crédit : Marlène Gélineau Payette - Films Opale ©
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Cette histoire a été gardée secrète pendant des décennies. Le frère Marie-Victorin, fondateur du Jardin botanique de Montréal, a entretenu pendant plus de dix ans, entre 1933 et 1944, des lettres avec sa collaboratrice et amie, Marcelle Gauvreau. L’un des thèmes récurrents de leurs échanges : la sexualité. Le film «Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles», inspiré de cette relation, sera présenté à Valcourt le 21 novembre prochain. Celle relation intime, au-delà de son caractère inusité, s’inscrit de façon importante dans l’histoire de la science au Québec.

«Ce film lève le voile sur un pan de notre histoire québécoise peu connu. Ne serait-ce que pour ça, nous avons jugé que le film devait faire partie de notre programmation. La réalisatrice [Lyne Charlebois] déploie la flore laurentienne dans toute sa splendeur et sa fragilité. Elle aborde aussi avec finesse et poésie l’échange entre Marie-Victorin et Marcelle Gauvreau», fait savoir Virginie Dubois du Ciné-Club de Valcourt.

Elle ajoute :

«Nous nous sommes dit que, par les temps relativement troubles et inquiétants que nous traversons ces jours-ci, un peu de beauté, de grâce, de tendresse et d’humanité à l’écran nous feraient tous et toutes le plus grand bien.»

Des lettres précieusement conservées

C’est grâce à la naturaliste Marcelle Gauvreau que les scientifiques et le grand public ont pu avoir accès à l’intimité épistolaire qu’elle a partagée avec le frère Marie-Victorin. Elle avait précieusement conservé, pendant toute sa vie, les lettres reçues. Ainsi que celles qu’elles avaient envoyées, en gardant une copie carbone.

Après son décès, en 1968, les documents de Marcelle Gauvreau sont déposées aux Archives de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Sauf ses lettres personnelles. Qui sont jalousement conservées par la famille pendant des décennies.

C’est grâce à la naturaliste Marcelle Gauvreau que les scientifiques et le grand public ont pu avoir accès à l’intimité épistolaire qu’elle a partagée avec le frère Marie-Victorin. On la voit ici en 1941, à titre de directrice de l’école de l’Éveil.  (crédit : Archives du Jardin botanique de Montréal)

«Les amours secrètes du frère Marie-Victorin»

En 1990, le journaliste Luc Chartrand, du magazine L’Actualité, révèle au grand public l’existence de cette correspondance avec son article «Les amours secrètes du frère Marie-Victorin». Par la suite, les Archives de l’UQAM font l’acquisition de ces lettres auprès de la famille pour la somme de 45 000 $.

Même déposées dans les archives, ces lettres restent inaccessibles. Parce que la famille ne veut pas qu’elles portent atteinte à l’image de Marcelle Gauvreau. Ce qui est cautionné par la Loi sur le droit d’auteur. Qui protège les droits d’un auteur ou d’une autrice pendant toute sa vie, ainsi qu’une période de 70 ans suivant son décès [c’était 50 ans avant le 30 décembre 2022]. Par la suite, l’œuvre entre dans le domaine public et peut être utilisée sans autorisation.

«Je voulais voir les lettres»

Yves Gingras est historien, sociologue des sciences et professeur à l’UQAM depuis 1986. Tout au long de sa carrière, il s’est intéressé de près à la vie et à l’œuvre du frère Marie-Victorin. Une figure de proue de l’évolution des sciences au Québec au 20e siècle.

La lecture de l’article de L’Actualité lui met la puce à l’oreille. «Je n’avais vu que les extraits des lettres dans l’article de Luc Chartrand. L’accès aux archives était fermé. Mais je voulais voir s’il y avait des aspects non sexuels qui pouvaient être importants pour l’histoire des sciences. J’ai donc signé une entente de non divulgation et obtenu de la directrice une permission spéciale», explique-t-il.

«[Cette correspondance] est unique et extraordinaire. Elle nous éclaire sur la vie sexuelle au Québec dans les années 1930. C’est une source absolument essentielle», soutient Yves Gingras, historien, sociologue des sciences et professeur à l’UQAM.  (crédit : Émilie Tournevache – UQAM ©)

«J’ai voulu faire une édition savante et rigoureuse»

Plusieurs années plus tard, vers 2015, Yves Gingras a cette fois la possibilité de dévoiler une partie de l’histoire au grand public. Compte tenu que la Loi le lui permettait pour les lettres écrites par Marie-Victorin. Il s’attelle alors à la tâche. «J’ai voulu faire une édition savante, de façon rigoureuse. Pas une publication pour les voyeurs», précise-t-il.

