Après plusieurs années à aider les gens avec leur jardin, leurs bébittes et leurs problèmes, nous avons développé une bonne idée d’ensemble des problèmes communs qui affectent la moyenne des gens. Nous allons donc écrire quelques chroniques très concrètes et techniques sur la prévention, le dépistage et le contrôle de certains problèmes au jardin. Nous avons vraiment l’embarras du choix, mais il faut bien commencer quelque part et quoi de mieux pour ouvrir le bal que les pucerons. Maladroit, pas bon à faire grand-chose, ces petites bébittes sont néanmoins source de bien du tracas dans nos potagers, donc parlons-en un peu!

Pucerons
Comme les pucerons ne bougent pas beaucoup, ils sont souvent confondus pour des œufs. En regardant de plus près, vous remarquerez leur petit corps en forme de poire, leurs 6 petites pattes, leurs 2 antennes ainsi que deux cornicules postérieures. Les pucerons viennent en plusieurs couleurs, noires, vertes, roses, jaunes, etc. Cependant, chaque espèce est généralement spécialisée pour leur plante préférée. Cette vaste variété veut dire qu’ils peuvent s’attaquer à une tout aussi vaste variété de vos plantes.
Les pucerons sont bons pour seulement deux choses : manger et se reproduire. Ils sont si efficaces, car ils n’ont pas nécessairement besoin d’échanger d’ADN pour se reproduire et peuvent plutôt mettre bas à un clone d’eux même. Ce clone est lui-même né déjà prêt à mettre bas. Lorsque stressée par le manque de nourriture ou la surpopulation, la colonie peut produire des individus ailés qui vont rapidement se propager dans les plants à proximité. Ce sont des insectes piqueurs/suceur et leur présence peut donc accélérer le transfert de virus et de maladies dans le jardin.

Plantes susceptibles : Les pucerons sont de grands gourmands qui n’aiment pas avoir à travailler trop fort pour leur pitance. Par conséquent, ils vont viser des plantes à croissance rapide, car il est plus facile pour eux de piquer et d’aspirer la sève riche en azote dans les parties encore jeunes et molles de la plante. Par conséquent, ils vont souvent se retrouver dans la partie supérieure des plantes telles que les poivrons, les aubergines, les pois, épinards, laitues, etc.
Dépistage :
Où?
Les pucerons se protègent du soleil, de la pluie et des prédateurs en se fixant au-dessous des feuilles et le long de la tige. Ils sont rarement sur le dessus des feuilles, un endroit plus dangereux pour eux où la cuticule des feuilles est plus rigide.

Crédit photo : Olivier Lessard, Les Jardins Pollinies
Fumagine
La fumagine est un champignon qui aime particulièrement croitre dans le miellat des pucerons. Le miellat est une matière riche en sucres que les pucerons excrètent au fur et à mesure qu’ils se nourrissent. La fumagine prendra la forme de taches noires et collantes sur les feuilles.

Fourmis
Les fourmis ont évolué pour tirer avantage des pucerons en se nourrissant du miellat qu’ils sécrètent. Elles les protègent des prédateurs, les transportent vers de nouvelles plantes et s’en servent comme de petits jus « Capri-Sun ». La présence anormale de fourmis sur vos plantes est donc souvent un signe de la présence de pucerons. Les fourmis en soi ne sont pas problématiques, car elles ne mangent généralement pas de plantes, seulement des champignons et des insectes, mais la protection qu’elles apportent aux pucerons contre le prédateur naturel est problématique.

