Le Val-Ouest

Santé : des citoyens posent leurs questions au CIUSSS de l’Estrie

Pénurie de médecins de famille, accès à un médecin à Valcourt, accessibilité des services, réouverture de l’urgence à Windsor… Dossiers régionaux de santé : des citoyens posent leurs questions au CIUSSS de l’Estrie. Une cinquantaine d’entre eux ont rencontré le Dr Stéphane Tremblay, PDG du CIUSS de l’Estrie, lors d’une assemblée citoyenne le 20 avril dernier à Windsor.

Dialogue en mode écoute et ouverture

« Notre engagement est de vous écouter avec ouverture d’esprit et de répondre à vos questions. Le réseau a ses imperfections, on le sait tous. Ce soir, on va vous expliquer notre fonctionnement et vous partager notre vision », a expliqué d’emblée le Dr Tremblay aux citoyens réunis. Le médecin était accompagné de Karine Duchaineau, directrice générale adjointe, Programmes sociaux et de réadaptation. Michel Benoît, organisateur communautaire, animait quant à lui les échanges.

 

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Santé : des citoyens posent leurs questions au CIUSSS de l’Estrie lors d’une assemblée organisée à Windsor. Le Dr Stéphane Tremblay, PDG du CIUSSS de l’Estrie – CHUS, Karine Duchaineau, directrice générale adjointe, Programmes sociaux et de réadaptation au CIUSSS de l’Estrie – CHUS et Michel Benoît, organisateur communautaire, CIUSSS de l’Estrie – CHUS. (Photo : Sébastien Michon)

Pénurie de personnel dans le réseau

L’enjeu le plus fréquemment mentionné par le CIUSSS lors de la soirée est la rareté de main-d’œuvre. « Nous n’avons pas toutes les infirmières, inhalothérapeutes, cuisiniers, personnel d’entretien et autres employés dont nous aurions besoin. Nous avons moins de monde et les besoins progressent. Ça nous oblige à prendre des décisions », a soutenu le Dr Tremblay.

Manque de médecins

L’accessibilité des médecins de famille était au coeur des préoccupations exprimées. Le PDG s’est fait transparent avec ses interlocuteurs : « Les médecins de famille, vous le savez, on n’en a pas assez. Il n’y en aura pas assez dans cinq ans. Et probablement qu’il n’y en aura pas assez dans 10 ans. La population vieillit rapidement en Estrie. Il est donc possible que vous n’ayez pas de docteur dans les prochaines années. Ce n’est pas parce qu’on ne veut pas, c’est parce qu’il n’y en a pas. Il a davantage de départs que d’arrivées. »

La formation de nouveaux médecins permettrait-il de combler le manque? Stéphane Tremblay en doute. Il a rappelé que la formation de médecin de famille prenait minimalement six ans, de la sortie du cégep à la certification. De plus, les médecins nouvellement arrivés dans le réseau doivent obligatoirement s’occuper d’ « activités médicales prioritaires ». C’est-à-dire qu’ils doivent offrir des services aux CHSLD, aux salles d’urgence et parfois même aux centres carcéraux. Ils ne sont donc pas disponibles à temps plein dans un bureau médical.

Les groupes de médecine de famille, une solution

La solution proposée? La prise en charge des patients par des groupes de médecine de famille (GMF). « On a vendu aux gens qu’il leur fallait absolument un médecin de famille. Qu’il ne fallait pas attendre à la salle d’urgence. Ce qu’on souhaite maintenant, c’est que vous ayez accès à un groupe de professionnels plutôt qu’à un médecin. Soixante-dix pour cent du temps, le besoin peut être répondu par un autre professionnel que le docteur », a précisé Stéphane Tremblay.

Fermeture définitive de l’urgence mineure à Windsor

« J’ai eu besoin d’un médecin. J’ai appelé à la clinique sans rendez-vous à Windsor dès l’ouverture de la ligne, à 7 h 45. Mais c’était déjà complet. Je rappelle le lendemain. À 8 h 10, tout était complet. Il paraît qu’ils ne prennent que cinq patients. Ça n’a pas de sens! », s’est indigné un citoyen de Saint-Denis-de-Brompton. De son côté, une autre citoyenne a témoigné que les services de l’urgence mineure (fermée en 2021) lui ont sauvé la vie. Dans ce contexte, on a réclamé sa réouverture.

« Pour qu’une urgence roule de façon sécuritaire, il faut d’abord du personnel. Incluant un docteur. Ce qu’on n’a pas. Il faut aussi qu’on soit capable de maintenir le service de façon constante. Ce qu’on n’a pas été en mesure de faire depuis des années. L’urgence mineure de Windsor n’était pas autosuffisante en ce qui a trait à son personnel médical. Nous devons répondre à des critères de qualité et de sécurité. La réouverture, comme vous la souhaitez, n’arrivera pas », a clairement annoncé le Dr Tremblay.

