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Trans-Appel doit réduire ses services

Faute de financement suffisant, Trans-Appel doit réduire ses services en transport collectif et en transport adapté. C’est la décision qu’a dû prendre le Conseil de la MRC du Val-Saint-François le 22 juin dernier. L’organisme fait face à une forte augmentation de ses coûts d’opération, sans que les subventions du ministère des Transports et de la Mobilité durable ne soient ajustées en conséquence.

Réduction de services à compter du 10 juillet

Plutôt que de refiler une hausse des coûts aux usagers, l’organisme a choisi de revoir à la baisse son offre de service à compter du 10 juillet prochain (voir encadré). « Ce n’est pas de gaieté de cœur que le Conseil de la MRC du Val-Saint-François a résolu d’adopter le plan de réduction des services proposé par Trans-Appel », lit-on dans le communiqué émis par la MRC. L’organisme évalue son manque à gagner à environ 150 000 $.

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Personnel de Trans-Appel aussi impacté

Le plan prévoit non seulement moins de services, mais aussi des réductions du temps de travail pour les employés. À titre d’exemple, le nouveau directeur général embauché en janvier, Denis Verreault, travaille à temps partiel. « C’est un mal nécessaire pour la survie de l’organisme. Tout le monde met l’épaule à la roue. Ce sont des décisions déchirantes qu’on ne prend pas à la légère », fait-il savoir. Il indique que le personnel et les autorités municipales concernées ont été mis au courant tout au long du processus menant à l’actuelle annonce.

Une situation précaire depuis plusieurs mois

La situation de l’organisme est précaire depuis plusieurs mois. Denis Verrreault explique que son organisme doit faire face à une explosion de ses coûts alors que le financement du ministère des Transports n’a pas augmenté. « La majorité de l’inflation qu’on voit dans le monde actuellement est liée au transport. Nous devons faire face à une hausse d’environ 11 % », explique-t-il.

On se rappellera qu’en novembre 2022, l’ex-directeur général de Trans-Appel, Dominic Alexandre, avait quitté l’organisme compte tenu de la situation financière difficile. De même, l’organisme avait annoncé en mai dernier un changement à son mode de facturation.

Trans-Appel doit réduire ses services. Des autobus ne circuleront plus certains jours pour faire des économies. (photo : site Web de Trans-Appel)

Campagne québécoise en appui au transport collectif

« Ça fait des années que nous interpellons le gouvernement à ce sujet », affirme Luc Cayer, préfet de la MRC.

Même son de cloche du côté de Trajectoire Québec, qui défend les droits des usagers en transport collectif. L’association a lancé en mai dernier la campagne « Demandez plus de transport collectif ». Trajectoire Québec encourage les usagers à envoyer à la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, un courriel lui demandant des investissements qui garantiront des services de transport collectif fréquents, fiables et attrayants.

Visuel de la campagne provinciale “Demandez plus de transport collectif” lancée par l’association Trajectoire Québec. (image : Trajectoire Québec)

Solution pérenne à trouver

Cette campagne est active alors que la ministre des Transports et de la Mobilité durable a mis en branle une tournée de consultation provinciale sur le transport collectif. Lors de l’annonce, en février dernier, Geneviève Guilbault avait reconnu que le Québec faisait face à un enjeu crucial vis-à-vis du financement du transport collectif. « Il faut que ça change! », avait-elle alors affirmé. L’objectif de la tournée est justement de trouver une solution pérenne au défi du financement du transport collectif.

Transport adapté, un service essentiel

Les réductions touchent aussi le transport adapté, qui s’adresse aux personnes à mobilité réduite. Un service essentiel pour les déplacements d’une majorité d’usagers. « Si ce service subit des réductions, c’est certain que des gens auront des difficultés à se rendre à leur rendez-vous », commente Christine Rodrigue Lecours, coordonnatrice de l’action bénévole et des communications au Centre d’action bénévole Valcourt et région (CAB).

Bien que le CAB offre des services d’accompagnement-transport, ceux-ci ne s’adressent pas à cette clientèle. « Les bénévoles ne possèdent pas de voiture adaptée et ne sont pas formés pour assurer des transferts de fauteuil roulant au siège de voiture de façon sécuritaire. Lorsque la condition physique d’une personne nécessite des aides importantes au déplacement, le moyen de transport le plus sécuritaire est le transport adapté », précise-t-elle.

Les réductions touchent aussi le transport adapté, qui s’adresse aux personnes à mobilité réduite. Un service jugé essentiel pour ces usagers. (photo : site Web de Trans-Appel)

Place du transport collectif en région

Le développement transport collectif dans le Val-Saint-François avait pourtant le vent dans les voiles il y a un an. À l’été 2022, Trans-Appel avait annoncé qu’il souhaitait collaborer avec les entreprises de la région en offrant du transport pour les travailleurs. Deux circuits avaient alors été ciblés : Sherbrooke-Valcourt ainsi que Sherbrooke-Windsor/Richmond. Autant de projets qui sont désormais sur la glace.

Tout le monde n’a pas une voiture

Le transport collectif est aussi un besoin pour plusieurs citoyennes et citoyens de la région du Val-Saint-François. La coordonnatrice du CAB explique que son organisme reçoit régulièrement des demandes pour du transport vers des établissements de formation, des services juridiques, etc. « Il est faux de croire que tous les résidents de la région possèdent une voiture. Plusieurs n’en ont pas les moyens ou ne peuvent en conduire une. » À chaque fois qu’on l’interpelle, le CAB dirige d’abord les gens vers Trans-Appel. Lorsque le transporteur n’est pas en mesure de répondre, on offre en dernier recours un service d’accompagnement-transport.

Christine Rodrigue Lecours craint que cette réduction ne décourage davantage les usagers à faire appel à Trans-Appel pour leurs déplacements. «Utiliser le transport collectif n’est pas un réflexe en milieu rural. Pour que les gens adhèrent à ce type de transport, il faut que celui-ci puisse répondre à leurs besoins », observe-t-elle.

Impacts pendant au moins un an

Combien de temps durera cette situation? « Il va falloir qu’on soit en mesure d’arriver à un budget équilibré. On pourra ensuite remettre le service comme il était », indique Denis Verreault, directeur général de Trans-Appel. Sans être en mesure de donner de délai précis, il estime que cela pourrait prendre au moins un an.

 

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