Apprendre à concevoir un documentaire de A à Z, avec le soutien de professionnels du cinéma. C’est la proposition singulière à laquelle les jeunes du Val sont conviés par le biais de «Vivre ensemble». Une initiative de l’organisme Valcourt 2030. En partenariat avec la maison des jeunes L’Initiative à Valcourt.
L’objectif : sensibiliser les jeunes de la région aux enjeux et défis liés à l’accueil et l’intégration des personnes immigrantes. Pour constater comment une communauté peut s’enrichir au contact d’une pluralité de voix et de cultures. Tout en leur offrant la possibilité de réfléchir, d’aiguiser leur esprit critique et d’apprendre les rudiments de la cinématographie.
Des rencontres «au-delà des préjugés»
«L’idée, c’est que les jeunes aillent à la rencontre des nouveaux arrivants. Pour qu’il y ait une réelle rencontre. Au-delà des préjugés et des a priori. On pense les connaître à travers ce qu’on entend dans les médias. On a l’impression qu’ils sont responsables de la crise du logement, de la crise de la santé, etc. Alors que ce n’est pas vrai du tout. Les jeunes prendront le temps de les écouter. Parce que c’est ça, l’acte du documentaire : s’asseoir et être en état de réceptivité. On ne pose plus alors le même regard. Il y a une empathie qui se développe quand tu connais leur parcours de vie et leur parcours migratoire. Est-ce qu’ils sont venus ici parce qu’ils l’ont choisi ou parce qu’ils n’avaient pas le choix? Que vivaient-ils dans leur pays?», explique Virginie Dubois, agente de rapprochement interculturel pour Valcourt 2030.
Elle croit que le documentaire est un bon véhicule pour atteindre ces objectifs. «Un documentaire, c’est un objet artistique, tout en étant informatif en même temps.»

Soutien de professionnels
Pour ce faire, les jeunes seront épaulés par «des gens qui ont roulé leur bosse, qui ont une bonne feuille de route et qui ont une stature dans le milieu», fait savoir Virginie Dubois.
«Ils pourront les initier à chaque étape de création et de production du documentaire. Jusqu’à la projection. Nous souhaitons qu’ils puissent vivre l’expérience jusqu’au bout.»
L’animatrice, journaliste et médiatrice culturelle Julie Laferrière fait partie de l’équipe de mentors qui soutiendront les jeunes dans cette aventure. Son parcours se retrouve autant devant la caméra, comme pour la série documentaire «Marchés sur terre» sur TV5, qu’à assurer des chroniques à Radio-Canada Première. «Elle est vraiment extraordinaire», s’enthousiasme Virginie Dubois.

Le cinéaste et scénariste Henry Bernadet sera lui aussi de la partie. On lui doit la délirante série de fiction «Camping de l’ours», diffusée à Vrak. Ou encore le film «À l’ouest de Pluton» et «Les rayons Gamma». « Les rayons Gamma, c’est un film hors de l’ordinaire, réalisé avec des jeunes. Où le scénario est à la fois improvisé et encadré. Henry Bernardet est sensible aux enjeux de la diversité culturelle et des immigrants. Il est aussi capable de parler et de travailler avec des jeunes. C’est pour ça qu’on est allé le chercher.»

D’autres professionnels viendront se joindre à l’équipe, lorsque le projet prendra davantage forme. Par exemple un comédien professionnel, pour offrir du coaching pour la pose de voix et la narration. Ou encore une personne pour initier les jeunes à la prise de son et à la caméra.
Du milieu du cinéma à Valcourt 2030
Le passé de Viriginie Dubois n’est pas étranger à cette audacieuse proposition. Elle qui a oeuvré dans le milieu du cinéma pendant une trentaine d’années, avant de déménager ses pénates en Estrie. Explorant différents aspects du métier : actrice, coordonnatrice, productrice, responsable de la distribution, etc. Elle a par exemple travaillé à la production de la comédie satirique «Un paradis pour tous» (Robert Morin), à celle du court métrage de fiction «L’assaillant» (Olivier D. Asselin) ou encore au documentaire «Femmes courage» (Isabelle Hébert) sur la maison d’hébergement pour femmes Le Chaînon.

Aucune limite de participants
Les jeunes visés par cette initiative se situent principalement dans la catégorie d’âge de ceux et celles qui fréquentent la maison des jeunes (12 à 17 ans). Mais Virginie Dubois se dit tout à fait ouverte à accueillir des jeunes du cégep, s’ils ont leur pied à terre dans la région.
Il n’y a pas de limite quant au nombre de jeunes acceptés. «Je pense que ça va se limiter par les champs d’intérêt, tout simplement», croit-elle. Elle serait satisfaite si une dizaine de jeunes s’impliquent de plus près dans le projet. Tout en ajoutant :
«Si nous sommes victimes de notre succès et que nous intéressons 40 jeunes, eh bien nous trouverons une façon de les intégrer. Parce que la production documentaire exige plusieurs tâches différentes.»
Un projet de trois ans
L’ensemble du projet devrait se dérouler pendant environ trois ans.
«Un documentaire, ça demande beaucoup de temps de réflexion, de maturation et de gestation. Ce qui n’est pas le cas d’un reportage. Dans un documentaire, tu vas d’abord réfléchir à ton sujet et à des questions en lien avec ce sujet. Tu vas ensuite fouiller pour voir si tes questions sont en phase avec ce qui se passe réellement sur le terrain. Par exemple en allant rencontrer des participants potentiels. Lors de ces rencontres, il arrive que tout change et qu’on doive se repositionner. Parce qu’un documentaire, ce n’est pas comme une fiction, où tout est écrit à l’avance.»
Elle ajoute : «Tant mieux si le projet se fait plus rapidement qu’en trois ans. Mais j’avais envie de proposer aux jeunes une expérience qui se rapproche le plus de ce qui se passe dans la réalité.»
Virginie Dubois est bien consciente que la majorité des jeunes qui vont graviter autour de ce projet n’y travailleront pas pendant trois ans. Elle croit que, de façon naturelle, il se formera probablement un «noyau dur», auquel viendront s’attacher des «électrons libres». C’est-à-dire des jeunes qui, de façon ponctuelle, voudront vivre une journée de tournage, participer à un coaching ou s’initier au montage d’un film.
Et un jour : le tapis rouge
Même si le projet n’est pas encore commencé, Virginie Dubois se permet déjà de rêver à voix haute d’un possible lancement en grandes pompes, avec tapis rouge, dans un lieu comme la Maison du cinéma à Sherbrooke. En plus d’une présentation dans la région de Valcourt et ailleurs au Québec. «Mais tout ça, ce sont des éléments que nous allons réfléchir avec les jeunes. Parce que nous voulons aussi qu’ils apprennent à connaître ce qu’est la distribution d’une œuvre cinématographique.»
Intéressé?
Les jeunes intéressés à participer à ce projet doivent contacter Virginie Dubois par téléphone (819 679-2040) ou par courriel (valcourt2030.interculturel@outlook.com). La rencontre d’information aura lieu le samedi 20 septembre à 16 h 30 à la maison des jeunes L’Initiative, 1019, rue St Joseph à Valcourt.
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