photo : Sébastien Michon - Le Val-Ouest
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La Chambre de commerce et d’industrie de la région de Valcourt a rendu hommage au parcours entrepreneurial de Lise Déziel, PDG de Cordé Électrique. Dans le cadre d’un événement organisé le 24 octobre dernier qui a réuni une cinquantaine de personnes à la salle communautaire de Maricourt.

Honorer et relancer

Le président de la Chambre, Roch Bourassa, explique que la soirée visait d’une part à honorer Lise Déziel. Qui s’est vu décerner, en juin dernier, le titre de Grande Estrienne dans le cadre du Gala Reconnaissance Estrie 2024.

Et, d’autre part, à organiser une activité de relance pour la chambre de commerce. Après les difficultés qu’a vécues l’organisation ces dernières années. «La pandémie nous a dépassé pas mal et nous a fait mourir. Là, nous voulons revivre et remettre la chambre sur les rails», déclare-t-il.

«La pandémie nous a dépassé pas mal et nous a fait mourir. Là, nous voulons revivre et remettre la chambre sur les rails», déclare Roch Bourassa, président de la Chambre de commerce et d’industrie de la région de Valcourt.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

«Réussite, excellence et créativité»

Le prix remis par la Chambre à Lise Déziel a été conçu par l’artiste valcourtoise Diane Ferland. «Cet objet, à l’image de la personne que nous honorons, incarne la force, la résilience et la beauté. Chacun de ses éclats capte la lumière de l’excellence. C’est avec un immense honneur que je remets ce trophée, symbole de réussite, d’excellence et de créativité, à Mme Lise Déziel», a exprimé avec émotion Rubie Marois, ex-présidente de la Chambre.

«C’est avec un immense honneur que je remets ce trophée, symbole de réussite, d’excellence et de créativité, à Mme Lise Déziel», a exprimé avec émotion Rubie Marois, ex-présidente de la Chambre.  (photo : Sébastien Michon- Le Val-Ouest)

Qui est Lise Déziel?

À la tête de Cordé Électrique depuis sa fondation en 2010, Lise Déziel est bien connue du milieu des affaires estrien.

Tout a commencé pour elle dans les années 1990. Après avoir suivi une formation en assurance-qualité, une entreprise de Grand-Mère, en Mauricie, lui offre un emploi. «J’ai rencontré le monde du filage électrique et ç’a été le coup de foudre. » Un coup de foudre double, puisqu’elle y fait aussi la rencontre de celui qui deviendra par la suite son conjoint, l’ingénieur Stéphane Cormier.

Lise Déziel et Stéphane Cormier déménagent ensuite dans la région de Valcourt pour travailler à la défunte usine Noma.

«Je pars une shop de fils!»

Quelques années plus tard, Lise Déziel décide, sur un coup de tête, de démarrer sa propre entreprise.

«Je me suis levé un matin et j’ai dit à Stéphane : ‘’j’aime ça faire du fil et je pars une shop de fils!‘’ Mon conjoint est un ingénieur qui parle avec sa tête. Alors que je suis une impulsive qui parle avec son cœur. Il n’était pas chaud à l’idée parce que c’était au moment où il réglait la séparation de son actionnariat avec ses partenaires d’affaires. Pour lui, j’étais celle qui avait un emploi et un revenu stable. J’ai quand même décidé d’appeler mon employeur et j’ai donné ma démission. »

Lise Déziel va alors demander conseil à son père. «Il m’a dit : ‘’ça fait longtemps que tu aurais dû faire ça, ma petite fille.‘’ Ça n’en prenait pas plus pour que mes ailes se déploient. J’étais partie!»

Quelques heures plus tard, son conjoint revient la voir. «Il me demande ce que je fais. Je lui ai répondu que je rédigeais un plan d’affaires. Il a pris une grande inspiration, s’est assis et m’a dit : ‘’Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider? ‘’ Et c’est la seule discussion qu’on a eue.» C’est ainsi qu’en 2010, Cordé Électrique voit le jour à Maricourt.

Lise Déziel a, en toute simplicité, adressé la parole aux convives réunis pour lui rendre hommage.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Objectifs réalisés en seulement 10 mois

Rapidement, Lise Déziel dépasse les objectifs qu’elle s’était fixés pour son entreprise. «Je voulais avoir dix employés et me créer un emploi. Ce qui s’est réalisé après seulement dix mois. Finalement, ce n’était pas un objectif à très long terme», admet-elle.

«Suis-je la bonne personne pour développer l’entreprise?»

Elle affirme qu’elle s’est véritablement considérée comme une «femme d’affaires» après trois ans à diriger l’entreprise. C’est à ce moment qu’elle décide de se remettre en question.

«J’ai appelé une firme en gestion des ressources humaines. Je leur ai dit que je voulais embaucher un directeur général et que j’avais besoin qu’ils conçoivent une entrevue et des tests psychométriques. J’ai fini par leur dire que ces tests étaient pour moi. Je voulais savoir si j’étais la bonne personne pour développer l’entreprise et l’amener plus loin.»

Direction : École d’Entrepreneurship de Beauce

Les tests démontrent que l’entrepreneure a bel et bien le profil requis pour continuer à diriger l’entreprise. «À partir de ce jour-là, beaucoup de choses ont changé. J’avais aussi des défis à relever. J’ai suivi toutes sortes de formations et je me suis inscrite à l’École d’Entrepreneurship de Beauce. Ç’a été une grande étape dans ma carrière», confie-t-elle.

Cette école a mis un point une méthode d’enseignement novatrice. Les formations offertes sont basées sur le transfert d’expérience d’un entrepreneur à un autre.

