Le Val-Ouest

Témoins de l’histoire de Valcourt

Marcel Blain et sa conjointe Colette Duclos font partie des témoins de l’histoire de Valcourt. Au cours des 50 dernières années, ces deux septuagénaires se sont impliqués de toutes sortes de façons au sein de la communauté valcourtoise.

« Es-tu prêt à commencer maintenant? »

L’histoire débute en 1964, alors Marcel Blain est en vacances dans la région. Il décide d’aller voir si Bombardier (aujourd’hui BRP) embauchait de la main-d’œuvre. « Y a-t-il quelqu’un dans le groupe qui est machiniste », demande-t-on à toutes les personnes qui attendent pour trouver un emploi. Marcel Blain fait signe qu’il a les qualitifications. On lui présente alors le responsable du recrutement. « As-tu un coffre d’outils? Oui? Eh bien, tu recevras 25 sous de l’heure de plus que les autres. Es-tu prêt à commencer maintenant? ». « C’est que… je suis en vacances! », répond-t-il alors. On lui donne tout de go un ultimatum : «Regarde bien la file. Si ce n’est pas toi qu’on embauche, ce sera le suivant.»

C’est ainsi que Marcel Blain choisit d’accepter l’emploi et de déménager dans son patelin d’adoption. Après son arrivée, il rencontre celle qui deviendra sa conjointe en 1968, Colette Duclos.

L'Info-Val

Une fois par semaine on vous offre le lien vers nos articles les plus populaires

Marcel Blain a travaillé pour Bombardier, devenue BRP, jusqu’à sa retraite en 2002. (photo : gracieuseté famille Blain)

Engagement auprès des enfants

Colette Duclos enseigne à l’école primaire de Valcourt pendant quelques années. Lorsque le couple choisit d’adopter deux enfants d’une même fratrie, Mme Duclos quitte son emploi pour s’occuper d’eux à temps plein. Le couple aura par la suite deux autres enfants.

Ils achètent un terrain et bâtissent leur maison sur la rue Cartier pour la somme de 18 500 $. « Je travaillais 11 heures par jour pour un salaire de 52 $ par semaine », précise Marcel Blain.

Années 60 : peu d’activités à Valcourt

« Dans ce temps-là, à Valcourt, il n’y avait pas grand-chose. Là où se trouvent aujourd’hui la caserne de pompiers et l’usine de BRP, il y avait des animaux dans les champs. La rue principale était toute petite et la rue Champlain n’existait pas. Dès qu’on traversait le pont, on arrivait en campagne », se souvient-il.

L’une de ses rares activités de loisirs est d’aller voir les chevaux à une écurie appartenant à la famille Bombardier. Sur le site où se trouve aujourd’hui le studio d’enregistrement et la résidence créative pour artistes Studio B-12. A-t-il essayé de monter à cheval? Une seule fois et ce fut, selon ses dires, « une petite aventure ».

Années 70 et développement de Valcourt

Au début des années 1970, la ville se développe peu à peu. Avec le soutien de la Fondation J. Armand Bombardier, la municipalité de Valcourt est en mesure de construire un aréna. On installe aussi une conduite entre le lac Bowker et la ville pour répondre aux besoins grandissants en eau potable.

C’est aussi en 1970 que Marcel Blain s’engage comme pompier volontaire. La même année où Valcourt met en place son service de police, la « Sûreté municipale de Valcourt » et embauche son premier directeur, Nelson Raymond.

En 1970, le maire de Valcourt, Camille Rouillard, fait preuve d’optimisme en pensant qu’un jour, sa ville comptera 25 000 résidents. Au recensement de 2021, la municipalité  en comptait plutôt 2139. (Article du journal “La Tribune”, 3 avril 1970. Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

« Miracle » de Pâques

Après avoir combattu un incendie, en 1978, Marcel Blain ressent un malaise. Le docteur André Marcoux, qui se déplace à domicile, vient l’examiner chez lui. Diagnostic : embolie pulmonaire. On amène le pompier volontaire à l’hôpital en ambulance. Il y reste trois mois, jusqu’au matin de Pâques, en avril. « Le médecin est venu me voir après la prise de sang pour m’annoncer qu’il n’y avait plus de caillot. Il m’a dit que c’était un miracle », soutient-il. « Qu’est-ce qui vous ferait plaisir? », lui demande alors le médecin. Marcel Blain souhaite manger un steak et boire… une bière!

