La création d’une seule chambre de commerce pour le territoire du Val-Saint-François devra attendre. Bien que les chambres de commerce de Windsor et de Valcourt appuient l’idée, les gens d’affaires de Richmond se questionnent sur cette approche. Les présidents et la présidente des trois chambres confirment néanmoins que le projet n’est pas mort.
«Nous avons à Richmond des commerçants et des industriels qui sont attachés à leur chambre de commerce», fait savoir Sylvain Cadorette, président de la Chambre de commerce et d’industrie de la région de Richmond. Réunis en assemblée spéciale le mercredi 15 janvier dernier, les 30 membres présents ont fait connaître leur inconfort vis-à-vis du projet de regroupement.
Une levée de boucliers inattendue
Sylvain Cadorette confie qu’il ne s’attendait pas à cette levée de boucliers.
«Nous avons défendu cette idée de fusion. En présentant les points forts et les points faibles. Et en réalité, il n’y avait pas beaucoup de points faibles. On avait des arguments assez pesants. Ce qui fait que ça a été une surprise lorsque les membres ont exprimé leur désaccord à main levée.»
Fondée en 1894, la Chambre de commerce de Richmond serait parmi les plus vieilles du Québec. «Certains membres ont peur de perdre cette identité-là», signale le président.

Crainte d’installer les bureaux à Windsor
Sylvain Cadorette pointe qu’une autre des craintes est liée au fait que Windsor pourrait être choisie pour y installer les bureaux de la future chambre de commerce unifiée.
Karine Serra, présidente de la Chambre de commerce régionale de Windsor, confirme que cette option avait été discutée entre les trois chambres. Parce que Développement Val-Saint-François, qui relève de la MRC, leur offrait la possibilité d’occuper gratuitement un local vacant dans ses bureaux de Windsor.
La présidente se dit tout à fait à l’aise à ce que le lieu d’affaires soit situé à Richmond, si cela convient davantage aux entrepreneurs de cette région.
Même son de cloche du côté du président de la Chambre de commerce et d’industrie de la région de Valcourt, Roch Bourassa. «Que le bureau chef soit à Richmond, Windsor ou Valcourt nous importe peu», exprime-t-il.
Sylvain Cadorette confirme que cette possibilité permettrait peut-être au projet d’avoir davantage de chances de recevoir l’aval du milieu des affaires. La Ville de Richmond s’est d’ailleurs montrée ouverte à offrir gracieusement des locaux. Dans le même bâtiment où est logé le Bureau d’accueil touristique du Pays de l’ardoise, sur la rue Principale Nord.

La pérennité des trois chambres en jeu
Le président de la Chambre de Richmond reste convaincu qu’un regroupement est à l’avantage de tout le monde.
«Nous nous sommes embarqués dans ce projet parce que c’est une bonne idée. L’objectif d’une chambre de commerce, c’est de faire évoluer les entreprises qui en font partie. Comme par exemple les aider à agrandir leur réseau de contacts. Ce qui serait le cas si on élargissait le territoire au-delà de la région de Richmond. Il y aurait plus de monde, plus de diversité et plus de choix», pointe-t-il.
Ce projet n’est pas nouveau. Roch Bourassa l’avait déjà présenté à ses vis-à-vis il y a une dizaine d’années. Mais les deux autres chambres, à l’époque, ne se sentaient pas prêtes à aller de l’avant.
«C’est une question de survie», avance-t-il. «Nous manquons de membres, d’argent et d’initiatives.»
De fait, la Chambre de commerce de Valcourt a cessé ses activités pendant la pandémie. Bien qu’elle soit en mode relance, elle ne compte seulement que cinq membres. «Notre idée, c’était d’attendre le regroupement avant d’aller chercher de nouveaux membres. Les gens de Valcourt espèrent cette unification des trois chambres», rapporte-t-il.

Karine Serra est d’accord. «Je crois que la pérennité des trois chambres de commerce est en jeu. Si nous voulons continuer, ça prend du changement. Dans les petites régions, les gens se connaissent tous et il y a manque d’intérêt de certains commerçants à devenir membres.»
Elle croit que la création d’une chambre unifiée stimulerait l’adhésion.
« En participant à des activités régionales, les entreprises pourraient en rencontrer d’autres qui ne sont pas dans leur localité. Ce qui leur permettrait, par exemple, de trouver un fournisseur local ou encore de faire des maillages et des partenariats d’affaires.
Meilleur pouvoir de gouvernance
Karine Serra avance aussi qu’une seule chambre de commerce offrirait davantage de poids politique et économique. «Une seule chambre de commerce nous donnerait un pouvoir de gouvernance et de représentation différent auprès du gouvernement et de nos municipalités. Ça permettrait de soutenir les entreprises qui veulent mettre de l’avant un projet.»

Fonds pour embaucher une permanence
Les trois présidents expliquent aussi qu’un tel regroupement permettrait d’obtenir des fonds de la MRC pour l’embauche d’une personne qui assurerait la permanence. Ce qui faciliterait la gestion, les liens avec les entreprises et l’organisation d’activités. Actuellement, les trois chambres fonctionnent grâce au bénévolat.
Possibilité de conserver les identités régionales
Karine Serra soutient que les trois chambres ont à cœur que cette démarche permette à chacune de conserver son identité. «Nous avons d’ailleurs déjà déterminé que le futur conseil d’administration serait composé, à parts égales, de membres de chaque région. Pour que chacune ait un droit de vote.»
Elle explique aussi que l’organisation d’activités se ferait à tour de rôle dans les trois pôles du Val-Saint-François. «C’est vraiment une façon de bien le faire et de ne rien perdre», résume-t-elle.
Des regroupements ailleurs en Estrie
Lors de leurs séances de travail, les représentants des trois chambres ont pu se familiariser avec d’autres projets de regroupement, ailleurs en Estrie. Dont ceux de Val-des-Sources et du Haut-Saint-François. Qui ont connu, eux aussi, leurs lots de défis. «Nous avons rencontrés des gens d’affaires de la région de Val-des-Sources qui nous ont vanté les bienfait de leur fusion», rapporte Karine Serra.
«Dans notre tête, ce n’est pas mort»
«Même si nous sommes trois présidents convaincus que c’est la bonne chose à faire, il faudra être patients. Dans notre tête, ce n’est pas mort. Nous ferons en sorte que nos membres soient capables de voir les points positifs du regroupement. Et qu’ils veuillent aller dans la même direction que nous. Le chemin n’est pas toujours facile, mais on va s’y rendre», croit fermement Karine Serra.
Sylvain Cadorette abonde dans le même sens. Il souhaite se retrousser les manches et revenir vers ses membres avec une nouvelle proposition. «Peu importe ce qui va se passer pour la suite, qu’il y ait ou non une fusion, je vais continuer à me donner à 100 % dans mon travail», confie-t-il.
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