photos : gracieuseté et MRC du Val-Saint-François
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Une municipalité parmi les moins populeuses de l’Estrie n’échappe pas à la présente campagne électorale municipale. Des 143 habitants que compte Kingsbury, deux ont décidé de participer à la course pour la mairie. Amélie Tremblay et Michel Lanneval se font face pour convaincre les électrices et électeurs de leur accorder confiance. Les deux candidats sont d’ailleurs… voisins!

Travailler en mode collaboratif

Retraité du domaine des télécommunications, Michel Lanneval est un nouveau venu en politique. Il mentionne d’emblée au Val-Ouest qu’il se présente par souci de démocratie. «Il y a trop de villes où les personnes sont élues par acclamation», soutient-il.

S’il est élu, Michel Lanneval dit vouloir obtenir du soutien du ministère des Affaires municipales.

«Même si nous sommes une petite municipalité, nous avons les mêmes responsabilités que les autres. Sans avoir les mêmes revenus. C’est important pour moi de minimiser les coûts.»

Inspiré par la municipalité de Racine qui vise le créneau de l’agroalimentaire, Michel Lanneval croit que Kingsbury pourrait tirer son épingle du jeu en misant sur les arts. Ce qui est déjà le cas avec le Salon de la lutherie qui en était cette année à sa troisième édition.

Michel Lanneval dit se présenter aux élections à Kingsbury par souci de démocratie.  (photo : gracieuseté)

Priorité : restructuration administrative et financière

Pas de surprise du côté de la mairesse sortante, Amélie Tremblay. Qui avait publiquement annoncé, dès l’élection partielle de 2024, qu’elle voudrait se représenter à la mairie en 2025.

Pour elle, l’objectif est clair. Si les Kingsbourois et Kingsbouroises la choisissent à nouveau comme mairesse, sa priorité sera la restructuration administrative et financière de la municipalité. Qu’elle a commencé à mettre en œuvre au lendemain de son élection.

«Il faut terminer le ménage. C’est la priorité numéro un. Nous trouvons encore des surprises qui datent du passé. Auxquelles nous devons faire face et que nous devons gérer.»

Elle se dit confiante de pouvoir relever ce défi. «Nous avons désormais un directeur général en or, que j’apprécie beaucoup. Il sait où il s’en va. Ce directeur a choisi récemment une adjointe pour travailler avec lui, qui est une personne avec de l’expérience. De mon côté, ça fait 17 ans que je travaille en comptabilité et en gestion. Et ma spécialité, c’est le redressement d’entreprise.»

Michel Lanneval croit lui aussi qu’une gestion responsable et transparente de la municipalité est essentielle.

La mairesse sortante Amélie Tremblay souhaite obtenir un autre mandat de la part des Kingsbourois et Kingsbouroises.  (crédit photo : Studio Vicky / MRC du Val-Saint-François)

Situation budgétaire préoccupante

Amélie Tremblay se dit très préoccupée par l’analyse réalisée sur les budgets municipaux des dernières années. Dont certains chiffres pourraient possiblement être erronés. Ce qui fait en sorte que la municipalité a actuellement de la difficulté à obtenir un juste portrait de sa situation financière. Alors que la gestion municipale doit suivre son cours.

«Nous sommes une petite municipalité, avec peu de budget. Et nous offrons des services comme l’aqueduc et les eaux usées. C’est une charge financière énorme. Nous avons aussi le bâtiment municipal qui n’est pas jeune et qui aura besoin de rénovations.»

Amélie Tremblay apprécie que des formations soient offertes aux nouveaux élus et élues après les élections. «Dans une petite municipalité comme la nôtre, nous n’avons pas toujours la main-d’œuvre sur laquelle s’appuyer pour vérifier certaines informations. Ces formations vont permettre, par exemple, d’évaluer le coût d’une dépense et d’éviter beaucoup d’erreurs.»

Bureau municipal de Kingsbury et bureau de poste.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Miser sur les subventions gouvernementales

Kingsbury tire principalement ses revenus de trois sources : les taxes municipales, les subventions gouvernementales et des revenus (non récurrents) en provenance de la location locaux industriels gérés par le Comité de promotion industrielle de Kingsbury.

Michel Lanneval veut miser sur les subventions gouvernementales pour boucler le budget municipal.

«Je veux prioriser d’aller chercher le plus possible de subventions pour améliorer nos infrastructures.»

Rénover ou vendre le bâtiment municipal et industriel?

Amélie Tremblay ne souhaite pas non plus que tout le poids du budget municipal repose en majorité sur les taxes. C’est pourquoi elle songe à peut-être apporter des améliorations à la bâtisse dans laquelle se trouvent à la fois des locaux industriels, de même que le bureau de poste et le bureau municipal. Si cela est faisable. «Ce bâtiment coûte cher. Il rapporte, mais il ne rapporte plus autant d’argent qu’avant. C’est un bâtiment qui vieillit et il y a beaucoup de sous à y injecter.»

Pour le moment, le conseil municipal attend un rapport d’inspection. Qui permettra d’évaluer la qualité du bâtiment et de prendre les décisions nécessaires. Si jamais l’option de vendre le bâtiment s’imposait, Amélie Tremblay promet que la situation serait présentée à la population de façon transparente et que tous pourront prendre part à la décision finale.

La municipalité et le Comité de promotion industrielle de Kingsbury font appel à une expertise externe pour évaluer l’état du bâtiment industriel actuellement loué.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

«Nous sommes assis sur une mine d’or»

Parmi les autres options, Amélie Tremblay mentionne la mise en valeur du marais.