Crédit photo : Olivier Lessard, Les Jardins Pollinies
Dommages
Comme les pucerons ne mangent pas de matière solide, les feuilles vont parfois prendre un certain temps avant de montrer des signes évidents. Une fois affectées, les feuilles peuvent prendre des teintes de jaune, perdre de leur élasticité et se recroquevillent.
On fait quoi avec ça?
La bonne nouvelle est que les pucerons sont vraiment juste bons à se reproduire et à manger. À petite échelle comme dans un jardin, ils sont plutôt faciles à gérer.
Étape 1 : Prévention, prévention et prévention
Biosécurité : Avant d’introduire une nouvelle plante dans votre jardin, il est préférable de lui donner une petite période de quarantaine, durant laquelle vous l’observez de près pour tout type de problème et d’insectes.
Fertilisation adéquate : Une autre bonne pratique préventive est de ne pas fertiliser de façon excessive en azote, car les excès d’azote encouragent la croissance rapide de nouvelles pousses tendres et attrayantes aux pucerons.
Plantes en santé : Les plantes affaiblies sont plus sensibles aux pucerons. Il est donc important de s’assurer qu’elles aient toute l’eau dont elles ont besoin, particulièrement en période de sècheresse.
Contrôles des mauvaises herbes : Les pucerons sont souvent dans votre jardin simplement parce qu’ils étaient présents sur une plante hôte sauvage pas très loin. Par exemple, le chénopode (choux gras) est souvent une plante hôte, ainsi que la bardane et l’asclépiade. Une bonne façon de prévenir est donc de garder un œil sur la flore qui entoure votre jardin et de désherber les plants affectés au besoin. Ne virez pas fou avec cette méthode, car des pucerons sur votre terrain veut aussi dire que vous avez plus de chance d’attirer les prédateurs à puceron. Il est donc pertinent de laisser certaines plantes hôtes, même si elles sont infestées de pucerons, à condition qu’elles soient assez loin du jardin.

Crédit photo : Olivier Lessard, Les Jardins Pollinies
Biodiversité : Comme on l’a dit, les pucerons ne sont vraiment pas bons à grand-chose, il est donc pas surprenant qu’ils soient la cible de plusieurs prédateurs. On parle de coccinelles (au stade larvaire et adulte), chrysope, guêpes parasitoïdes, araignées, perce-oreilles, larves de syrphes, oiseaux, etc. Il est donc préférable d’encourager la présence de ces prédateurs en ayant un milieu diversifié dans lequel on trouve une grande variété de plantes.
Plantes pièges : En introduisant une plante dont les pucerons raffolent, vous pouvez être prévenu de leur arrivée et les contrôler avant même qu’ils affectent vos plantes au potager. Si la plante piège est affectée, vous pouvez simplement la jeter et en replanter une nouvelle et vous venez de vous éviter une panoplie d’ennuis. De bons exemples de plante piège pour les pucerons sont les pétunias et les capucines.
Étape 2 : Traitements mécaniques
La première intervention est souvent simplement de tailler les parties les plus infestées de la plante et de les jeter. Sinon, un jet d’eau assez puissant sous les feuilles et sur les tiges est assez pour les déloger. Ils sont si sensibles, qu’une bonne partie ne survivra pas. Ceux qui survivent auront à regrimper sur la plante, un processus très long pour un puceron qui est maintenant à la merci d’une panoplie de prédateurs. Le lendemain, on recommence. Éventuellement, la population ne se reproduira pas assez rapidement pour avoir un réel impact sur vos plantes, qui ont maintenant une peau plus rigide et assez de réserves pour ne pas être affectées par quelques pucerons.

Olivier Lessard, Les Jardins Pollinies
Étape 3 : Traitements phytosanitaires
À l’échelle d’un jardin typique, il est très rare d’avoir à se rendre ici. Cependant, si vous y êtes contraints, un traitement au savon noir est très efficace pour éradiquer les pucerons. Par compte, soyez très prudent de ne pas aussi affecter vos plantes qui sont déjà affaiblies. On recommande toujours de faire un test sur un seul plant, ou même une seule tige pour voir comment la plante réagit. Même si le savon noir est relativement doux, il peut tout de même causer une réaction phytotoxique dans certains scénarios, ce qui pourrait causer plus de tort à votre plante que les pucerons eux-mêmes. Il est important de ne jamais faire de traitements phytosanitaires pendant les journées très chaudes et ensoleillées à risque de bruler les feuilles et de réduire l’efficacité du traitement.
La chose la plus efficace que l’on peut faire en jardinage est souvent de planifier et d’observer, ce qui est pourquoi cette pratique est si apaisante et agréable.
À quels insecte, maladie ou problème quelconque aimeriez-vous qu’on s’attaque pour la prochaine chronique? Faites vos demandes au bas de la page avec vos commentaires et vos suggestions.
D’ici là, restez curieux… et buvez de l’eau!
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