Le livre «Lettres biologiques, recherches sur la sexualité humaine» est ainsi publié aux Éditions du Boréal en 2018.

«J’ai choisi comme titre «Lettres biologiques» car c’était un code entre les deux. Le frère Marie-Victorin disait à Marcelle Gauvreau : «Je vous prépare une lettre biologique». Ce qui voulait dire qu’elle recevrait une lettre de plusieurs pages sur la sexualité. Il lui disait aussi parfois : «Je vous prépare une grande lettre».»

En 2018, Yves Gingras publie «Lettres biologiques, recherches sur la sexualité humaine» qui présente des lettres intimes du frère Marie-Victorin.  (crédit : Les Éditions du Boréal)

Et les lettres de Marcelle Gauvreau?

La présentation de ce premier ouvrage met en lumière un grand inconnu de cette correspondance : le point de vue de Marcelle Gauvreau. Sa famille accepte alors de rendre publiques ses lettres. De telle sorte qu’Yves Gingras et son collègue Craig Moyes publient, en 2019, «Lettres au Frère Marie-Victorin, correspondance sur la sexualité humaine».

La famille de Marcelle Gauvreau autorise la publication, en 2019, des lettres qu’elles a écrites au frère Marie-Victorin.  (crédit : Les Éditions du Boréal)

Des lettres qui inspirent un film

Le producteur et réalisateur Roger Frappier (Un zoo la nuit, Jésus de Montréal, La grande séduction, etc.) découvre la teneur de cette correspondance et décide d’en faire un film. Lyne Charlebois écrit le scénario et réalise «Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles», présenté au cinéma en 2023. Et qui sera diffusé bientôt par le Ciné-club de Valcourt.

«Ce film est parfaitement rigoureux»

Yves Gingras était conseiller historique pour le film. De son point de vue, celui-ci correspond bien à la réalité.

«Les gens ne le croiront peut-être pas, mais toutes les phrases que vous entendez proviennent à 90% des écrits du frère Marie-Victorin. De sa correspondance, mais aussi de ses textes de combat et polémiques. C’est pour ça que j’aime beaucoup le film : parce qu’il est parfaitement rigoureux. C’est très bien fait par la réalisatrice.»

Dans la foulée de la sortie du film, les Éditions du Boréal publient un troisième ouvrage, «Lettres sur la sexualité humaine», qui présente, dans un seul volume, des lettres du Frère Marie-Victorin et de Marcelle Gauvreau. Ce qui permet une lecture plus fluide.

Dans la foulée de la diffusion du film, Les Éditions du Boréal publient un ouvrage qui réunit ensemble les lettres du frère Marie-Victorin et de Marcelle Gauvreau.  (crédit : Les Éditions du Boréal)

Un amour «mystique» et «sublimé»

Les lettres montrent l’évolution d’une très grande amitié entre un religieux et une laïque. «Le frère Marie-Victorin écrivait qu’ils étaient tous deux des estropiés de la vie. Ils avaient contracté la tuberculose. Et Marcelle Gauveau avait eu aussi la polio. C’est devenu un «amour sublimé», un «amour mystique». Ce sont des mots qui sont dans leurs lettres.»

Quel intérêt pour la science?

Quel est l’intérêt, pour la science, d’une telle correspondance? «C’est unique et extraordinaire. Elle nous éclaire sur la vie sexuelle au Québec dans les années 1930. Qui est la même ailleurs en Amérique du Nord. Par exemple, sur le niveau d’ignorance vis-à-vis de la sexualité. C’est une source absolument essentielle», expose Yves Gingras.

Le haut niveau de langage contenu dans les lettres est aussi singulier.

«C’est une très belle écriture. Marie-Victorin était un écrivain. On remarque la précision de son langage et le haut niveau de sa capacité de décrire. Il n’y a personne, même aujourd’hui, pour décrire tous les aspects de la sexualité comme il le fait. À l’époque, seuls les médecins pouvaient parler de sexualité. Et les curés en parlaient en chaire, mais ils ne s’y connaissaient pas. Il le dénonce, d’ailleurs.»

Yves Gingras ajoute : «Marie-Victorin était pour le mariage des prêtres et le droit des femmes. C’était quelqu’un de très en avance. Il en était conscient, d’ailleurs.»

Le frère Marie-Victorin à son bureau de travail. (crédit : Archives du Jardin botanique de Montréal)

«La position de l’Église a toujours été la même»

Gaston Michaud, 89 ans, est bien connu pour sa grande contribution à la vie communautaire de Racine, en Estrie. Avant de s’établir dans la région, il a été vicaire d’une paroisse de Montréal pendant 10 ans. Une vie religieuse qu’il a décidé de quitter en 1972.

