La nouvelle a créé une surprise et une onde de choc à Saint-François-Xavier-de-Brompton. La propriétaire du Café Fabulé, Virginie Fortin, a annoncé sur les médias sociaux la fin de son aventure avec le commerce-phare qu’elle a installé avec grand soin au cœur du village en 2021.
Interpellée par le Val-Ouest, Virginie Fortin a préféré décliner toute demande d’entrevue. Elle a toutefois publié un message dans lequel elle confie qu’elle ne sait pas ce qui l’attend pour la suite. «Je souhaite vendre le Café et revenir y prendre un café», écrit-elle.
Ce commerce, ouvert en 2021, fermera ses portes le 2 août prochain. Du moins sous la gestion de Virginie Fortin. Car il y a une possibilité pour que le Café Fabulé continue son existence. La propriétaire cherche actuellement un repreneur.

Vague d’amour
Depuis l’annonce, une véritable vague d’amour pleut sur cette entreprise et sa propriétaire. Une appréciation en provenance non seulement de la communauté tomcodoise, mais aussi d’ailleurs dans le Val-Saint-François.
Au moment de publier cet article, 92 personnes avaient publié un commentaire sur Facebook à la suite de la publication du Café Fabulé annonçant la fermeture. Tous très élogieux envers Virginie Fortin et attristés de la décision.
«Tu es quelqu’un d’investi (…). Le Café Fabulé, tout comme la Fête des tout-petits de Saint-François-Xavier-de-Brompton, n’auraient pu voir le jour sans toi!», commente Josianne Goyette.
«Quelle perte pour la municipalité et nous tous! C’est une grande décision, le genre qui demande beaucoup de courage», partage pour sa part Maryse Boulay.

Un projet «vraiment ancré dans la communauté»
Le maire de Saint-François-Xavier-de-Brompton, Adam Rousseau, joint sa voix à celle de ses concitoyennes et concitoyens.
«Le Café Fabulé, ce n’est pas juste un endroit pour consommer du bon café et manger. C’est aussi un lieu pour acheter des produits locaux et consommer de la culture. C’est une grosse perte pour la communauté.»
Ariane Clément, conseillère en stratégies financières au Centre d’aide aux entreprises (CAE) du Val-Saint-François, abonde dans le même sens.
«Virginie est l’une de nos belles entrepreneures. C’est un charme de collaborer avec elle. Son projet était vraiment ancré dans la communauté.»

Faire affaire avec des fournisseurs locaux
Développement Val-Saint-François (DVSF), qui relève de la MRC, a par deux fois décerné des prix au Café Fabulé, par le biais du Défi OSEntreprendre.
D’abord en 2023, avec un prix «Coup de cœur». «C’est un prix non officiel. Mais le jury aimait beaucoup le modèle d’affaires et la personne derrière», fait savoir Louis-Philippe Laplante, directeur par intérim du développement socioéconomique à Développement Val-Saint-François.
Puis en 2024, avec le prix «Faire affaire ensemble». Qui reconnait une entreprise qui crée des liens avec des fournisseurs locaux.

Virginie Fortin, depuis l’ouverture de son entreprise, a toujours eu à coeur d’offrir une place de choix pour les produits agroalimentaires locaux. En leur offrant, jusqu’à tout récemment, un espace pour la vente de leurs produits.
De même, le Café Fabulé s’est associé avec Bio Locaux des Cantons-de-l’Est. Un regroupement de 18 fermes qui offrent des paniers de légumes biologiques durant la saison hivernale.

Une vitrine pour les artisans et artistes de la région
Le lieu proposait aussi un espace aux artisans pour vendre leurs créations. Avec le mur Fabul’Art, le commerce mettait en valeur le fruit du travail d’artistes de la région : peinture, aquarelle, photographie, etc.

Voici quelques exemples d’artistes qui ont été de passage au fil des ans : Anne-Marie Auclair, Isabelle Chiasson, Anne Paradis, Lorraine Lévesque et Sarah Choquette-Scott.

Enfin, le Café Fabulé est devenu, au fil des ans, une véritable vitrine pour la culture. Avec ses spectacles de musique et ses ateliers. Ainsi qu’en s’associant à la programmation des Journées de la culture.
«Le but de Virginie, c’était de rassembler les humains. De faire sortir leur côté créatif. Et de créer un écosystème qui allait créer de la synergie pour mettre tout le monde en valeur», commente Ariane Clément du CAE.

