Le Val-Ouest

Il y avait assez d’espace pour voyager toute une vie

Dans nos yeux, il y avait assez d’espace pour voyager toute une vie.  Il y avait les rouleaux de brume qui encombraient les deux lacs par matins de rosée.  Il y avait le gros arbre sur la côte au nord dans lequel nous grimpions pour compter les clochers.  Il y avait les voisins qui se regroupaient pour les boucheries avant les fêtes.

Il y avait la petite école où nous allions nu-pieds avec nos ardoises.  Il y avait les voisins Roussel et Thériault qui nous grandissaient de leur différence.

Il y avait l’odeur du foin frais dans la grange.  Il y avait le hareng et le lard salé dans la cave avec les patates.  Il y avait les clous carrés qui claquaient dans les murs par vent froid du nordais.

Et, malgré les responsabilités, papa qui gardait le goût de rire, de jouer, de vivre.  Et maman à qui le courage et l’énergie ne manquaient jamais.

Voilà que l’enfance nous est restée collée au corps avec ferveur comme la terre difficile et généreuse du quatrième.  Voilà que l’odeur des labours, l’odeur des éclats de sapin qui volent sous la hache, l’odeur du pain frais nous hantent.

Voilà que l’horizon qui se perd au-delà des clochers nous habite, jusqu’à l’obligation de le dire à nos descendants.  Comme si nous voulions dire MERCI à ceux qui ont vécu ici avant nous!

Gaston Michaud

Etincelle

Le problème avec la vérité, c’est que quand on la cherche vraiment, on la trouve toujours.

Texte écrit sur ma famille dans le livre du 150e anniversaire de Saint-Éloi  en 1998.

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