Quand on achète un vêtement, on le porte, le lave, le reporte, le lave, le reporte puis on finit un jour par ne plus le porter pour diverses raisons. C’était auparavant ma conviction de la durée de vie d’un vêtement alors que je tentais de faire des achats éclairés. J’optimisais les agencements possibles et allongeais leur port au fil des années.
Maintenant que j’ai des enfants, je constate qu’il existe une panoplie d’autres moyens afin d’augmenter la durée de vie d’un vêtement et de rendre son utilisation plus écologique. Je ne les connais pas tous, je suis loin d’être une experte, mais j’aimerais attirer votre attention sur mes constatations et apprentissages au fil des dernières années.
Le tout s’inscrit dans le principe écologique des 5R, soit : refuser, réduire la consommation, réutiliser ou réparer, recycler et rendre à la terre en compostant. Le principe écologique des 5R s’applique à divers contextes, mais aujourd’hui je me concentre sur les vêtements.
Tout commence par la première étape, soit celle de Refuser ce que l’on n’a pas réellement de besoin et en prenant conscience de notre pouvoir de consommateur. Par exemple, il est possible de refuser d’acheter des produits suremballés ou de refuser un item gratuit pour la simple raison que l’on a déjà tout ce dont on a besoin.
À la seconde étape, soit celle de Réduire, plusieurs stratégies s’offrent à nous afin de limiter les achats à effectuer au fil des années. En premier lieu, il faut connaitre ce que l’on possède déjà. Il s’agit ici de faire un ménage des tiroirs et garde-robes et d’en dresser un inventaire. Cela permet d’évaluer nos besoins réels afin d’acheter en fonction de ceux-ci et/ou de préciser nos besoins à notre entourage. Réduire notre consommation implique également de choisir la qualité plutôt que la quantité. On peut aussi acheter des vêtements fabriqués localement neufs ou d’occasions afin de diminuer la pollution due au transport. Il peut s’avérer utile aussi de s’éloigner des tentations telles que les courriels de promotions. J’ajouterais aussi (sur une note personnelle) qu’il est possible de réduire les bris en se renseignant sur les spécifications de lavage d’un morceau (!)
En ce qui concerne la troisième étape, soit celle de Réutiliser, il est possible d’avoir le soutien de notre entourage et des réseaux virtuels afin de s’équiper de vêtements d’occasion. Fréquenter, les friperies et les endroits de seconde main, sont aussi une bonne habitude avant de songer à acheter un vêtement neuf. Réutiliser, c’est aussi emprunter ou louer un vêtement correspondant à un besoin spécifique, tel qu’un habit de baptême ou un costume d’Halloween. On peut aussi optimiser la durée d’un vêtement en priorisant l’achat de vêtements non genrés pour nos enfants afin que ceux-ci puissent se les prêter. Ajuster ses attentes permet aussi de porter plus longtemps certains morceaux. Par exemple, en gardant les vêtements tachés pour les activités salissantes extérieures ou les activités de bricolage, il est possible d’allonger leur durée de vie. Ce que j’aime le plus de l’étape de réutiliser des vêtements, c’est également de transmettre ce principe aux enfants. Acheter ou recevoir un vêtement d’occasion est un beau prétexte pour parler ouvertement d’écologie avec eux en discutant de l’histoire de vie d’un vêtement. De cette manière, on diminue les appréhensions face aux dons et les achats usagés en les normalisant. Personnellement, mes enfants adorent savoir de quel endroit ou de quelle personne provient un vêtement et ils m’en parlent avec le sourire. Outre le fait d’acquérir des vêtements d’occasions, il y a aussi le fait d’en offrir. En effet, s’il n’y a pas d’offres de vêtements d’occasion à la base, il est difficile pour quiconque d’en acquérir et d’ainsi changer nos réflexes d’achat.
Réutiliser c’est aussi réparer. On peut soit le faire soi-même, l’apprendre via un proche, avoir recours au service d’une couturière ou d’un « Café-Répare ». On peut également modifier l’usage d’un vêtement en le portant comme pyjama, tel un chandail avec un col lousse. Il ne faut pas négliger la transformation du vêtement : un pantalon déchiré peut facilement devenir un short. L’idée n’est pas de toujours tout faire à son maximum, mais d’utiliser les stratégies dont on est à l’aise d’intégrer progressivement.
Mais que fait-on des vêtements qui ne peuvent être réutilisés d’aucune façon? Il est possible d’appliquer la quatrième étape soit de les recycler en une autre utilisation. Par exemple, un vêtement de bébé peut devenir un vêtement de poupée, un pyjama défraichi peut devenir plusieurs débarbouillettes, un vieux vêtement peut devenir le terrain de jeu d’un enfant pour apprendre la couture avec supervision… les possibilités sont infinies! Même ce qui ne semble plus réutilisable peut avoir un nouveau potentiel. Par exemple, un lot de bas et de mitaines dépareillées peut être donné à un service de garde de la région s’il le souhaite afin de les dépanner. Il suffit de se renseigner en demandant quels sont leurs besoins. Les collectes de tissu offertes par divers organismes de la région permettent aussi de recycler les vêtements qui ne peuvent être réutilisés autrement en les transformant en bourrure écologique à meubles. En se renseignant sur leurs collectes, il est possible de donner une nouvelle vie à nos textiles.
Finalement, la cinquième étape, soit le principe de Rendre à la terre, qu’on pourrait traduire par composter, s’applique difficilement aux vêtements vus qu’ils sont rarement biodégradables dans leur entièreté. Toutefois, en privilégiant des vêtements en fibres naturelles et des compagnies engagées dans l’environnement, nous pouvons aider à ce niveau. Par exemple, certaines compagnies ont une politique d’actions concrètes pour diminuer leur impact écologique. Cette stratégie revient à faire des achats durables et engagés en prenant le temps de se renseigner.
Je conclus cette longue chronique en précisant que la durée de vie d’un vêtement ne consiste pas seulement en la période où il est en notre possession. Elle concerne aussi la période précédente et suivante, de notre prise de possession du vêtement en question. C’est aussi de permettre à un tissu d’être utilisé à son plein potentiel en y voyant toutes les possibilités offertes et en s’ajustant à son rythme de changement des habitudes de consommation. En portant attention aux vêtements que l’on utilise, on habille notre quotidien d’actions répondant à nos valeurs. Un jour à la fois.
Lire la chronique précédente : La magie des roches
2 avis au sujet de « Un vêtement et ses nombreuses vies »
Très bonne et belle chronique. Merci
Très intéressante chronique Bravo 👏
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