À quand remonte la dernière fois où vous vous êtes donné la chance de débuter un nouveau projet? D’apprendre à tolérer le fait d’être débutant et de faire des erreurs afin de développer une nouvelle aptitude? Moi, c’est cet automne, alors que je me suis permis d’apprendre à faire des boutures de plantes avec les enfants.
Pour vous expliquer mon parcours sinueux avec les plantes, je n’ai jamais eu le pouce vert. La majorité de mes plantes d’intérieur finissaient par mourir un jour ou l’autre. Dehors, le soleil et la pluie m’aidaient, mais à l’intérieur c’était une autre histoire. J’avais des plantes survivantes, des dures à cuire, mais sans plus. J’avais beau me renseigner, essayer différentes techniques, persévérer dans ma recherche de solutions, mes tentatives ne fonctionnaient pas et j’avais fini par abandonner le projet d’avoir un intérieur avec de belles plantes vertes.
Mon découragement a duré un certain temps et, pour compenser, je m’étais acheté des plantes artificielles. À la vue, cela paraissait bien, mais cela ne correspondait pas à mes valeurs écologiques ni à mon désir de participer à la croissance d’une plante en mon chez-moi. Puis, au fil du temps, l’idée a germé et je me suis dit que cela serait un beau projet de retenter l’expérience avec les enfants et de vivre nos essais comme des opportunités d’apprentissage. J’ai donc renoué progressivement avec l’idée qu’il faut bien commencer, voire recommencer, à quelque part pour atteindre nos buts.
Avec les enfants, j’étais bien accompagnée pour mes essais : entretenir les plantes et tenter de partir des boutures était plaisant et me permettait de revenir à la notion de l’instant présent. On finissait les doigts sales, mais le cœur heureux. Le processus en soi était amusant sans attente précise d’un résultat parfait. On apprenait à célébrer nos petites victoires, mêmes éphémères, et à être agréablement surpris devant une plante nous offrant une nouvelle feuille, et parfois même une fleur.
Au fil des semaines, certaines de nos tentatives ont fonctionné, d’autres non et certaines ont mieux été qu’anticipées. Je me trouve étrange d’avoir ce constat en ayant trois enfants, mais j’ai repris confiance en ma capacité de prendre soin d’une plante, aussi banal que cela puisse paraître. J’ai aussi développé un nouvel intérêt dans lequel je peux prendre plaisir à faire seule ou avec les enfants et je trouve très drôle de maintenant voir que mes enfants semblent me percevoir comme une spécialiste des plantes.
Notre activité familiale fonctionne tellement bien que nous avons même pu commencer à donner des plantes à notre entourage et on en a même remis comme cadeau d’invités à une fête d’amis de mon fils récemment. C’était beau de voir les enfants expliquer à leurs petits invités les étapes de préparation de leur cadeau afin qu’ils puissent repartir à la maison avec leur propre plante. C’était aussi vraiment surprenant de voir l’engouement des amis pour ce cadeau un peu inattendu pour une fête d’enfants. Leurs sourires nous ont fait chaud au cœur et mes enfants m’en reparlent souvent depuis.
À l’automne, jamais je ne me serais permis de croire que j’allais réussir et que j’arriverais à ressentir autant de fierté pour une petite plante verte symbolisant finalement tellement plus que ce qu’elle n’y parait. Se donner le droit de débuter permet ainsi de se donner le droit de se surprendre soi-même, de se découvrir autrement et de donner l’exemple que tout résultat a un commencement. Ces apprentissages, je vous les partage via mon cursus de plante, mais je crois aussi qu’ils s’appliquent à tout geste vert que l’on souhaite intégrer progressivement à notre quotidien.