«On ne veut pas devenir un village fantôme. Je crois que nous sommes assis sur une mine d’or, par exemple avec notre marais. Ça vaut la peine de le développer. Mais il faut trouver un juste milieu qui rendra toute la population confortable.»

Protéger le marais

Le marais fait aussi partie des propos de Michel Lanneval. Qui souhaite, lui, qu’on le protège davantage.

«Le marais au cœur de Kingsbury est de plus en plus populaire. Il faudrait voir à limiter la propagation des espèces envahissantes. En exigeant un lavage des embarcations, comme ça se fait ailleurs. Ça prendrait une station de lavage. Mais on n’a pas de budget, évidemment. Il faudrait voir quelles sont les avenues.»

Côté environnement, Amélie Tremblay sait que certaines citoyennes et certains citoyens sont préoccupés par l’envahissement de nerprun bourdaine (Frangula alnus) dans le parc municipal. «Est-ce qu’il faut mettre quelque chose en place pour ça? Oui. Est-ce qu’on a le budget pour le faire? Non. À moins de peut-être procéder à une corvée communautaire d’arrachage», répond-elle.

Les deux candidats mentionnent l’attrait du marais qui est au coeur de la municpalité.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Est-ce les dernières élections que vivra Kingsbury?

Du bout des lèvres, les deux candidats mentionnent le fait que le conseil municipal aura peut-être à faire le dur choix de proposer à ses citoyennes et citoyens de se fusionner avec une autre municipalité. Qui serait le Canton de Melbourne, compte tenu que son territoire entoure littéralement le village de Kingsbury.

«Je ne peux pas confirmer ou infirmer qu’il y aura une fusion dans les quatre prochaines années. Tant qu’on n’aura pas terminé la restructuration financière, nous n’avons pas en main les données pour être capable d’évaluer si Kingsbury est viable ou non toute seule. Une fusion n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Mais je ne vois pas l’objectif de faire ça si nous sommes capables d’être fonctionnels par nous-même, avec un taux de taxes qui est acceptable.»

Michel Lanneval est lui aussi nuancé.

«La situation financière n’est pas viable, effectivement, parce qu’il y a trop peu de payeurs de taxes. Il est possible qu’on fasse des consultations concernant l’avenue de la fusion. C’est sûr qu’une bonne majorité des gens vont s’y opposer. C’est normal aussi, car ils veulent rester chez eux. Ce n’est pas nécessairement le choix premier de certains citoyens. Mais c’est parfois quelque chose qu’on doit décider d’envisager. On verra. Parce qu’il y a tout un processus autour de tout ça.»

De fait, il y a quelques mois, deux autres municipalités du Val-Saint-François, Maricourt et le Canton de Valcourt, ont fait réaliser une étude de faisabilité pour évaluer la possibilité de se regrouper ensemble. La démarche s’était conclue en juin dernier par un refus des citoyens d’aller plus loin.

Michel Lanneval mentionne par ailleurs que des collaborations existent déjà avec le Canton de Melbourne. Comme pour le déneigement des quelques rues que compte la municipalité.

Le village de Kingsbury est carrément enclavé par le territoire de la municipalité du Canton de Melbourne.  (source : Google Maps)

«On ne veut plus retourner à Montréal»

Bien que la maison dans laquelle il habite appartienne à sa famille depuis 1979, Michel Lanneval a demeuré à Montréal la majorité de sa vie. Ne s’installant que récemment de façon permanente à Kingsbury. Il dit ne pas regretter son choix.

«On ne veut plus retourner à Montréal. Quand on y va, ça prend des heures de transport, entre autre à cause de la construction du pont-tunnel Louis-Hippolyte-la-Fontaine. Ici, on aime le calme et la nature.»

Il mentionne, au passage, que s’il est élu, il souhaite conserver cette quiétude chère à son village.

Pas de porte-à-porte

Ni Amélie Tremblay ni Michel Lanneval n’ont souhaité faire de campagne électorale «traditionnelle», avec du porte-à-porte ou encore de l’affichage de pancartes. D’ailleurs, les deux candidats avaient tous deux, chacun de leur côté, planifié des vacances pendant la période électorale.

«J’ai parlé un petit peu aux voisins, c’est tout. Si les gens veulent que je les rencontre, je vais y aller. Mais jusqu’à maintenant, je n’ai pas eu de demande», avoue Michel Lanneval.

Du côté d’Amélie Tremblay, qui est maître de poste dans le village, elle mentionne à chaque client de ne pas oublier d’aller voter le dimanche 2 novembre prochain. Tout en se faisant un devoir de ne pas orienter le vote des gens. «Je pense que ce que j’ai fait dans la dernière année et toutes les discussions que j’ai eues avec les citoyens sont amplement suffisants.»

Elle ajoute avoir les mêmes préoccupations que ses concitoyennes et concitoyens.

«J’habite Kingsbury. Toutes les décisions qui sont prises ici m’impactent autant que les citoyens. Et quand on a une hausse de taxes, ça ne me fait pas plus plaisir. Et ça me fait de la peine quand il y a quelque chose qui brise et que je sais qu’il n’y a pas de subvention pour le payer.»

Harmonie au conseil municipal

Les deux candidats s’entendent sur le fait de travailler en mode collaboratif avec les autres élus du conseil.

«L’important, pour moi, c’est que ce soit harmonieux au conseil municipal. Ça ne l’a pas toujours été. On va essayer de travailler tout le monde ensemble», fait savoir Michel Lanneval.

«J’aime ça travailler avec des gens qui ont différentes idées. Quand on ne vient pas de la même école de pensée, ça permet d’être capables de faire un peu plus le tour d’une question et de prendre des décisions qui sont bien appuyées», croit de son côté Amélie Tremblay.

 

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