Des articles délirants concernant des événements qui se seraient déroulés dans les municipalités de St-Roger ou de Ste-Nancy. Des annonces classées « pas de classe » et des publicités de chasseurs d’ovnis. Voilà quelques-uns des sujets qu’on retrouve dans « La Taupe ». Une publication humoristique underground publiée depuis trois ans et disponible dans seulement trois lieux publics à Richmond. Le Val-Ouest a rencontré les artisanes et artisans de ce «journal» hors des sentiers battus.
Une équipe de rédaction anonyme
Si les membres de l’équipe de rédaction ont bel et bien des visages et des noms, ces personnes ont souhaité conserver l’anonymat pour la publication de cet article. Elles ont plutôt choisi de répondre en tant que « C.H.O.S.E ». Acronyme pour : Collectif d’humour obscur et satirique estrien. Qui est l’acronyme sous lequel le journal est publié.
Projet qui a suivi l’élection fédérale de 2021
La Taupe a vu le jour après la dernière campagne électorale fédérale, en 2021. « Nous travaillions tous à titre d’attachés de presse d’Austin Touqueroche, candidat dans Richmond-Arthabaska pour le Parti Rhinocéros », expliquent-ils.
Dans les faits, Austin Touqueroche était une marionnette. Porte-étendard des messages satiriques de ce parti pendant les élections. « Il a l’air d’une marionnette, comme ça. Mais je vous jure que c’est moi qui se fais manipuler!», avait déclaré en 2021 la candidate Marjolaine Delisle au journaliste du média La Nouvelle union, de Victoriaville.

« Une fois l’élection terminée, nous avons vécu un certain deuil d’arrêter d’écrire des niaiseries. De là l’idée de créer La Taupe. Un journal underground et myope. Qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. La preuve que la politique peut servir à quelque chose! », poursuivent-ils.
L’humour, « essentiel pour préserver la paix sociale »
Ils croient d’ailleurs que l’humour a sa place dans l’arène politique. « C’est essentiel pour préserver la paix sociale. Sans humour pour se moquer gentiment de celles et ceux qu’on ne peut changer qu’aux quatre ans, il y aurait probablement beaucoup plus de violence. Au fond, nous travaillons pour la paix dans le monde. »
Ils font attention à ce que le ton de leurs articles restent «léger et bon enfant». « Pas question de faire des jokes méchantes ni de viser directement des personnes », précisent-ils. Leur mission : faire rire. « Et quand on réussit, c’est ça, notre vraie paye ».
Ils ajoutent, un brin sérieux, une citation tirée de Orgueil et Préjugés, un roman de l’autrice anglaise Jane Austen :
« Pourquoi sommes-nous sur terre, sinon pour fournir quelque distraction à nos voisins. Et, en retour, nous égayer à leurs dépens? »
L’imagination : essentielle à la vie communautaire
À leur façon, ces personnes croient contribuer à la vie communautaire de la région. « Ça prend de l’imagination pour vivre ensemble. Pour s’adapter aux situations, trouver des solutions aux problèmes et inventer de nouvelles façons d’organiser la société. »
Selon eux, il faut encourager tout ce qui stimule l’imagination. Ce qui est le rôle de l’art en général, dont fait partie l’humour.
« C’est important qu’il y ait des artistes dans les petites communautés. Pas nécessairement des gens qui vivent de leur art. Mais des gens qui pratiquent l’art. Sous une forme ou une autre. Ça amène une ouverture vers quelque chose qui pointe au-delà de la survie quotidienne. Qui donne envie de faire les choses autrement. »
Ils citent à ce propos l’écologiste Pierre Dansereau qui a dit : « Nos faillites sont des faillites de l’imagination ». « Ça s’appliquent à nos difficultés sociales en général. Ce ne sont pas les moyens qui manquent pour régler les problèmes. Ce sont souvent la volonté et l’imagination. Il faut donc de toute urgence cultiver la créativité, sous toutes ses formes », croient-ils.
Disponible seulement à Richmond
Au départ, le projet a démarré très modestement. Avec une quinzaine de copies « distribuées à la main dans les boîtes aux lettres de nos amis. » Peu à peu, l’équipe a choisi de vendre des copies, au coût de 1 $, au Café du couvent, à la microbrasserie L’ardoise ainsi qu’à la bibliothèque Daniel-Ménard à Richmond.
Pour le moment, l’équipe exclut de distribuer La Taupe dans d’autres points de chute hors de la ville de Richmond. « Nous préférons que les gens se déplacent à Richmond. C’est pourquoi nous le distribuons dans des endroits très cools. Faire découvrir Richmond, c’est probablement notre troisième mission. Après la paix dans le monde et faire rire! »
Un travail collectif de rédaction
Le travail de rédaction se fait de façon collective. Sans attribuer un article à un auteur ou une auteure en particulier. « Les textes de tout le monde passent dans le « blender » de La Taupe. C’est obligatoire. On a vraiment du plaisir à s’envoyer des textes et à les retravailler. Il n’y a pas d’ego chatouilleux entre nous. L’important, c’est de rendre le texte le plus drôle possible. »
En format papier : pourquoi
Pourquoi choisir de publier un journal en format papier, dans un monde de plus en plus tourné vers le numérique? « C’est agréable de tenir un journal papier dans ses mains. Surtout quand le journal en question est distribué à seulement trois endroits et que c’est compliqué de mettre la main dessus. Ça devient un peu comme trouver un trésor! Si notre journal était facilement accessible en ligne, il serait pas mal moins underground. Et puis, ça se lit mieux aux toilettes ou en mangeant ses céréales!»
Ils précisent toutefois qu’ils feront parvenir avec plaisir une version numérique du journal, si on leur écrit à journallataupe@gmail.com.
Quel avenir pour La Taupe?
Quel avenir pour La Taupe? L’équipe souhaite poursuivre son travail. Sans toutefois se mettre trop de pression. « On ne se fixe pas d’objectifs précis. Nous n’avons pas de date de tombée. Nous sortons La Taupe de son trou quand ça nous adonne et que nous sommes satisfaits du résultat. Petit train va loin, comme on dit…»
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