La Santé publique de l’Estrie, qui a démarré une enquête sur plusieurs cas de sclérose latérale amyotrophique (SLA) dans le Val-Saint-François, espère dénouer ce mystère grâce à la collaboration de la population.
Lors d’une assemblée d’information réunissant plus de 110 citoyens mardi soir, à la Poudrière de Windsor, Dre Mélissa Généreux et Dre Isabelle Samson, respectivement médecin-conseil et directrice de la Santé publique de l’Estrie ont fait une mise à jour sur l’enquête en cours.
Ce processus a été initié à la suite du signalement de Julie Dubois, une Windsoroise qui a eu la douleur de perdre son conjoint, Marco Brindle, l’an dernier. Un total de 18 cas ont été rapportés depuis son signalement en novembre 2024.
« Nous ouvrons le dialogue avec la population, ce qui est une étape très importante. Actuellement, 20 cas sont à l’étude dans le Val-Saint-François depuis 2012. Mais ce nombre pourrait être plus élevé avec les démarches actuelles », affirme Dre Généreux.

La Santé publique de l’Estrie cherche à confirmer l’existence d’un agrégat, soit un regroupement inhabituel, réel ou perçu, d’événements de santé dans le temps ou dans l’espace.
Des recherches sont menées dans diverses banques de données. Certaines tendances se dessinent de manière préliminaire. Ainsi, plusieurs victimes demeuraient près d’un plan d’eau et quelques-unes travaillaient pour de grandes entreprises de la région.
La Santé publique joue toutefois de prudence avant d’en arriver à des conclusions.
« Il faut prendre un pas de recul et parler à davantage de personnes atteintes de SLA ou à leurs familles. C’est donc vraiment important que la population nous donne un coup de main », résume Dre Généreux.
Description de la maladie
La SLA, parfois surnommée maladie de Lou Gehrig, affecte les neurones moteurs.
Cette maladie dégénérative entraîne une faiblesse musculaire qui s’accroît au fur et à mesure. La personne touchée par la SLA a ainsi de plus en plus de difficultés à marcher, parler et respirer.
« En tout, entre 5 et 10 % des cas sont d’origine familiale ou héréditaire. La SLA frappe principalement les gens âgés entre 60 et 80 ans. Il y a plus de cas chez les hommes que chez les femmes. Et l’espérance de vie est de deux à cinq ans après le diagnostic », mentionne Dre Samson.
Dans le Val-Saint-François, 60 % des cas signalés depuis 2012 sont des femmes, avec un âge moyen de 68 ans. Et 80 % de ces cas ont habité dans le Val-Saint-François depuis au moins cinq ans.
Le tabagisme pourrait être une cause de cette maladie, sans toutefois que ça soit prouvé hors de tout doute.
D’autres facteurs reliés aux habitudes de vie, aux conditions de santé ou à l’environnement sont associés à la SLA, mais sans preuve de lien de cause à effet.
« Les obstacles à l’identification des facteurs de risque environnementaux sont l’absence de registres de la maladie, les expositions difficiles à documenter et le peu de financement pour ce type de recherche », peut-on lire dans le document présenté mardi soir dernier.
La Santé publique, qui parle de 26 cas potentiels entre 2012 et 2024, poursuivra donc ses efforts afin d’en venir éventuellement à une étude épidémiologique.
Dans les Alpes françaises, on a ainsi pu établir que les victimes de SLA avaient toutes consommé un champignon sauvage.
Même si on devait en venir à terminer la démarche actuelle, un processus de suivi pourrait être instauré.
« Nous ne pouvons pas promettre pour le moment qu’on identifiera le facteur de contamination dans le Val-Saint-François. Mais on demeure positifs, tout en faisant preuve de transparence », affirme Dre Génereux.
Durant l’assemblée d’information, un code QR a été dévoilé afin de remplir un questionnaire qui pourrait conduire à identifier d’autres cas de SLA dans le Val-Saint-François.
Ce formulaire sera en ligne au https://forms.office.com/r/szpnv5aW4p d’ici le 15 mai.
Réactions
La mairesse de Windsor, Sylvie Bureau, apprécie grandement la démarche de la Santé publique.
« Les gens ont pu poser des questions et s’exprimer durant l’assemblée de mardi. Les citoyens ont réalisé qu’il y a une équipe qui travaille pour eux. Et ça touche l’ensemble de la MRC du Val-Saint-François, pas uniquement Windsor », déclare-t-elle.
Mme Dubois a de son côté réitéré sa volonté de s’impliquer activement dans le processus en cours.
« J’ai confiance en eux. Ça me fait plaisir d’aider, afin d’éviter le plus possible d’autres drames reliés à la SLA », dit-elle.