La Municipalité de Stoke a rencontré ses citoyens mercredi afin de les consulter sur leur intérêt concernant l’achat d’un terrain en bordure du lac Stoke, connu sous le nom du camp St-Pat’s. L’acquisition, non sans conséquences sur le compte de taxes, permettrait aux citoyens d’obtenir un accès public au plan d’eau.
Ils étaient environ une centaine réunis dans la salle communautaire pour s’informer et se prononcer sur le projet. Le terrain situé au 263 chemin du Lac, en vente pour 1,8 million, possède une superficie de 75 hectares et est situé de part et d’autre de la voie publique.
La majeure partie des lots est boisée et située en zone agricole. Environ trois hectares situés à la pointe du lac sont zonés blanc. C’est la seule portion du terrain sur laquelle des infrastructures non agricoles pourraient être construites. Le vaste site comporte une ancienne carrière, une forêt et un marécage.
Autrefois propriété des Old Boys, lesquels possédaient le Camp St-Pat’s depuis 1948, la propriété a été vendue à Charles Grenier en 2002, avant que la vente ne soit invalidée en 2005 et que la propriété ne soit retournée aux Old Boys.
Le site est alors légué au camp Papillon, destiné à accueillir des enfants handicapés, mais le projet n’a jamais vu le jour. Le site s’est retrouvé sur le marché en 2021 et attend, depuis, son acquéreur.
Les citoyens de Stoke ont été nombreux à manifester un intérêt à retrouver un accès au lac comme à l’époque du camp St-Pat’s, qui permettait aux Stokois de profiter de la plage.
Plusieurs d’entre eux ont demandé à la Municipalité d’évaluer les impacts d’une acquisition. En 2023, Stoke a imposé un droit de réserve sur le terrain, empêchant d’y effectuer des modifications pour en augmenter la valeur. La manœuvre avait pour objectif de gagner du temps pour évaluer un projet potentiel. Ce droit a été renouvelé pour deux ans en février dernier.
Afin de diminuer l’impact d’une potentielle acquisition du terrain sur le compte de taxes, Stoke étudie la possibilité d’acheter le terrain conjointement avec Nature Cantons-de-l’Est, un organisme dédié à la conservation des milieux naturels. C’est d’ailleurs cet organisme qui agit à titre de négociateur avec le propriétaire des lieux.
Un scénario, lequel se retrouvera sur le site de la Municipalité dès jeudi, a été présenté aux citoyens afin d’illustrer les coûts potentiels du projet. Stoke ferait l’acquisition de 13 hectares (incluant la portion en zonage blanc) pour 1,08 million de dollars et Nature Cantons-de-l’Est achèterait 62 hectares pour 720 000 $.
Sur la base de cette répartition, le compte de taxes des citoyens monterait de 122,60 $ par an pendant 20 ans pour gagner un accès au lac et à la forêt environnante.
Citoyens intéressés
Plusieurs citoyens ont démontré un fort intérêt à voir le projet se réaliser. Olivier Domingue, de l’Association de protection du lac de Stoke, a souligné l’importance de protéger l’accessibilité au lac et de faire du terrain un lieu à la fois rassembleur et préservé.
«Je souhaite la conservation du territoire et son accessibilité.»
Ils ont été nombreux à défiler au micro afin de poser leurs questions et, dans plusieurs cas, de signifier un appui clair au projet.
Comment gérer l’afflux de visiteurs de l’extérieur? Comment remettre le site, jugé endommagé par certains, en état acceptable? Est-ce possible de négocier le prix d’achat? Peut-on impliquer des partenaires financiers ou du sociofinancement?
Est-ce que les citoyens pourront s’impliquer dans la conception du projet, s’il y a achat? Est-ce que la qualité de l’eau permettra la baignade? Est-il urgent d’acheter avant que quelqu’un d’autre ne le fasse?
Un seul citoyen, Réjean Cloutier, a soulevé une crainte face à une hausse de taxes. «122 dollars sur 20 ans, est-ce que ça va vraiment être ça? J’ai peur que les coûts explosent. Aller prendre une marche au bord du lac c’est agréable, mais ça dépend à quel prix.»
Le maire de Stoke, Luc Cayer, croit que ce dernier représente une «majorité silencieuse». Au sortir de la rencontre, il a affirmé: «Les gens étaient très majoritairement en faveur du projet ce soir, mais on n’est pas encore allés piger dans leur poche. Quelle est la réalité, vraiment?»
L’élu ajoute que son équipe fera une synthèse de la consultation la semaine prochaine, afin d’évaluer si elle poursuit avec une offre d’achat ou si d’autres réflexions seront nécessaires.
Partenaire prêt à investir
Nature Cantons-de-l’Est était représentée par son directeur Stéphane Tanguay. Celui-ci a affirmé avoir déjà mis de côté 400 000 $ pour le projet. Il a ajouté que son organisation pouvait difficilement justifier l’achat d’une zone blanche, qui serait difficile à protéger, mais que son organisation pourrait probablement trouver des partenaires financiers pour faire monter la contribution à 700 000 $ en zone verte.
«On veut faire un partenariat avec la Municipalité. On associe nos forces pour acheter le terrain, vu qu’il y a une zone qui nous intéresse moins. On pense que quand les gens ont accès à la nature, ils deviennent sensibilisés et la protègent», a affirmé Stéphane Tanguay en ajoutant qu’il a comme projet l’aménagement de sentiers dans la portion forestière du site.
Premier refus
En attendant que la Municipalité décide de faire une offre, le terrain est toujours sur le marché. Quiconque le souhaite pourrait déposer une offre malgré le processus de consultation entamé par la Municipalité.
Charles Grenier, ancien exploitant de la carrière située sur le site, possède un droit de premier refus sur les offres, c’est-à-dire qu’il peut égaler ou surpasser le montant de celles-ci s’il désire acheter le terrain. Ce dernier assure, advenant le cas où il devienne propriétaire, qu’il souhaite que la population puisse avoir accès au lac.