Les municipalités de Racine et de Saint-Denis-de-Brompton veulent éventuellement que les plaisancier aient en main une preuve de lavage des embarcations. Confirmant ainsi l’obligation déjà en vigueur, même si elle n’est pas coercitive. Une affiche, installée près de la station de lavage sur la Côte de l’Artiste, mentionne d’ailleurs déjà cette obligation. Les deux municipalités ont aussi décidé de faire appel à une ressource pour les guider sur les démarches à suivre.

Embauche d’une experte
Les deux municipalités ont chacune adopté, le 8 juillet dernier, une résolution acceptant une offre de service de la consultante Marie-Christine Picard. Celle-ci se décrit sur son site comme étant « la seule experte au Québec en stratégie municipale de station de lavages d’embarcations automatisées ».
Elle a entre autres participé à la mise en œuvre de stations pour les MRC de Témiscouata et de Memphrémagog ainsi que pour les lacs Mégantic, Elgin, Aylmer et Louise. « Cette personne-là a déjà fait beaucoup de mandats comme consultante à différents endroits. Elle nous est fortement conseillée », a déclaré la conseillère Louise Lafrance lors de la séance du conseil.
Le contrat accepté sera d’un montant maximal le 15 000 $. Dont les deux municipalités paieront les coûts à parts égales.

But visé : horodateurs et coupons
« Cette consultante va nous aider en commençant par venir visiter et regarder où sont tous les accès autour du lac. Puis nous proposer la solution qui, je pense, va en venir aux barrières automatiques. Avec des horodateurs et coupons. C’est un but visé », confirme Louise Lafrance.

Exhorter les municipalités à agir
Lors d’une conférence de presse, le 23 juillet dernier, annonçant le degré de contamination de 61 cours d’eau en Estrie, Jean Nadeau, président de l’Association pour la protection du lac Brompton (APLB), avait exhorté les municipalités à agir. « Après deux étés de sensibilisation, d’information et d’éducation auxquels nous avons participé. Il est temps pour les élus de nos trois municipalités [Racine, Saint-Denis-de-Brompton et Orford] de se réunir pour créer et mettre en place une réglementation commune concernant l’obligation de laver toute embarcation et remorque entrant dans le lac. Incluant des tarifs modulés, contrôle aux descentes et d’éventuelles sanctions. Pour ceux qui ne respecteront pas ces réglementations. Maintenant que les enjeux et les installations sont connus du public, il nous faut passer à l’étape suivante. Le bon vouloir de l’usager a ses limites! »
Seulement 31 % des plaisanciers utilisent la station
Pour démontrer ses propos, Jean Nadeau explique que son organisme a observé attentivement les mises à l’eau et l’utilisation de la station de lavage du lac Brompton, le 20 juillet dernier entre 11 h 30 et 14 h 30. Résultat : seulement 31 % des plaisanciers se sont arrêtés à la station pour laver leurs embarcations. « Bien qu’elle ne soit pas scientifique, cette observation reste pertinente et claire. Ils n’ont pas lavé leur embarcation et leur remorque. »
«Vérifier si le bateau est mouillé»
Interrogés sur cette question par Le Val-Ouest, les deux jeunes préposés à la descente du lac Brompton (Brasserie Lac Brompton) disent s’assurer que les embarcations sont bel et bien lavées avant d’entrer dans le lac. «Notre but, c’est de vérifier si le bateau est mouillé. Quand il est mouillé, on sait qu’il a passé par la station de lavage avant. S’il n’est pas mouillé, on le retourne de bord pour qu’il aille se faire laver», affirme l’un des préposés.
Rappelons qu’il existe aussi une seconde station de lavage pour le lac Brompton. Celle-là sur le territoire de la municipalité d’Orford.

L’obligation, la seule option
Louise Lafrance se dit « énormément déçue » des résultats collectés par l’APLB. « Je pensais que le lavage était déjà obligatoire. Mais de ce que j’ai entendu ce matin à la conférence de presse [du 23 juillet], c’est que c’est encore au bon vouloir des gens. Il va falloir plancher là-dessus et le mettre obligatoire. »
Même son de cloche du côté de Jean Nadeau. Selon lui, l’obligation de lavage est la seule option. « Le ministère avait dit, dès 2017, que là où ce n’est pas obligatoire, les gens boudent les stations de lavage. Nous sommes sept ans plus tard. Le message a fait son bout de chemin. Mais le fait que seulement 31% des plaisanciers aient utilisé la station prouve qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire. »
« Ce que ça prend, c’est vraiment des amendes. On n’a pas le choix. Ce qui parle, ce sont les sous. Si ton embarcation n’est pas lavée comme il faut, tu dois la laver. Avec de l’eau chaude. Et si tu n’as pas ton coupon qui le prouve, à ce moment-là tu seras en infraction », tient à faire savoir Louise Lafrance.
Obligation dans la MRC de Memphremagog
Dans la MRC voisine de Memphremagog, on a adopté un règlement qui oblige les plaisanciers à obtenir un certificat de lavage. Faute de quoi, la personne qui contrevient est passible d’une amende minimale de 100 $ (personne physique) ou de 200 $ (personne morale). Dans le cas de récidive, l’amende grimpe à 200 $ (personne physique) et 400 $ (personne morale).
Certaines municipalités de cette région, qui se sont inspirées du règlement de leur MRC, vont même plus loin. Comme le Canton de Stanstead. Son règlement adopté en 2019 prévoit des amendes maximales de 1000 $ (personne physique) et de 2000 $ (personne morale) pour une première infraction. Et d’un maximum de 2000 $ (personne physique) à 4000 $ (personne morale) pour une récidive.
« Un beau pas en avant »
Jean Nadeau se dit très content de ces actions concrètes en faveur de la protection du lac. «C’est un beau pas en avant pour la concrétisation de l’ensemble de la démarche», se réjouit-il.
À LIRE AUSSI dans Le Val-Ouest :
« Les espèces envahissantes aiment beaucoup voyager en bateau » (juillet 2024)
Une équipe verte navigue sur le lac Brompton tout l’été (juillet 2024)
Nouvelle station de lavage pour les embarcations nautiques (juillet 2023)