Par Myriam Arsenault, Initiative de journalisme local
Coloriage, bricolage, modelage, les arts créatifs et leurs nombreuses possibilités ont pris d’assaut les réseaux sociaux. Ces activités séduisent de plus en plus d’adultes, en quête de relaxation face au rythme effréné de leur quotidien. Mais, est-ce que ces pratiques peuvent avoir des bienfaits réels?
Au DeSerres de Chicoutimi, les allées regorgent de possibilités de projets artistiques, et ce, pour tous les niveaux. C’est d’ailleurs quelque chose de nouveau, remarque la directrice adjointe du DeSerres de Chicoutimi, Michèle Gagné.
«C’est plus accessible. Il existe beaucoup d’ensembles où quelqu’un a tout pour commencer un projet, sans que ce soit trop dispendieux. On en retrouve beaucoup plus qu’avant. Comme ça, si la personne n’aime pas ça, elle n’aurait pas fait un trop gros investissement», assure Mme Gagné.
Plusieurs ont repris de vieilles habitudes lors de la pandémie. Confinés dans leur maison, ils ont eu à diversifier leurs façons de s’occuper. Mais pour certains, il s’agit plutôt d’un «retour aux sources», plus qu’une découverte à proprement dit, puisqu’ils renouent avec d’anciennes passions oubliées dans les aléas de la vie. Les réseaux sociaux dictent aussi beaucoup les nouvelles tendances et donnent envie à de nouvelles personnes à s’initier.
Toujours pas assez
Pour Natasha Tremblay, psychologue de formation et maintenant coach de vie, il n’y aura jamais assez d’adultes qui pratiquent des loisirs créatifs. Peu de gens leur accordent l’importance qu’ils devraient avoir, estime-t-elle.
«Pour moi, je trouve que c’est de moins en moins. Les animaux jouent, les enfants jouent, mais les adultes arrêtent beaucoup trop de jouer. Parce que le loisir, c’est faire quelque chose en soi qui est inutile et souvent, les gens ont de la misère à faire ça.»
— Natasha Tremblay, psychologue de formation et coach de vie
Rencontrée à sa maison, c’est là d’ailleurs qu’elle reçoit ses clients. C’est sa mission: les aider à trouver un loisir créatif qui les aidera à revenir à l’équilibre. En s’appuyant sur la théorie de la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), que l’on retrouve notamment dans le livre Le piège du bonheur du Dr Russ Harris, elle veut démontrer que les loisirs créatifs sont nécessaires et qu’ils ne sont surtout pas une perte de temps.
Il y en existe un pour convenir à tout le monde, elle en est persuadée. C’est souvent un devoir que Mme Tremblay leur donne. Dix minutes, matin et soir, à faire quelque chose d’inutile, de créatif. Elle recommence souvent de penser à ce que la personne aimait, à l’enfance.
Des excuses
Mais, les gens ont des excuses. Le temps est l’enjeu numéro un. Pour d’autres, c’est l’argent. Elle aimerait qu’elle regarde le bon côté de ces activités.
«Le jeu et la créativité sont des antidépresseurs. Ça nous régule, ça fait le travail sans même que nous nous en rendons compte. C’est prendre soin de soi», soutient-elle.
Ces passe-temps aident notamment les gens à ralentir. Ils permettent aussi de développer des aptitudes, comme l’apprentissage par essai-erreur, la créativité, de mieux se connaître en portant attention à sa voix intérieure.
«Le lavage peut attendre, parce qu’un jour vous allez casser pis vous n’aurez plus le choix de le faire», conclut Mme Tremblay.
De l’art à l’entrepreneuriat
Jade Lachine s’est elle aussi fait prendre au jeu. Comme bien d’autres, l’illustratrice de 30 ans a renoué avec le coloriage récemment, après avoir vu passer des vidéos de dessin sur les réseaux sociaux.
Quelques mois plus tard, elle est étroitement liée à ce loisir, puisqu’elle est derrière les livres à coloriage à son nom. Ils ont différentes thématiques comme le tour du monde, les lieux de bonheurs, ou le bien-être.
Avec ces livres, Jade fait redécouvrir sa passion à d’autres qui, comme elle, voient que le plaisir de dessiner est tout aussi présent aujourd’hui.
«C’est tellement relaxant. Tu entres dans la zone, sans écran. Moi, c’est comme ça que je le vis, le temps passe vite. J’aime penser que les gens le font sans pression. On retourne à la base, à l’enfance.»
— Jade Lachine, illustratrice
Quelque mois et sept tomes plus tard, les gens en redemandent. Les livres de Jade trouvent rapidement preneurs, assez pour que l’illustratrice de Saint-Bruno planche continuellement sur de nouveaux projets.