Est-ce que l’intolérance et l’impatience sont devenues une façon de vivre en société ? Depuis que je travaille dans le communautaire, j’en ai vu des situations qui m’ont émerveillée. Des histoires fabuleuses où les personnes de notre communauté se retroussent les manches et trouvent en elles des ressources insoupçonnées pour venir en aide à leur prochain.
Toutefois, je me dois de vous parler aujourd’hui de ces situations plus complexes où l’incompréhension et l’intolérance minent la collaboration ; où la violence des mots peut causer des dommages bien plus sournois que de recevoir des coups.
Nous vivons dans un monde où l’intolérance est devenue omniprésente. Dans cette ère d’immédiateté, le sentiment d’urgence et le « besoin » d’avoir tout ici et maintenant sont devenus permanents. Nous perdons graduellement nos compétences sociales, faute de pratique. On ne tolère plus l’attente et la différence. On fait preuve d’une impatience de plus en plus ancrée envers les personnes qui œuvrent dans les services qui nous sont offerts.
Force est de constater également la détérioration des relations en milieu de travail entre collègues ou bénévoles, relations dans lesquelles trop souvent on ne sait plus faire preuve d’indulgence. Si les établissements de soins de santé ont compris depuis des années qu’il est nécessaire d’afficher des messages tels que « aucune forme de violence ne sera tolérée », ce sont aujourd’hui les garages, les bibliothèques, les épiceries, les boutiques, les organismes communautaires, etc., qui doivent prendre des mesures pour annoncer qu’aucune forme de violence ne sera tolérée chez eux non plus.
Aucune organisation ne devrait avoir à tapisser ses murs de messages de prévention ou d’avertissements. Pourtant, on est rendu là. Je ne fais pas exception à cette impatience qui se généralise.
Moi aussi, j’ai déjà haussé le ton au téléphone quand on me dit que mon rendez-vous que j’attends depuis trois ans doit être reporté à une date indéterminée. Moi aussi, je soupire devant une file d’attente à la caisse de l’épicerie.
L’intolérance et l’impatience sont devenues une façon de vivre en société. Alors, que pouvons-nous faire comme citoyen et comme organisation pour lutter contre ce fléau ? On adopte une posture d’ouverture à l’autre, mais on impose aussi nos limites ? On fait de son mieux et l’on oublie qu’on se fait insulter, raccrocher au nez, parfois même menacer ?
Et si l’on prenait le temps d’entendre ce que l’autre a à nous dire avant de répondre ! Et si l’on acceptait que chaque personne soit unique et que c’est ainsi qu’on se complète les uns les autres et qu’on peut construire collectivement une société plus forte ! Et si l’on s’entraidait à nouveau !
Auteur :
Claudia Belzile, citoyenne de Racine, fière travailleuse du milieu communautaire et directrice générale du Centre d’action bénévole Valcourt et Région