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À l’heure où la climat se dérègle en accéléré aux quatre coins du globe, l’humanité doit plus que jamais se serrer les coudes, sans laisser personne derrière. L’Université de Sherbrooke (UdeS) et l’Université Grenoble Alpes (UGA) s’unissent afin de créer une nouvelle Chaire de recherche en diplomatie scientifique climatique, qui vise à rapprocher les savoirs scientifiques et les décisions politiques sur la scène internationale.

« On sent en ce moment un désabusement, un désengagement de la part des décideurs, surtout avec le momentum de la politique américaine qui vient percoler sur nous », affirme la professeure Annie Chaloux, cotitulaire de la nouvelle Chaire de recherche en diplomatie scientifique climatique : savoirs, technologies et gouvernance.

Plus que jamais, il est essentiel de renforcer la place des savoirs scientifiques dans la gouvernance internationale du climat. Toutefois, la complexité croissante des données climatiques représente un défi majeur pour leur intégration dans les processus décisionnels.

Accroître les leviers, briser les inégalités

Cette complexité crée une rupture du lien de compréhension entre la sphère politique, la population et le milieu scientifique. Elle creuse aussi un fossé entre les pays riches et les pays en développement, notamment en raison de l’émergence rapide des technologies (intelligence artificielle, plateformes de données climatiques, technologies quantiques) qui façonnent l’accès aux données.

« Avec cette chaire, notre ambition est de démocratiser les savoirs scientifiques pour élargir les espaces d’action. Les solutions sont là : en renforçant notre littératie collective, nous pourrons transformer cette connaissance en levier de gouvernance et stimuler des changements à la hauteur des défis climatiques. »

Annie Chaloux, cotitulaire de la chaire, Université de Sherbrooke

Pour créer ces leviers, Annie Chaloux travaille de concert avec la professeure Amélie Favreau, de l’Université Grenoble Alpes.

« Bien que la science joue un rôle clé dans les décisions pour le climat, son influence reste contingente dans un contexte « multicrise » où la priorité climatique est contestée. Elle dépend autant des rapports de force entre acteurs étatiques et internationaux que de la manière dont les connaissances circulent et sont perçues dans l’espace public. Les récits médiatiques, la désinformation et la polarisation façonnent la confiance accordée à l’expertise scientifique. Avec cette chaire, nous pourrons comprendre les mécanismes qui font des technologies à la fois un atout et une menace pour son impact dans la qualité des décisions. »

– Amélie Favreau, cotitulaire de la chaire, Université Grenoble Alpes

D’une pertinence sans équivoque, cette chaire reçoit un appui de 250 000 $ du Fonds de recherche du Québec (FRQ) dans le cadre de la création de sept chaires en diplomatie scientifique. Elle bénéficie également d’un financement de 250 000 $ de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA).

Réunir les expertises pour accélérer le pas

Accompagnées d’une équipe interdisciplinaire comptant une vingtaine de chercheuses et chercheurs, les deux cotitulaires tenteront de comprendre comment les savoirs scientifiques sont produits, légitimés et utilisés dans les négociations climatiques internationales.

En réunissant leurs expertises en sciences politiques et en droit, les deux chercheuses visent à promouvoir une diplomatie scientifique plus inclusive et efficace, capable d’intégrer une pluralité de savoirs et de favoriser un usage responsable des innovations technologiques dans les processus diplomatiques.

Une des particularités du programme est qu’il se positionne dans le créneau de la recherche en français :

« Pour les pays francophones les plus vulnérables aux changements climatiques, l’intégration des connaissances scientifiques est d’autant plus complexe que tout se fait en anglais, explique la professeure Chaloux. Il y a tellement de choses à savoir, à comprendre, à maîtriser; nous avons ce souci de le faire dans la langue de Molière pour nous assurer qu’il y a une meilleure passation du savoir et une mobilisation dans ces communautés. »

L’équipe de la chaire aspire à devenir un pôle de référence francophone en diplomatie scientifique climatique.

Solide partenariat France-Québec

L’annonce de cette chaire a eu lieu le 6 octobre dans le cadre des Entretiens Jacques Cartier 2025, tenus en Auvergne-Rhône-Alpes, en présence du professeur Jean-Pierre Perreault, recteur de l’Université de Sherbrooke, et de Yassine Lakhnech, président de l’Université Grenoble Alpes.

« L’UdeS prend une part active au rayonnement de la recherche en français, notamment à travers divers partenariats de recherche avec la France, dont une collaboration de longue date avec le Centre national de recherche scientifique (CNRS). Ces collaborations nous permettent de renforcer la mise en commun des ressources, des expertises et des infrastructures de recherche. Cette chaire est un autre bel exemple de coopération réussie entre le Québec et la France en recherche interdisciplinaire portant sur des enjeux sociaux de première importance. »

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