Le Val-Ouest

 Premier voyage en famille

Je n’ai jamais voulu d’enfant. Pas d’une façon catégorique et tranchante, mais plutôt comme une simple absence d’intérêt. L’idée de me conformer au quotidien des bains, devoirs et dodos me paraissait incompatible avec ma soif de liberté et mon esprit nomade. Voyager, partir à l’aventure sur un coup de tête, c’était ça ma vie. Les relations que j’ai vécues étaient avec des hommes qui partageaient cette vision, eux aussi sans enfant. Jusqu’au jour où je l’ai rencontré, lui.

Lui, avec ses deux filles. Deux petites boules d’énergie et de douceur, âgées de 7 et 9 ans, qui allaient bousculer tout ce que je croyais savoir sur moi-même.

« Les filles, vous diriez quoi si je vous disais que Mélanie est ma nouvelle amoureuse ? – Pour vrai ??? YEEEEEEEE !!! » s’est écriée l’aînée, les yeux pétillants.

Je venais à peine de rentrer d’Afrique du Sud et ils étaient venus me chercher à l’aéroport en famille. Nous étions tous les quatre dans un restaurant de Montréal, et voilà que l’annonce était faite. Le lendemain, alors que nous étions dans un événement les quatre ensemble, la plus vieille me suivait partout. Elle me présentait à tous comme étant sa nouvelle belle-mère.

BELLE-MÈRE ???

« Woooo minute… On est à peine en couple, lui et moi ! Ça fait moins de 24h que c’est officiel, et on ne s’est pas encore dit « je t’aime ». Alors pour le rôle de belle-mère, on en reparlera dans quelques années ! », que je me suis dit. Malgré tout, je comprenais que c’était sa façon à elle de m’accueillir dans la famille. J’étais extrêmement touchée par son enthousiasme face à ma présence toute nouvelle dans sa vie.

Malgré leur cuteness incroyable de toutou en peluche, j’avais besoin de beaucoup de temps, seule. Pas facile pour moi d’être « vue » par trois personnes au lieu d’une, et de les accueillir dans mon quotidien.

Au fil des mois, un lien s’est tissé entre nous. De moments simples en soirées partagées, j’ai appris à leur raconter des histoires avant de dormir, à faire leurs lunchs pour l’école, à transformer des tâches ordinaires en rituels remplis d’amour. Mais ce lien allait encore s’approfondir d’une manière inattendue.

Trois ans après le début de ma relation, j’ai ressenti un bouleversement intérieur après un voyage en solo. « Pourquoi partir sans elles ? » pensais-je en revenant. L’idée de voyager seule perdait son éclat. Pour la première fois, le désir de partager ces expériences avec ma nouvelle famille prenait le dessus. Ce sentiment a persisté.

L’année dernière, après quatre ans avec mon chum, nous avons donc planifié notre premier voyage en famille. Pas un voyage sac à dos comme je les aime, mais un tout inclus en République dominicaine. Ce n’était pas mon style, mais qu’importe : ce qui comptait, c’était de les voir découvrir le monde, ne serait-ce qu’une petite parcelle.

Leur excitation était contagieuse. « Six mois à attendre ? C’est bien trop long ! » disaient-elles en sautillant de joie. Le jour du départ, elles étaient surexcitées. J’ai immortalisé chaque moment : leur émerveillement à l’aéroport, leur réaction au décollage, leurs premiers pas sur le sable chaud. Ensemble, nous avons exploré les mangroves, nagé dans les vagues, visité des grottes mystérieuses et goûté à des plats locaux.

Ce voyage a aussi été une occasion pour moi de me voir sous un nouveau jour. J’ai découvert à quel point il est satisfaisant de prendre soin d’elles, de m’assurer qu’elles vivent chaque moment pleinement. Bien sûr, j’ai aussi pris soin de m’accorder des moments seule, pour recharger mes piles, mais je dois avouer que cette expérience m’a fait réaliser que le voyage ne consiste plus seulement pour moi à découvrir de nouveaux paysages et à aller à la rencontre de l’autre, mais aussi à inviter mes belles-filles à partager avec moi des instants qui deviennent des souvenirs précieux.

Les entendre raconter leur voyage à leurs amis, leurs voix pleines d’enthousiasme et d’émerveillement, a été une récompense en soi. Et moi ? J’ai compris que je voulais recommencer. Peut-être avec un peu plus d’aventure la prochaine fois, mais toujours avec elles.

Ce n’était que le début. À présent, je rêve de leur faire découvrir le monde, un pays à la fois, et de continuer à bâtir cette histoire de famille qui, contre toute attente, est devenue la mienne.

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