Ce Racinois a été témoin de la position de l’Église de cette époque.«Avant 1960, la position de l’Église a toujours été la même depuis 1600 ans, c’est-à-dire depuis Saint Augustin : «la procréation excuse le plaisir». On fait l’amour pour avoir des enfants, point. Et empêcher la famille, à l’époque, était un péché mortel. On allait aller chez le diable.»

Selon lui, les mœurs ont évolué par la suite.

«Dès le début de la Révolution tranquille, le rapport entre les hommes et les femmes a changé très rapidement. Même avant d’être rationnelle, l’évolution de ces relations s’est produite dans les faits. Elle était presque convulsive.»

Le Racinois Gaston Michaud, ancien vicaire, avec sa conjointe, Mariette Bombardier.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Marie-Victorin, une «contribution immense» au Québec

Quels legs ces deux personnes ont-elles laissés à la société québécoise?

« La contribution de Marie-Victorin est immense. La fondation du Jardin botanique de Montréal, bien sûr. Mais aussi de l’Institut de géologie à Québec, en 1937. C’est aussi un pilier, en 1923, de l’Acfas [Association canadienne-française pour l’avancement des sciences]. Il a aussi formé toute une génération de scientifiques, comme l’écologiste Pierre Dansereau. La puisssance de Marie-Victorin, c’est d’être un constructeur d’institutions», marque Yves Gingras.

Le frère Marie-Victorin a laissé d’importants legs à la société québécoise.  (crédit photo : UQAM)

«On se réfère encore à Marie-Victorin aujourd’hui»

Joannie Bouthillette est biologiste, éducatrice-naturaliste et chargée de projet en Estrie pour GUEPE. Un organisme à but non lucratif qui offre aux jeunes et à la population des activités en lien avec la nature. Elle convient de la place importante de Marie-Victorin.

«Il est un précurseur des connaissances que nous avons de notre flore laurentienne. Puis, il a formé et inspiré des générations de professionnel.le.s en sciences de la nature. Qui nous ont, à leur tour, formé.e.s et inspiré.e.s. C’est ainsi que, nous aussi, en tant qu’éducateur.rice.s-naturalistes ayant une formation en sciences naturelles, nous pouvons continuer à partager ces connaissances sur la flore québécoise avec des gens de tout âge dans notre quotidien!»

La biologiste Joannie Bouthillette de GUEPE rappelle que Marie-Victorin a formé et inspiré des générations de professionnels en science de la nature.  (crédit : GUEPE)

La biologiste ajoute que son équipe se sert régulièrement de l’œuvre phare de Marie-Victorin, la Flore laurentienne. Publié pour la première fois en 1935 et réédité plusieurs fois depuis. «Encore aujourd’hui, c’est l’un des ouvrages de référence lorsqu’il est question de la biodiversité végétale au Québec. L’on s’y réfère sans faute lorsqu’on doit préparer du contenu sur la flore indigène pour une activité. Ou lorsqu’on doit identifier des plantes qu’on ne connait pas.»

L’un des ouvrages phares du frère Marie-Victorin, Flore laurentienne, est encore utilisé aujourd’hui par les botanistes, naturalistes et amants de la nature.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

«Il a préparé la Révolution tranquille»

Selon Yves Gingras, le frère Marie-Victorin a préparé le terrain pour la Révolution tranquille. Une période de changements importants et rapides qui ont débuté dans les années 1960. Soit plusieurs années après le décès du religieux.

«Le grand ethnobotaniste Jacques Rousseau, bras droit de Marie-Victorin, a dit la chose suivante : «En 1930, on semait et en 1960, on récoltait.» Il disait aussi que Marie-Victorin est le père de l’université moderne au Québec. Et il a parfaitement raison. C’est Marie-Victorin qui pousse pour que l’université devienne un lieu de recherche.»

À ce propos, Marie-Victorin écrit dans un article du Devoir, en 1922 : «Mis à part les facteurs moraux et religieux qui sont à la base de l’ordre social […] un peuple vaut non seulement par son développement économique, industriel et commercial, mais encore et surtout par son élite de penseurs, de chercheurs et de savants, par son apport au capital scientifique de l’humanité.»

