Crédit photo : Microsoft Copilot
{acf_vo_headline}

La baisse du taux directeur annoncée mercredi par la Banque du Canada a de quoi réjouir tous les emprunteurs, pas seulement les détenteurs de prêts hypothécaires. Voici de quoi il en retourne.

Comment le taux directeur influe-t-il sur les prêts à la consommation ?
« Souvent, on va entendre que la politique monétaire fonctionne par le biais des hypothèques, parce que ça touche vraiment les personnes », relève Philippe d’Astous, directeur du Laboratoire en éducation financière HEC Montréal. Or, « ça fonctionne par les prêts à la consommation également ».

Le taux d’intérêt moyen demandé par les banques pour de nouveaux prêts à la consommation était de 6,43 % en août, alors qu’il était de 9,19 % 18 mois plus tôt, rapporte la banque centrale. L’évolution du taux d’intérêt moyen suit donc la même tendance que celle du taux directeur, qui a entrepris un cycle baissier au printemps 2024.

Tout comme les prêts hypothécaires, les prêts à la consommation peuvent être assortis d’un taux fixe ou d’un taux variable. Le taux variable est calculé par les institutions financières en ajoutant une prime fixe à la valeur de leur taux préférentiel, lequel dépend largement du taux directeur. Lorsque ce dernier varie, les banques vont généralement rajuster leur taux d’intérêt dès le lendemain, explique Alexandre Bélanger, directeur à la Banque TD.

Le taux fixe affiché par les prêteurs va lui aussi changer, mais moins rapidement, car il relève plutôt du taux obligataire et n’est pas corrélé directement avec le taux directeur, poursuit M. Bélanger. Évidemment, pour ceux qui détiennent déjà un prêt à taux fixe, l’effet ne se fera sentir qu’au renouvellement, le cas échéant.

Les Canadiens empruntent-ils beaucoup pour leurs biens de consommation ?

Les Canadiens empruntent beaucoup pour consommer, et ils le font de plus en plus.

Au 1er août 2025, l’ensemble du crédit à la consommation — prêts automobiles, marges de crédit, etc. — consenti par les banques à charte canadiennes s’élevait à 650 milliards de dollars au pays, selon des données de la Banque du Canada. Il s’agit d’une augmentation de 28 % par rapport au 1er janvier 2021, date où cette somme était de 506 milliards. Cela demeure toutefois moins élevé que la valeur totale des prêts hypothécaires, qui était de 1618 milliards au début août.

L’annonce de mercredi est « un scénario qui est gagnant […] pour les consommateurs en général », car de nombreux prêts personnels, dont des marges de crédit, sont assortis de taux variables, souligne M. Bélanger. « C’est une bouffée d’air frais pour monsieur et madame Tout-le-Monde. »

Selon une étude de TransUnion, au deuxième trimestre de l’année, 25 % des Canadiens planifiaient obtenir un nouvel emprunt dans la prochaine année ou refinancer un emprunt existant, une baisse de deux points de pourcentage sur un an. « Malgré une baisse considérable, les taux d’intérêt restent supérieurs aux niveaux prépandémiques, ce qui incite certains consommateurs à attendre de nouvelles réductions avant d’accroître leurs emprunts. »

La baisse des taux représente-t-elle un risque pour les consommateurs ?

Une baisse de taux d’intérêt peut toujours rendre l’emprunt plus attrayant, ce qui n’est pas sans risque dans un contexte où l’endettement des ménages est déjà élevé. Au deuxième trimestre de 2025, le pourcentage des prêts en souffrance depuis au moins 90 jours atteignait 2,31 % pour les prêts remboursables par versements et 0,99 % pour les prêts de cartes de crédit, des valeurs beaucoup plus élevées que le taux de souffrance des prêts hypothécaires (0,18 %), a calculé la Banque du Canada à partir de données de TransUnion.

« Le mécanisme de la politique monétaire, c’est de baisser les taux pour que les gens consomment plus, rappelle Philippe d’Astous. Si les gens sont rationnels et que ça ne les fait pas emprunter plus, baisser les taux, c’est sûr que c’est bon pour le consommateur. »

Cela dit, le choix d’un taux fixe ou d’un taux variable n’est pas nécessairement étudié avec attention par tous les emprunteurs. « Il y a beaucoup de gens qui ont des prêts à la consommation, observe Philippe d’Astous. Quand tu signes le contrat, peut-être que tu as ce choix-là à faire et tu n’en es même pas conscient, ou tu ne connais pas les répercussions. »

À 2,25 %, le taux directeur « est un taux d’intérêt qu’on qualifie de “neutre” », avance Alexandre Bélanger. C’est-à-dire qu’il ne risque ni de faire surchauffer l’économie ni de restreindre sa croissance.

À lire également

Laisser un commentaire

Oui SVP, inscrivez-moi à l'infolettre du Val-Ouest pour recevoir un lien vers les nouveaux articles chaque semaine!

À lire aussi