Guichet d’accès à la première ligne

Karine Duchaineau a rappelé que les gens peuvent s’inscrire au guichet d’accès à la première ligne. Il s’agit d’un service pour les personnes sans médecin de famille. « Vous pouvez appeler le 811 et choisir l’option 3. » Environ 30 % des personnes qui appellent ce service sont référés à un médecin de famille. Ce sont souvent d’autres professionnels qui vont répondre aux besoins. « Plusieurs demandes en provenance du Val-Saint-François ont été répondues de cette façon dans la dernière année. Ce n’est pas parfait, mais c’est un pas de plus pour qu’il n’y ait pas deux classes de citoyens. C’est-à-dire ceux qui ont accès à un groupe de médecine de famille et ceux qui n’y ont pas du tout accès. »

Demande pour un médecin à Valcourt

Le maire de Racine, Mario Côté, a profité de sa présence pour réitérer la demande d’obtenir un médecin pour le « Val 7 ». C’est-à-dire pour la région couverte par les sept municipalités autour de Valcourt. Présent lui aussi sur place, Pierre Tétrault, maire de Valcourt, a appuyé la requête. « On a un médecin qui a pris sa retraite. Ce serait vraiment bien pour notre population si on était capable d’avoir un médecin à notre CLSC. Ce n’est pas tout le monde qui peut facilement se déplacer », a mentionné M. Côté.

Le PDG du CIUSS de l’Estrie a réitéré son leitmotiv : « Nous sommes conscients de ce que vous dites par rapport à la mobilité des gens. Mais je vous rappelle que le modèle souhaité n’est pas qu’un médecin ait son bureau tout seul. Aujourd’hui, il faut qu’il soit en lien avec le GMF. Si vous avez un médecin qui va à Valcourt et que cette personne prenne un congé de paternité ou de maternité. Ou encore si elle décide de suivre une formation complémentaire pendant six mois. Vous n’aurez personne pendant tout ce temps. C’est ce qu’on tente d’éviter. Il faut que ce soit un engagement du GMF. Pour éviter ce que vous vivez actuellement avec le médecin qui a pris sa retraite.»

Le CIUSSS ne décide pas où sont distribués les médecins

Karine Duchaineau a exposé les règles concernant la distribution des médecins. « Ce n’est pas nous qui décidons où les médecins vont aller sur le territoire. C’est le médecin responsable de la distribution des services du GMF du Val-Saint-François. Dans la région, il y a trois pôles : Valcourt, Richmond et Windsor. Chacun voudrait avoir son GMF le plus près possible. C’est tout à fait compréhensible. Nous préparons une réunion, en compagnie de représentants de la population, pour rencontrer ce médecin responsable. Pour lui expliquer les enjeux et les besoins de la population. »

Santé : des citoyens posent leurs questions au CIUSSS de l’Estrie. (photo : Sébastien Michon)

Davantage de gestionnaires avec le projet de loi 15

On a aussi posé des questions sur le projet de loi 15, actuellement à l’étude à l’assemblée nationale. Si cette loi est adoptée, chaque établissement devra se doter d’un gestionnaire. Ce qui signifierait d’ajouter 100 nouveaux cadres pour chacune des installations du CIUSSS en Estrie. « Ça n’aurait pas de sens d’ajouter 100 cadres et d’enlever autant de personnel sur le plancher. D’autant plus que les cadres sont souvent des infirmières », expose le Dr Tremblay. Celui-ci a déjà en tête sa stratégie : permettre à des personnes déjà en place d’assumer de nouvelles responsabilités.

Plus de soutien à domicile

Le nombre de places en CHSLD a aussi fait partie des discussions. « L’objectif, pour nous, ce n’est pas d’augmenter les places en hébergement. Nous souhaitons permettre aux gens de rester le plus longtemps avec leurs proches. On a beaucoup de travail pour y arriver. Mais c’est mieux pour la personne et pour la famille. C’est aussi plus valorisant pour le personnel », a confié le gestionnaire du CIUSSS.

Accès aux services pendant l’été

Le père d’un enfant handicapé a soulevé le point concernant l’accès plus difficile à certains services en période estivale. « Pour nous, pas d’employés, pas de services », a résumé le PDG. « On a fait un effort cette année pour permettre à certains de nos employés de prendre des vacances pendant l’été. En juillet et août. Comme la plupart des gens au Québec. C’est sûr que ça amène des choix difficiles. L’objectif, c’est qu’on ait moins de bris de services pendant le reste de l’année », a-t-il précisé.

En novembre, le CIUSSS estimait qu’il manquerait 2600 personnes pour répondre aux besoins durant la saison estivale 2023. « L’an passé, il nous manquait 1300 personnes. C’est année, c’est le double. L’an prochain, ça va être pire », a prédit le médecin. Le personnel en place sera donc concentré à certains endroits pendant l’été.

Maladie de Lyme : une clinique à Sherbrooke

Un citoyen a fait part de ses problèmes de santé en lien avec la maladie de Lyme. Le docteur Tremblay a expliqué que la clinique spécialisée pour les affections post-COVID-19 du CIUSSS de l’Estrie – CHUS aura bientôt le mandat de s’occuper aussi de la maladie de Lyme.

Assemblées partout en Estrie

Neuf assemblées citoyennes sont organisées partout en Estrie par le CIUSSS. Soit une par réseau local de services. L’objectif de ces dialogues est de répondre aux questionnements et aux préoccupations des citoyennes et citoyens en matière de santé et de services sociaux. Le calendrier des événements se trouve sur le site de Santé Estrie.

Santé : des citoyens posent leurs questions au CIUSSS de l’Estrie. (photo : CIUSSS de l’Estrie-CHUS ©)

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