Pendant deux ans, toutes les huit semaines, Lise Déziel se rend ainsi en Beauce suivre ses cours. «Ça a été un grand cheminement. À la fois personnel et pour l’entreprise. Et aujourd’hui, je suis bien fière de dire que je suis maintenant, à mon tour, une entrepreneure-entraînereure à l’École d’Entrepreneurship. C’est une façon de remettre ce que j’ai reçu.»

Lise Déziel est désormais entrepreneure-entraîneure à École d’Entrepreneurship de Beauce. Elle y offrira d’ailleurs une formation au début novembre 2024.  (crédit photo : École d’Entrepreneurship de Beauce)

Comprendre de ses erreurs

De quelle erreur cette entrepreneure a-t-elle tiré ses plus grands enseignements? «Nous avions un gros client, dont le siège social est en Europe. Ils nous ont donné du travail avec des exigences énormes. Mais moi, je suis volontaire; j’ai donc dit oui. Je ne me suis pas méfiée du fait que quand tu fais affaires avec une grande entreprise comme celle-là, tu ne fais pas affaires avec des gens mais avec l’organisation elle-même. Finalement, nous n’avons pas été capables d’assurer les livraisons comme ils le voulaient. Et les contrats signés ne nous protégeaient pas du tout. Nous avons failli fermer à cause de ce contrat-là. Depuis, il n’y a pas un contrat que je vais signer sans un avocat.»

«Très touchant d’être reconnue»

Comment la PDG a-t-elle appris sa nomination pour le prestigieux prix Grande Estrienne?

«J’étais en réunion et mon adjointe m’a dit de prendre l’appel. Je ne prends jamais mes appels. Mais elle a insisté. La personne au bout du fil me dit tout son pedigree. Je reste polie. Puis il m’annonce : il y a 10 minutes, vous avez été nommée à l’unanimité Grande Estrienne 2024. Là, c’est comme une douche froide qui tombe sur moi. C’est vraiment très touchant d’être reconnue pour mon cheminement. Après avoir passé 15 ans de ma vie à faire ça.»

Lise Déziel lors de sa nomination à Sherbrooke, en juin dernier, comme Grande Estrienne 2024.  (crédit photo : Chambre de commerce et d’industrie de la région de Sherbrooke)

Prix et implications sociales

Le prix Grande Estrienne 2024 n’est pas le seul honneur remporté par Lise Déziel. Son entreprise et elle se sont vus décerner plusieurs prix au fil des ans. Parmi ceux-ci : Prix Mercure (Les Mercuriades), PME Innovante (Grands Prix en santé et sécurité du travail), Women’s Business Enterprise (We Connect International), Prix Femmes d’affaires du Québec, etc.

L’entrepreneure a aussi à cœur de s’investir dans d’autres causes, comme celui de la persévérance scolaire. C’est pourquoi elle a mis sur pied les « Prix persévérance scolaire » de l’école secondaire de l’Odyssée à Valcourt. Qui comprend des bourses remises aux élèves afin de souligner leurs efforts.

De même, elle dit avoir à coeur l’intégration des travailleuses et travailleurs immigrants au sein de son entreprise.

Que fabrique Cordé Électrique?

Bien que Cordé Électrique fasse partie du paysage du Val-Saint-François depuis maintenant 14 ans, le public comprend encore mal ce que l’entreprise fabrique.

«Nous faisons des harnais électriques, qu’on appelle aussi des «couettes de fils». Par exemple si vous ouvrez le capot de votre véhicule, il y a une «pieuvre» noire avec plein de connecteurs et de fils électriques. C’est un exemple de ce que nous fabriquons», explique Stéphane Cormier, directeur de l’ingénierie et conjoint de Lise Déziel.

Une grande partie des produits fabriqués par Cordé sont destinés aux camions utilitaires, comme par exemple des ambulances.

L’entreprise compte 120 employés, répartis à Maricourt et à Sherbrooke.

D’où vient le nom de l’entreprise?

D’où vient le nom de l’entreprise? Tout simplement de la fusion d’une partie des noms de famille des deux conjoints : «Cormier» et «Déziel». «J’aurais bien voulu que ça s’appelle «Décor», mais ce n’était peut-être pas le bon nom!», glisse en riant Lise Déziel.

À ne pas confondre avec ses homonymes «La Cordée», un magasin de plein air à Montréal, et la ressource alternative en santé mentale «La Cordée» à Sherbrooke.

Remise du prix Hommage par la Chambre de commerce et d’industrie de la région de Valcourt.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

La «plus grande étape d’investissement»

Cordé vit actuellement, selon Lize Déziel, sa «plus grande étape d’investissement». «Nous doublons notre superficie de production à Maricourt et changeons complètement notre mode de fabrication. C’est l’accomplissement de trois ans de travail que nous sommes en train de vivre. Cet agrandissement-là devrait nous permettre d’augmenter notre capacité et nos délais de livraison.»

Première pelletée de terre, à l’été 2024, en vue de l’agrandissement des installations de Cordé Électrique à Maricourt.  (photo : gracieuseté)

«Ce qui motive mes journées de travail»

Et l’avenir? Lise Déziel dit commencer à préparer la relève. Ses deux fils, Olivier et Alexandre, devraient un jour reprendre les rênes de l’entreprise.

« Préparer et former les garçons à pouvoir prendre la relève d’ici quelques années, c’est ce qui motive mes journées de travail présentement.»

 

POUR EN SAVOIR PLUS :

1. Portrait de Lise Déziel réalisé par la Télévision communautaire TVME

2. Reportage sur la soirée Hommage réalisé par la télévision communautaire TVME

 

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