Faire vivre les commerces de proximité, une responsabilité
Bien que les raisons de la fermeture (ou du transfert) de l’entreprise ne soient pas publiquement divulguées, le maire croit qu’il s’agit d’une bonne opportunité pour rappeler l’importance d’encourager l’achat local.
«En tant que citoyens, il faut se serrer les coudes. Nous avons tous, individuellement, une responsabilité pour faire vivre nos commerces de proximité. C’est peut-être moins dispendieux dans les grandes bannières. Mais si on décide d’acheter moins souvent certains produits, on peut alors économiser pour ensuite encourager notre commerce local.»

Un point de vue que partage Louis-Philippe Laplante. «À la MRC, nous avons ciblé dans notre planification stratégique l’importance de développer et de conserver les commerces et les services de proximité dans nos municipalités.»
Selon lui, chacun des gestes posés par les consommateurs et consommatrices a son importance.
«Il y a des retombées concrètes lorsqu’on décide d’acheter dans un commerce local. L’argent va rester ici. Le propriétaire habite ici. Et son argent, il va peut-être le dépenser dans un autre commerce d’ici. C’est une roue qui tourne.»
Ariane Clément abonde dans le même sens. «Plus on se met à acheter local, plus nos magasins réussissent à faire du volume et à générer des économies. Il y a encore des efforts de sensibilisation qui doivent être faits en ce sens.»

Proximité Sherbrooke
Louis-Philippe Laplante explique que Saint-François-Xavier-de-Brompton est une municipalité en pleine expansion. Parce qu’elle se situe près de Sherbrooke. «Dans cette optique, il y a des possibilités de développement de commerces.»
Cette attraction a toutefois son revers.
«Les gens veulent venir habiter chez nous parce que c’est rapide d’aller travailler à Sherbrooke par l’autoroute. Mais c’est aussi rapide pour aller faire ses courses ailleurs que chez nous», déplore le maire Adam Rousseau.
Le représentant de Développement Val-Saint-François signale que ce réflexe de consommation ne se traduit pas nécessairement par le résultat escompté.
«Parfois, il n’y a même pas de réelles économies d’aller faire ses achats dans un grand centre. Si on compte le temps de déplacement et la différence de coûts.»

«J’avais une forte envie de réaliser un rêve»
Virginie Fortin n’était pas tombé bien loin de l’arbre pour se retrouver un jour à la tête d’une entreprise de restauration. En effet, bien qu’elle ait étudié en infographie, en arts visuels et en psychologie, elle a grandi aux côté d’un père chef cuisinier.
Au début de sa vie sur le marché du travail, elle a d’ailleurs consacré environ une dizaine d’années à travailler dans le domaine de la restauration, autant en cuisine qu’au service.
Cette mère de trois enfants a aussi exercé d’autres métiers : travailleuse sociale, propriétaire d’un service de garde en milieu familial ou instructrice de dance fitness.
«Dès que mon troisième enfant a eu l’âge d’aller au secondaire, j’ai eu une forte envie de réaliser un rêve. Un café artisan qui réunirait les gens des alentours par la diversité, les découvertes régionales et le meilleur café en ville», peut-on lire dans sa courte biographie publiée sur Internet.
Le projet se réalise le 2 mars 2021, en pleine pandémie. Au sein de la municipalité où elle réside. Plutôt que de miser sur une clientèle touristique, elle cherche plutôt à rejoindre sa communauté, en lui offrant des services et des activités.
Virginie Fortin se donne alors comme vision que son Café «rassemble davantage les gens de la municipalité de Saint-François-Xavier-de-Brompton et dynamise le milieu de vie par plus d’événements thématiques. Ainsi que de changer, pour le plus grand nombre de personnes possible, leurs habitudes de vie vers un équilibre de vie sain. En offrant des choix santé et de la cuisine le moins transformée possible.»

Un des cafés de village des Cantons-de-l’Est
Le Café Fabulé compte parmi les 15 «cafés de village » désigné par Tourisme Cantons-de-l’Est. Dans le Val-Saint-François, seul le Café du Couvent, à Richmond, a lui aussi cette désignation.
Le Val compte toutefois d’autres entreprises qui entrent dans cette catégorie. Comme le restaurant La Desserte et le café-librairie Les trois boucs, à Richmond. Ou encore la Shop Traiteur à Windsor.
«Merci»
Ces jours-ci, Virginie Fortin s’affaire à servir ses derniers repas et à vendre sa gamme de produits. Sur Facebook, elle remercie toutes les personnes qui ont démontré leur solidarité vis-à-vis de sa décision. Bien qu’elle ne révèle pas encore quelle sera la suite, elle mentionne qu’une fois le Café fermé (ou vendu), elle donnera des nouvelles par le biais de la page du Café Fabulé.

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