Entre la pénurie de logements, le manque de places en garderie et les problèmes de transport en commun, l’organisme Place aux jeunes en région doit composer avec plusieurs obstacles dans ses efforts pour attirer les jeunes adultes en région.
Le congrès national annuel de l’organisme se déroulait la semaine dernière à Montebello, en Outaouais. L’événement rassemblait plus de 150 professionnels autour de conférences sur les tendances du marché du travail et du logement dans les régions.
L’organisme a vu le jour il y a plus de 30 ans, lorsque quelques municipalités régionales de comté (MRC) ont tiré la sonnette d’alarme en constatant que «des autobus remplis de jeunes adultes» quittaient chaque année pour les grands centres.
«Les jeunes partaient par centaines des régions vers les grands centres et ça devenait vraiment un problème parce que ça créait des villages déserts», raconte Marianne Drolet, directrice des opérations de Place aux jeunes en région.

Selon elle, l’importance d’attirer et de garder les jeunes travailleurs en région est toujours d’actualité.
«Il y a encore des besoins en région qui sont gigantesques dans de gros domaines comme la santé, l’éducation, la construction et la mécanique», souligne Mme Drolet.
Place aux jeunes en région accompagne environ 2000 personnes par année dans leur installation en milieu régional. Toutefois, «là où ils font une réelle différence», souligne Mme Drolet, c’est dans la rétention de ces nouveaux arrivants sur le territoire.
Pas moins de «90 % des jeunes qu’on accompagne restent en région. Donc, les gens qu’on a réussi à sortir de la ville ont réellement adopté ce mode de vie», dit-elle.
Un atout pour l’économie régionale
Selon l’organisme, les jeunes adultes entraînent des retombées économiques importantes pour les MRC.
«Pour l’économie, c’est extrêmement bon de ramener des jeunes en région, parce que ce sont des gens qui vont acheter des propriétés, qui vont louer, participer à l’économie, explique la directrice des opérations. C’est très important pour garder la ruralité en vie.»
Une étude menée en 2023 par la firme Aviseo pour Place aux jeunes révèle que chaque arrivée d’un jeune en région génère en moyenne 131 000 $ de retombées économiques par année pour le milieu.
Crise du logement
Le manque de logements vient toutefois freiner l’installation des jeunes adultes en région.
«Le manque de logement est gigantesque et a un grand impact sur le retour en région», plaide Mme Drolet.
L’organisme rapporte que le nombre de migrations ratées de jeunes de 18 à 35 ans, en raison de la difficulté à trouver un logement en région, s’élève à plus de 700 dans l’ensemble de la province pour l’année 2023.
À cela s’ajoutent les difficultés à trouver des places en garderie et l’absence du transport en commun dans certaines régions.
«Si un jeune me dit qu’il lui faut absolument du transport en commun, il y a plusieurs régions où je ne peux pas l’envoyer», affirme Mme Drolet.
Le cas de l’Outaouais
Dans certaines régions, il n’y a pas que le manque de logements qui a un impact sur la migration. Leur prix également.
«Dans 50 % des régions que l’on couvre, les loyers coûtent plus cher que dans les grands centres», dénonce Mme Drolet.
Selon l’organisme, c’est effectivement le cas de l’Outaouais, où le coût des logements freine les jeunes à choisir la région.
«Je confirme que le prix des logements dans la région freine beaucoup de personnes à venir s’établir ici plutôt que dans une autre région», explique Geneviève Meunier, agente pour Place aux jeunes dans la MRC de Papineau.
Mme Meunier tient quand même à souligner que l’Outaouais a beaucoup à offrir aux jeunes qui veulent s’y installer.
«Microbrasserie, spa, sport, aventure, artistes, culture, expérience gastronomique, paysage: il y en a vraiment pour tous les goûts dans la région», martèle l’agente.
Marché de l’emploi saturé?
Geneviève Meunier dit remarquer un ralentissement au niveau de l’emploi en Outaouais.
«Présentement, en Outaouais, le marché est un peu saturé, dit-elle. On remarque une tendance où les employeurs sont un peu moins à la recherche d’employés.»
Elle rappelle l’importance de prendre contact avec l’organisme dans des cas comme celui-ci.
«Nous avons beaucoup de contact avec le milieu, souligne Mme Meunier. Nous connaissons le ‘marché caché’ autant pour les emplois que les logements.»
Mme Meunier soutient malgré tout que plusieurs opportunités demeurent dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
Sur son site Web, l’organisme présente la région comme «le meilleur des deux mondes».
«Un monde de villégiature à proximité des grands centres, c’est ce que vous offre l’Outaouais», peut-on lire sur le site, qui affiche plus de 80 emplois et stages dans les quatre MRC de l’Outaouais.