« Pendant trois mois, nous n’avions aucun revenu »

L’arrêt de travail dure presque un an. Au moment de l’accident, son épouse venait d’accoucher d’un de leurs fils. « Ç’a été une période très difficile. Pendant les trois mois d’hospitalisation, nous n’avions aucun revenu. Quand l’argent ne rentre pas, on n’aime pas ça le dire », raconte-t-il, encore ému. La Fondation soutient la famille. « La famille Bombardier a fait beaucoup de choses pour les gens de Valcourt et d’ailleurs. J’ai été témoin de l’aide qu’ils ont apporté à d’autres personnes. Ce n’est pas assez connu », tient-il à partager. Ils reçoivent aussi du soutien des gens de la communauté : « Il y a beaucoup d’entraide à Valcourt. »

Écrasement d’avion au lac Larouche

Le travail de pompier volontaire de Marcel Blain n’est pas de tout repos. En 1988, il est dépêché sur les lieux d’un écrasement d’avion près du lac Larouche. Le plan d’eau est à Brompton Gore, qui fait aujourd’hui partie de Racine. Une tragédie qui l’a profondément marqué. « Il y avait des affaires partout dans les arbres. J’ai trouvé ça difficile. Parmi les passagers, il y avait des gens qu’on connaissait », rapporte-t-il.

Article du journal “La Tribune”, datant du 21 novembre 1988, qui relate la tragédie aérienne du lac Larouche. (Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Implication dans le scoutisme

Marcel Blain et Colette Duclos s’impliquent dans la vie communautaire. Dans les années 1980, ils décident, avec des amis, de redémarrer le mouvement scout. « Nous avons organisé de beaux camps. Nous travaillions deux mois pour une activité qui durait une semaine. »

Il se rappelle d’avoir organisé un camp d’été d’envergure, dans les années 1980, sur le 7e rang à Maricourt. Un terrain qui se transformera passablement au fil des ans. Beaucoup plus tard, il sera surnommé avec humour, par certains résidents du coin : « la place des extraterrestres ». Un site où le mouvement des Raëliens, croyant aux extraterrestres, a choisi d’établir le siège de son mouvement. Le lieu deviendra, en 2016, le Camping Havana Resort.

Groupe de scout à Valcourt dans les années 1980. (photo : gracieuseté famille Blain)

Engagement au sein de l’Église

Outre leur implication dans le mouvement scout, le couple s’engage dans les activités paroissiales. Marcel Blain est garde paroissial et joue de l’orgue à l’église. « On faisait des messes rythmées avec de l’orgue, de la guitare, un joueur de batterie et un chanteur. Les gens entraient dans l’église et avaient envie de danser », se rappelle-t-il. Dans la foulée des changements vécus au sein de l’Église catholique dans les années 1960 et 1970, on a effectivement vu apparaître, un peu partout, ces fameuses « messes rythmées », qu’on a aussi appelé « messes à gogo ». Il s’agissait de célébrations religieuses, musicales et festives populaires.

Marcel Blain et Colette Duclos font aussi partie des Cursillos, un mouvement laïc de l’Église catholique qui vise l’approfondissement de la foi chrétienne.

Extrait d’un article sur le bénévolat à la paroisse Saint-Joseph de Valcourt dans “La Voix de l’Est” le 16 juin 1975. On y mentionne le nom de Marcel Blain. (source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Souvenirs du Festival de la motoneige

Marcel Blain se souvient de son implication bénévole pour le Festival de la motoneige, ancêtre de l’actuel Grand Prix Ski-Doo de Valcourt. Il s’occupe de la glissade de l’immense château de glace qui est construit chaque année en face de l’aréna. « Les enfants glissaient avec des traineaux en forme de mini ski-doo », relate-t-il.

