Le Val-Ouest

Quand ma mémoire me questionne sur l’avenir

Pendant la dernière fin de semaine, ma femme et moi avons eu le bonheur de garder nos petits enfants : deux petits garçons de 3 ans et une petite fille de 7 ans. Des enfants à faire rêver n’importe quel grand-parent. Un peu gâtés, pas trop, la tête pleine de questions importantes, une imagination à rendre jaloux les plus beaux feux d’artifice. Nous avons pris un bain de jeunesse.

Le soir, en essayant de m’endormir entre deux coups de talons dans les côtes, j’ai effectué un grand bond en arrière dans ma propre enfance. À l’âge de mon petit fils, je me suis retrouvé en 1938, juste avant la dernière Grande Guerre. Il n’y avait qu’une seule automobile dans la paroisse : celle du curé. Pas d’électricité, pas de téléphone, pas de radio. Tout le travail se faisait à la main, avec l’aide des chevaux et d’outils primitifs. Ma mère cousait les robes de mes sœurs et nos chemises dans les poches de farine ou de sucre. Nos pantalons étaient fabriqués à même la laine de nos moutons que nous envoyions fouler à la filature de L’Isle-Verte. Il y avait des patates dans la cave à l’année avec un baril de hareng salé et un autre de lard salé. Il y avait des cochons, des poules, des moutons et des vaches qui fournissaient la nourriture. Ma mère agrémentait le tout avec les produits du jardin, avec les lièvres et les perdrix que nous attrapions dans les bois. S’y ajoutaient des petits fruits en abondance dont la cueillette revenait aux enfants.

Je n’ai pas deux-cents ans! C’était bien le monde de mon enfance. Les femmes n’avaient pas le droit de vote ni le droit de faire de la bicyclette. Et l’enfer était bien plus près de nos consciences que la troisième paroisse d’à côté.

Et soudain, perdu que j’étais dans mes souvenirs, je me suis posé une question angoissante : SI LE MONDE CHANGE AUTANT DANS LES PROCHAINES 70 ANNÉES QU’IL A CHANGÉ PENDANT LES 70 DERNIÈRES, DANS QUEL MONDE VIVRONT MES PETITS ENFANTS?

De même qu’à 3 ans, je n’avais aucune idée du monde dans lequel nous vivons présentement, je n’ai aucune idée du monde dans lequel vivront mes petits enfants quand ils auront mon âge. Mais je ne puis cacher mon inquiétude.

Parce que les moyens de destruction sont IMMENSÉMENT plus grands qu’ils ne l’ont jamais été et les moyens de communication mis à leur service les rendent capables d’un cataclysme global. Pour la première fois depuis les débuts de l’humanité, les pouvoirs de destruction dépassent les pouvoirs de régénération de la nature.

Quand, parce que la loi du plus fort existe toujours et que les plus forts sont de plus en plus forts ? Quand les plus forts font le droit et qu’ils prétendent le promouvoir, mais qu’ils s’en foutent éperdument, où allons-nous?

Nos petits-enfants ont besoin de nous!

Gaston Michaud

Étincelle : On ne transplante pas un vieil arbre.

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