Frère Marie-Victorin herborisant.  (crédit : Archives du Jardin botanique de Montréal)

Marcelle Gauvreau, une contribution à l’éducation scientifique

Qu’en est-il de Marcelle Gauvreau? «Sa contribution était essentiellement une contribution à l’éducation scientifique. À travers beaucoup d’articles de vulgarisation pour les enfants. Et la publication de deux livres [Plantes curieuses de mon pays en 1943 et Plante Vagabondes en 1957]. Elle a aussi créé l’école de l’Éveil, en 1935. Une école privée, où les enfants apprenaient les sciences naturelles. Dont elle a été la directrice jusqu’à son décès en 1968», relate Yves Gingras.

Marcelle Gauvreau a aussi publié un mémoire de maîtrise sur les algues marines du Québec en 1939. Qui sera publié par le Jardin botanique en 1956.

«Marcelle Gauvreau était une femme de tête, qui avait un but dans la vie. C’était une des premières à faire son mémoire de maîtrise en science à l’Université de Montréal. Elle a aussi obtenu une maîtrise en bibliothéconomie à l’Université McGill. Marcelle Gauvreau a été en charge de la bibliothèque du Jardin botanique», signale Yves Gingras.

La biologiste Joannie Bouthillette dit qu’elle ne connaissait pas bien l’œuvre de Marcelle Gauvreau avant d’être interpellée par Le Val-Ouest. « C’est toute une découverte! Il est impressionnant et inspirant de savoir qu’une femme de cette époque fut pionnière dans le domaine de l’éducation aux sciences naturelles. En m’informant sur ses réalisations, je constate évidemment plusieurs liens avec GUEPE! Tout comme elle, en partageant nos connaissances, nous œuvrons à inspirer l’amour de la nature chez les gens que nous rencontrons lors de nos activités en éducation relative à l’environnement. La mission qu’a entrepris Marcelle Gauvreau, et que GUEPE continue à mener, soit celle de rapprocher les gens de la nature, était déjà pertinente à son époque et le sera toujours. Toutefois, force est d’admettre qu’elle gagne en importance avec l’état actuel de la planète.»

Marcelle Gauvreau, alors qu’elle était directrice de l’École de l’Éveil.  (crédit : Archives du Jardin botanique de Montréal)

«Pourquoi on n’en parle pas davantage?»

Geneviève Marcel et Kathleen Wilson proposent elles aussi des activités en nature à Racine, en Estrie, avec leur entreprise Sous l’écorce. Ces deux femmes s’étonnent de ne pas avoir entendu parler davantage de Marcelle Gauvreau lors de leurs études au programme d’Écoéducation par la nature offert par le Cégep de Rivière-du-Loup.

«Comment se fait-il qu’on n’en parle pas davantage dans les écoles et les formations? On passe beaucoup de temps à regarder ce qui se fait en Scandinavie. Sans même savoir que, sur notre territoire, il y a certaines femmes pionnières dans le domaine», s’étonnent-elles.

Geneviève Marcel et Kathleen Wilson de Sous l’écorce, en Estrie, s’étonnent que les écoles de formation en éducation par la nature ne parlent pas davantage de femmes québécoises pionnières dans le domaine, comme Marcelle Gauvreau.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

«Elle doit sa carrière à Marie-Victorin»

L’historien des sciences tient toutefois à recadrer l’apport réel de Marcelle Gauvreau. «Elle a fait davantage, comme elle le dit elle-même, que beaucoup d’autres. Mais il ne faut pas en faire une grande scientifique. Ça aurait pu arriver, mais ce n’est pas le cas. On voit dans les lettres qu’elle est assez lucide pour voir que sa carrière, elle la doit à Marie-Victorin. C’est assez logique, parce que c’était dans les années 1930. Marie-Victorin lui dit : dans le monde tel qu’il est, il n’y a pas de poste universitaire pour les femmes. Mais ce n’est pas grave, on va organiser quelque chose et vous aurez plein d’enfants avec l’école de l’Éveil.»

Le frère Marie-Victorin (au centre) et Marcelle Gauvreau (debout, à droite).  (crédit : Archives du Jardin botanique de Montréal)

Le titre du film, la devise de l’école de l’Éveil

Le titre du film est inspiré de la devise de l’école de l’Éveil. Mentionnée pour la première fois par Marie-Victorin lors de son allocution lors de l’inauguration de cette école le 15 novembre 1935 :

«La directrice de l’Éveil [Marcelle Gauvreau] m’a demandé une devise pour sa petite légion. Je lui ai donné ce mot d’enfant, cueilli dans un ouvrage récent : Je voudrais que l’on m’apprenne pourquoi ces choses sont si belles!»

La revue mensuelle « L’Oiseau bleu » de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, mars 1936. On y rapporte le discours de Marie-Victorin où il mentionne la première fois la devise de l’école de l’Éveil qui a inspiré le titre du film.  (crédit : BANQ)

 

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