Alors que la récolte de fruits, de champignons et de plantes sauvages ne perd pas en popularité, les personnes qui envisagent d’en faire leur métier auront accès à une toute nouvelle formation professionnelle, dès le printemps prochain.
Il s’agit d’une Attestation d’études professionnelles (AEP) qui sera offerte par le Centre de services scolaires des Samares, dans Lanaudière. Plus précisément, on y formera les étudiants pour qu’ils puissent identifier, cueillir, conserver et transformer les produits forestiers non ligneux (PFNL) – donc autres que les arbres.
«Il faut reconnaître les espèces que l’on peut cueillir, celles qui sont protégées, comment administrer son entreprise. On apprend la déshydratation, le cannage, comment conserver les PFNL. Par exemple, il faut réfrigérer les champignons dès qu’ils sont cueillis: une heure sans réfrigération, c’est une journée de conservation perdue», illustre Stéphane Lamanna, fondateur de l’entreprise La Manne à Menoum de Grandes-Piles, qui a contribué à l’élaboration de la formation avec d’autres entrepreneurs du domaine.
La formation est assortie du certificat d’hygiène et de salubrité du MAPAQ et d’un cours de secourisme en milieu forestier. Elle a aussi la particularité de se faire en alternance travail-études, avec 120 heures de stages rémunérés – du moins pour la première cohorte.
Les cours seront donnés dans une classe installée aux Jardins de l’écoumène, à Saint-Damien.
Un programme attendu
Selon Stéphane Toustou, directeur adjoint du Service aux entreprises du Centre multiservice des Samares, une telle formation est réclamée depuis belle lurette par les entreprises qui œuvrent dans ce domaine.
«Ça fait au moins 15 ou 20 ans que j’entends le souhait d’avoir un programme structuré au Québec. Je pense que ça va être les assises pour aller à d’autres niveaux», explique-t-il.
La formation assurera donc une relève pour la cueillette et la transformation de PFNL. Il s’agit par ailleurs d’un secteur dont le potentiel demeure encore largement à exploiter.
Notons que le Centre multiservice des Samares a déjà offert une formation similaire, quoique plus courte, il y a quelques années. La formation qui débutera en avril 2026 s’étirera sur 720 heures, en incluant les stages rémunérés.
Potentiel de croissance énorme
Dans l’étude de pertinence qui a mené à l’approbation du programme, on relève en effet un potentiel de croissance s’élevant à plus d’un milliard de dollars. En 2003, selon un document du ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs, on estimait que la mise en valeur des PFNL pourrait mener à la création de 100 000 à 200 000 emplois à travers le Canada.
«Pour quelqu’un qui se donne la peine de voyager un peu dans d’autres régions du Canada, il y a de très bonnes opportunités. Par exemple, dans le Nord du Québec, on retrouve le champignon matsutaké qui est très prisé au Japon. Il peut se vendre 700 $ le kilo», illustre Stéphane Lamanna.

Ce créneau est également une occasion de diversification des activités pour les entreprises qui œuvrent déjà dans le domaine forestier.
«On avait des discussions dernièrement avec Manawan, où il y a une entreprise de travaux sylvicoles et d’aménagement forestier. Ils trouveraient peut-être pertinent de former les gens sur les PFNL, pour qu’ils puissent faire des activités de culture en parallèle», illustre M. Toustou.
Si la réponse est bonne, celui-ci aimerait qu’un autre pôle de formation puisse se développer au Québec. Stéphane Lamanna, pour sa part, se verrait bien accueillir des étudiants sur sa terre, éventuellement.
«On pourrait construire une classe ici. Les étudiants auraient accès aux forêts ici et à toutes celles jusqu’à La Tuque», rêve-t-il.
Pour plus d’informations sur la formation, on peut se rendre sur le site Web du Centre multiservices des Samares.