Le château de glace construit pour le Festival de la motoneige de Valcourt. Les enfants glissaient dans des modèles réduits de ski-doo. (photos : gracieuseté famille Blain)

Madame Sears

Pendant 11 ans, Colette Duclos tient la boutique-cadeau Marie-Claude sur la rue St-Joseph à Valcourt. Là où se trouve aujourd’hui le petit centre commercial avec le Bistro Traditionnel, Coiffure Caro-Lyn, Cuisine de l’Inde et l’Animalerie Multimenu.ca. Le commerce comporte un comptoir Sears, où la clientèle ayant acheté ses produits par catalogue vient chercher ses commandes. « Les gens appelaient mon épouse Madame Sears. Ils l’appréciaient beaucoup », relate-t-il.

Annonce parue dans “La Tribune” en février 2001 (image du haut) et photo de la boutique Marie-Claude tenue par Colette Duclos à Valcourt. (sources : Bibliothèque et Archives nationales du Québec et famille Blain)

Départ de Valcourt

En 2002, Marcel Blain prend sa retraite chez BRP. Dix ans plus tard, un autre important chapitre se conclut. BRP rachète leur propriété pour y installer le stationnement de son Centre de recherche et développement. Le couple pense d’abord déménager la maison, mais les coûts sont trop élevés. « On a vendu notre maison en pièces détachées : armoires, lustres, piscine, pierre de patio, etc. Il ne restait plus grand-chose lorsqu’ils ont mis la maison à terre », relate Marcel Blain.

La résidence familiale de la famille Blain, qui a été démolie pour faire place au stationnement du Centre de recherche et développement de BRP. (photo : gracieuseté famille Blain)
Vue sur le stationnement du Centre de recherche et développement de BRP, où se trouvait la résidence. (source : Google Maps)

Une vie bien remplie

Pour des raisons de santé et se rapprocher des services, le couple choisit de quitter Valcourt pour s’établir à Sherbrooke, où ils vivent encore aujourd’hui. «On n’est pas vieux, mais on est pas mal usé… après une vie bien remplie! », conclut l’homme de 77 ans.

Marcel Blain et son épouse Colette Duclos font partie des témoins de l’histoire de Valcourt. On est voit ici en compagnie de leurs enfants. (Première rangée : ) Daniel, Marcel, Colette et Caroline. (Deuxième rangée : ) Stéphane et Michel. (photo : gracieuseté famille Blain)

 

À LIRE AUSSI dans Le Val-Ouest :

Culture aux aînés met en valeur la parole de sages de La Brunante à Racine

Denis Leclerc (vidéo “C’est à ton tour”)

 Annette Bombardier (vidéo “C’est à ton tour”)

Estelle Lebeau et Raymond Lauzon (vidéo “C’est à ton tour”)

Giselle Loiselle (vidéo “C’est à ton tour”)

Anne et Clément Beauchemin (vidéo “C’est à ton tour”)

Denis Murphy Blanchard (vidéo “C’est à ton tour”)

Ronald Morrisey (vidéo “C’est à ton tour”)

Marie-Blanche Côté-Tessier (vidéo “C’est à ton tour”)

Marie-Jeanne St-Germain (vidéo “C’est à ton tour”)

Yvon et Thérèse Martin (vidéo “C’est à ton tour”)

Léonel Bombardier (vidéo “C’est à ton tour”)

Jacqueline Nadeau (vidéo “C’est à ton tour”)

Angèle Ferland, 101 ans (vidéo)

2 avis au sujet de « Témoins de l’histoire de Valcourt »

Les commentaires sont fermés.

Une nouvelle, un événement à faire paraître?

Ayez le réflexe VAL-OUEST

Lire aussi...