyens actifs dans le Val

Berthier Plante fait partie de ces rares propriétaires privés qui, dans la région du Val-Saint-François, ont fait une démarche de conservation. Il a créé, en 2003, la Réserve naturelle de l’Annedda. En 2015, il a même choisi d’aller plus loin en cédant sa propriété à Corridor Appalachien.

Ce citoyen de Ulverton aime la nature. Tellement qu’il est en train d’évaluer la possibilité de créer une seconde réserve naturelle qui compterait 132 acres.

Berthier Plante, un citoyen de Ulverton, a transformé sa propriété privée en réserve naturelle en 2003. Il l’a ensuite cédé, en 2015, à l’organisme Corridor Appalachien. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Laurier Busque, résidant du Canton de Melbourne, fait lui aussi partie de ces citoyens actifs. Il s’implique bénévolement dans la Société de conservation du corridor naturel de la rivière au Saumon (SCCNRS). Un organisme qui a acquis de nombreux terrains pour les transformer en réserves naturelles.

Laurier Busque se dit fier des actions de son organisme. « Nous gardons ces propriétés-là pour fins de conservation à perpétuité. Il n’y aura aucun développement, aucune exploitation forestière et aucune exploitation minière. C’est à ça qu’on s’engage avec une réserve naturelle. »

« Nous gardons ces propriétés-là pour fins de conservation à perpétuité. Il n’y aura aucun développement, aucune exploitation forestière et aucune exploitation minière», explique Laurier Busque, bénévole à la Société de conservation du corridor naturel de la rivière au Saumon. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

 

Ce texte fait partie d’un dossier spécial sur la conservation des milieux naturels dans le Val-St-François :
Il choisit de protéger sa forêt pour les générations futures
La protection des milieux naturels prend de l’importance dans le Val
Qu’est-ce qui pousse un propriétaire à protéger la nature?

 

À LIRE AUSSI dans Le Val-Ouest :

Un projet en nature pour enfants et aînés à Saint-François-Xavier-de-Brompton

Inauguration d’un sentier à Saint-François-Xavier-de-Brompton

À Lawrenceville, une école primaire axée sur la nature

Immersion en forêt pour des enfants à Racine

Une nouvelle, un événement à faire paraître?

Ayez le réflexe VAL-OUEST

Lire aussi...