Le gel de certains investissements prévus au Plan québécois des infrastructures a des conséquences pour la municipalité de Racine. Le ministère de l’Éducation met sur la glace le projet de construction d’un gymnase pour l’école primaire Notre-Dame-de-Montjoie.
«Suspendre un projet pour lequel toute une communauté s’est préparée pendant plus de deux ans, c’est inacceptable», a publiquement fait savoir le maire de Racine, Mario Côté.
Le projet, évalué à 3,8 M$ lors de son annonce en 2022, vise l’ajout d’un bâtiment de 216 mètres carrés qui abritera le futur gymnase. On prévoit aussi des rénovations de cette école primaire construite aux débuts des années 1950 et qui accueille présentement 89 élèves.
La municipalité de Racine a d’ailleurs gracieusement offert une parcelle de terrain pour l’aménagement de ce nouvel espace scolaire.

Une école sans gymnase
La communauté racinoise juge cette construction essentielle. En effet, les enfants qui fréquentent l’école primaire Notre-Dame-de-Montjoie n’ont jamais eu accès à un gymnase. L’établissement scolaire offrait ses cours d’éducation physique dans une salle du centre communautaire de Racine, situé juste à côté de l’école. Et ce, avec le soutien de la municipalité, propriétaire de la bâtisse.

«Les élèves seront brimés»
Racine a inauguré, en décembre dernier, son centre communautaire entièrement rénové. La municipalité n’avait pas prévu que l’école continuerait d’utiliser encore longtemps le bâtiment pour y tenir ses activités sportives.
«Les élèves ont toujours pu utiliser le centre communautaire et nous sommes prêts à continuer de leur donner accès. Mais étant donné qu’il y avait eu l’annonce, en 2022, d’un gymnase pour l’école, nous n’avons pas tenu compte de ces paramètres dans la rénovation du centre. Nous devons donc limiter certaines activités, comme celles où on utilise des ballons. Parce que les murs et les plafonds pourraient être abimés. Qui sera brimé dans tout ça? Ce sont les élèves», déplore Mario Côté.

Le maire ajoute :
«C’est incompréhensible de se dire que notre centre communautaire, qui vient d’être remis à neuf pour 2 M$ grâce à des subventions des deux paliers de gouvernement, soit utilisé comme gymnase à long terme. Cela met en danger la pérennité du bâtiment. Il est inacceptable que l’argent des contribuables serve à rénover un espace, pour être ensuite mis en péril par une décision du Centre de services scolaire et du gouvernement provincial.»

Les élus déçus et inquiets
La durée indéterminée de la suspension de la construction déçoit et inquiète les élus. Lors de la séance du conseil municipal du 3 février dernier, les élus de Racine ont adopté une résolution demandant formellement au ministère de l’Éducation et au Centre de services scolaires des Sommets la reprise des travaux «dans les plus brefs délais».

«Pas une critique envers le député»
En entrevue avec Le Val-Ouest, le maire de Racine a tenu à préciser de cette sortie publique ne vise pas le député provincial André Bachand. «Ce n’est pas une critique envers lui. Nous savons que ce n’est pas lui qui contrôle tout ça.»
Situation financière serrée
De son côté, le député de Richmond, André Bachand, pointe le contexte budgétaire. «Financièrement, le gouvernement est serré. Vraiment serré. Ce qui fait en sorte que nous devons faire des mises sur pause», expose-t-il.
«On le voit un peu partout, les projets coûtent de plus en plus cher. Pour le projet de Racine, on avait fait une prévision budgétaire [3,8 M$]. Depuis, il y a eu une augmentation des honoraires professionnels, des matériaux, etc. Ce qui fait en sorte qu’on doit réajuster nos prévisions», indique-t-il.

D’autres écoles aussi impactées
Le député rappelle que cette situation a des impacts ailleurs dans le Val-Saint-François. L’agrandissement de l’école primaire Jardins-des-Lacs à Saint-Denis-de-Brompton, attendu depuis sept ans, est lui aussi sur pause. Le dossier de l’école primaire Saint-Gabriel, à Windsor, a subi le même sort.
Par contre, les projet de l’école primaire Notre-Dame-de-l’Assomption, à Saint-Georges-de-Windsor, et de l’école primaire l’Arc-en-ciel, à Saint-François-Xavier-de-Brompton, vont se poursuivre. «Nous avons décidé de conserver les dossiers qui étaient davantage avancés. La construction prévue pourra donc débuter cet été pour cette école. Des sommes d’argent sont réservées pour ça», révèle André Bachand.
Le député explique que ce gel a été pour lui aussi une surprise. Alors qu’il avait fait, l’automne dernier, l’annonce d’un investissement pour le nouveau gymnase de l’école Saint-Gabriel en compagnie d’Isabelle Charest, ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air.

Déblocage possible lors du budget provincial
Bien qu’il ne puisse rien promettre, André Bachand se permet de laisser la porte entrouverte. «Le premier ministre a été assez clair là-dessus. Avec l’incertitude que nous vivons avec nos amis américains, il y a des investissements qui risquent d’être retardés au Québec. Ce qui pourrait nuire à la croissance. Peut-être le gouvernement décidera-t-il alors de redémarrer certains projets, qui sont mis sur pause, pour s’assurer que notre croissance économique se maintienne à un bon niveau. Est-ce que ça va se faire? Pour le savoir, il va falloir attendre le budget du mois de mars.»
Selon lui, si jamais le budget provincial offre des marges de manoeuvre, les projets à Racine et à Saint-Denis-de-Brompton pourraient possiblement se poursuivre.
«Il y a de fortes chances qu’une école sans gymnase pour les enfants risque d’être prioritaire. Le projet de Racine est déjà sélectionné dans la planification du centre de services scolaire et du ministère de l’Éducation. Il y a aussi déjà eu un travail de planification financière avec des estimations de coûts. Il n’y aurait donc pas à le prioriser de nouveau si des fonds étaient à nouveau disponibles», soutient-il.
Il se dit aussi confiant pour le dossier de Saint-Denis-de-Brompton.
«Il pourrait être dans les priorités. On ne peut pas en être sûr, parce qu’il y aussi la question de l’école secondaire Mitchell-Montcalm [à Sherbrooke] et d’autres. Mais à Saint-Denis, on n’a pas le choix. Des classes modulaires, ça a une date de fin. On ne peut pas les utiliser pendant 25 ans. Et la croissance démographique de Saint-Denis-de-Brompton justifie rapidement l’agrandissement de l’école.»
À noter qu’il n’a pas été possible pour Le Val-Ouest d’obtenir le point de vue du Centre de services scolaire des Sommets dans ce dossier, compte tenu des délais impartis.
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