Alors que la zone agricole du Val-Saint-François représente 82 % de l’ensemble du territoire, on ne peut pas agir pour protéger la biodiversité et contrer le réchauffement climatique sans penser à l’avenir de l’agriculture. Et, plutôt que d’opposer écologistes et agriculteurs, il est sans doute plus productif de mieux connaître la diversité du monde agricole et ses spécificités locales pour favoriser la nécessaire transition écologique. C’est là qu’intervient le Plan de développement de la zone agricole (PDZA), un outil qui guide les MRC pour agir dans ce secteur d’activités économiques d’importance.
Portrait du territoire et défis agricoles
Sur les 117 330 hectares zonés agricoles, il faut tout d’abord mentionner que la très grande majorité est en fait identifiée comme « couvert forestier » ce qui laisse en fin de compte environ 20 % de terres en culture. L’importance des entreprises sylvicoles ne doit donc pas être sous-estimée dans la protection du territoire. Pour ce qui est des entreprises agricoles présentent dans le Val-Saint-François, on n’en compte que 30 biologiques sur un total de 493 divisée relativement également entre productions animale et végétale. Par contre, entre 2016 et 2023, le nombre d’entreprises certifiées biologiques a connu une augmentation de 260 %. Autre tendance notable, durant la même période, la production végétale a augmenté de 21 %, alors que la production animale a diminué de 1,6 %. Le nombre de petites exploitations a quant à elle augmenté alors que le nombre de grandes exploitations est demeuré stable. Notons également que la production porcine produit 72 % des bêtes de la MRC.
Il faut également mentionner comme le fait le PDZA que la détresse psychologique des agriculteurs est un problème criant : 51 % des producteurs québécois ressentent un niveau élevé de stress, et 72 % des agriculteurs locaux ont déclaré avoir vécu du découragement au cours des cinq dernières années. L’isolement et l’incertitude économique contribuent à cette réalité préoccupante.
Des solutions pour un avenir durable
Le PDZA ne se limite pas à dresser un état des lieux, il propose également des solutions concrètes pour accompagner les agriculteurs et sensibiliser la population. Parmi les huit grands chantiers identifiés, le chantier n°6 joue un rôle clé en matière d’environnement.
Ce chantier vise à favoriser une agriculture, une sylviculture et une acériculture durables. Il propose plusieurs actions dont :
- Sensibiliser et accompagner les agriculteurs dans l’adoption de pratiques écoresponsables;
- Encourager la mise en place de bandes riveraines élargies et de techniques de conservation des sols pour protéger la biodiversité;
- Faire connaître les programmes de rétribution des pratiques durables, tels que le Plan d’agriculture durable (PAD) et l’initiative ALUS-Estrie, pour soutenir financièrement les producteurs engagés.
L’eau est également un enjeu central. L’optimisation de l’irrigation, la gestion efficace des ressources hydriques et la préservation des milieux humides sont des axes prioritaires pour garantir la pérennité des cultures tout en réduisant l’empreinte environnementale.
Enfin, le PDZA insiste sur l’importance du soutien psychologique aux agriculteurs. La création d’un réseau d’entraide, l’organisation d’activités sociales et l’accès à des travailleuses de rang sont des mesures mises de l’avant pour combattre l’isolement et améliorer la qualité de vie de ceux qui nourrissent notre région.
Un effort collectif nécessaire
L’avenir de notre territoire repose sur un engagement commun entre élus, citoyens et agriculteurs. Mieux comprendre les réalités agricoles permet d’adopter une consommation plus responsable et de soutenir l’économie locale. Acheter des produits de proximité, encourager les initiatives écologiques et reconnaître le travail des producteurs sont des gestes concrets qui contribuent à une agriculture plus durable et résiliente.
Les changements climatiques viennent ajouter leur lot de défis. Des températures plus élevées, des précipitations irrégulières et une augmentation des périodes de sécheresse mettent en péril les cultures et l’élevage. Il devient impératif d’adopter des pratiques résilientes pour assurer la pérennité des exploitations. Le travail qui vient de débuter dans toutes les MRC du Québec pour la mise en œuvre des Plans climats apportera, on l’espère, son lot de solutions.
Le PDZA est un levier intéressant pour guider ces changements, mais il ne peut réussir sans une mobilisation collective. Ensemble, façonnons un Val-Saint-François où agriculture rime avec environnement et bien-être !