Une sculpture métallique en relief agrémente depuis peu le Centre communautaire de Racine, entièrement rénové en 2024. L’œuvre, qui s’intitule «Au gré du vent», est signée par l’artiste estrien Jacques Desruisseaux.
«Ce n’est pas un tableau ou une murale où on aurait simplement appliqué de la peinture. Il s’agit d’une sculpture d’aluminium qui est peinte. Le relief fait en sorte que, lors de journées ensoleillées, il y a un jeu d’ombrage qui accentue le volume», explique d’emblée Jacques Desruisseaux.
L’œuvre, qui a coûté environ 25 000 $, été financée dans le cadre de la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement des bâtiments et des sites gouvernementaux et publics.
Rappelons que dans le cadre de cette politique, tous les projets de rénovation ou de construction de bâtiments pour des ministères ou organismes publics, dont le coût excède 150 000 $, y sont assujettis. On doit alors consacrer environ 1 % du coût total du projet pour l’intégration d’une œuvre d’art.

Au cœur de l’œuvre : la nature et le communautaire
Jacques Desruisseaux explique que son œuvre illustre à la fois la nature et le communautaire, deux aspects qui représentent bien la communauté racinoise.
Il y a un an, l’artiste a rencontré le comité de travail qui l’avait choisi. «Nous avons convenu ensemble, dès le départ, d’une thématique et d’une orientation. Parce que c’est important de respecter les demandes et les valeurs du client, ainsi que de l’établissement», expose-t-il.
Six mois plus tard, le sculpteur a soumis au comité une maquette de bois en trois dimensions représentant l’œuvre en miniature, à l’échelle. Un choix qui se démarque, dans un monde de plus en plus informatisé. «Cette étape d’utiliser une maquette, réalisée avec un matériau réel, est vraiment importante. Ça permet à l’architecte de poser des questions. Parce qu’il peut entrer dans le côté conceptuel de l’œuvre. Je peux lui expliquer pourquoi j’ai pris telle ou telle orientation. La maquette permet aussi d’ouvrir sur les trois dimensions. Ce qui était important dans le cas du projet de Racine. Compte tenu que l’œuvre vire sur le coin de la bâtisse.»
Laisser libre cours à l’interprétation
Jacques Desruisseaux a choisi de créer une œuvre qui n’est ni tout à fait figurative, ni tout à fait abstraite. Mais plutôt un «heureux mélange des deux». Une approche qu’il privilégie.
«C’est une œuvre belle, colorée, tout en douceur. Que tout le monde peut apprécier, même si on ne sait pas trop ce que c’est. On peut regarder un motif et se dire : ça a l’air d’une feuille ou d’un oiseau. Mais on n’est pas sûr. Ce n’est pas une oeuvre élitiste. Et à force de la côtoyer, je suis persuadé que celles et ceux qui ne sont pas sûrs vont aussi l’aimer.»

Jacques Desruisseaux s’est inspiré, pour concevoir ces motifs, de dessins d’éclosion de bourgeons au printemps. À partir d’une banque d’environ 200 dessins. C’était d’ailleurs la première fois qu’il utilisait un tel concept.
«Le premier bourgeon a une forme différente d’une plante à l’autre. J’utilise le contour de ce bourgeon. Puis je change sa dimension, sa couleur ou sa position. Et tout à coup, la lecture de l’élément de départ se multiplie. Ça devient, dans le regard de la personne qui l’observe, un oiseau, un feuillage ou un insecte. Chacun peut l’interpréter à sa façon.»
Il ajoute que la nature inspire son approche artistique.
«C’est la nature qui nous éduque. Et c’est de là que je pars. Toujours.»

Œuvres présentes dans d’autres lieux publics en Estrie
L’œuvre de Racine en inspire déjà une autre. Jacques Desruisseaux confie qu’il a utilisé un concept similaire pour une sculpture en relief pour le CPE la Pleine-Lune à Eastman. «Ce ne sont pas les mêmes bourgeons et l’œuvre n’est pas du tout pareille. Mais c’est le même concept de départ», précise-t-il.
Jacques Desruisseaux n’en est d’ailleurs pas à sa première œuvre incluse dans un bâtiment public. Outre Racine et Eastman, on retrouve aussi, en Estrie, ses œuvres dans des lieux comme le CPE Pop Soleil à Richmond, le poste de police de la Sûreté du Québec à Waterloo, l’école primaire Beaulieu à Sherbrooke ou encore le Pavillon des arts et de la culture à Coaticook.
Il travaille actuellement sur une autre installation qui ornera cet automne le centre communautaire de Stratford dans la MRC du Granit.

Temps consacré aux œuvres publiques
Jacques Desruisseaux explique que pour intégrer une œuvre à un bâtiment il faut, dans la plupart des cas, une validation par un architecte ou un ingénieur. Entre autres pour des questions de sécurité. Une complexité qui ne convient pas à tous les artistes. Parce qu’ils doivent travailler avec des sous-traitants. Ce qui est son cas. Pour l’installation de Racine, il a collaboré avec l’entreprise Publiforme, de Sherbrooke, qui fabrique et installe des enseignes commerciales et industrielles.
Depuis quatre ou cinq ans, Jacques Desruisseaux se consacre entièrement à son travail d’artiste voué aux œuvres publiques. Alors qu’il participait auparavant à des expositions pour présenter, entre deux contrats d’ébénisterie ou de fer forgé, ses sculptures et photographies. Il se dit néanmoins heureux de sa nouvelle situation.

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